Thomas Guénolé est éditorialiste et essayiste ; diplômé de Sciences Po, il enseigne la géopolitique à l’Université Paris-Est Créteil et la démographie à l’Université Panthéon-Assas. Il a publié plusieurs articles sur la question du système médiatique français, dont il dénonce le manque d’indépendance et de pluralisme. Il intègre la question médiatique à la question plus large du système économique dominant, auquel il a consacré un livre sorti en 2016, la mondialisation malheureuse.
LVSL : Il y a quelques temps, Florian Philippot annonçait son départ du Front National. Cet événement marque-t-il, selon vous, la fin du tournant “social” du Front National entamé en 2008, et le retour pour ce parti à une stratégie d’extrême-droite plus classique ?
Il y avait ces dernières années au Front national une rivalité entre deux lignes de stratégie électorale et de message politique. La ligne Philippot consistait à vouloir récupérer les électeurs du “Non de gauche” à l’Europe néolibérale. Ces derniers étant totalement opposés au racisme, à la xénophobie et plus largement au lepénisme, cela impliquait de tenir avant tout un discours protectionniste et ouvriériste, de délepéniser au maximum le message – par exemple en renonçant aux positions anti-IVG -, et de faire