3 militantes kurdes assassinées à Paris le 9 janvier 2013

©Figen Yuksekdag co-présidente du HDP (parti pro-kurde) intervient lors de la manifestation du 9 janvier 2016, place de la Bastille. Crédit photo Delal Azadî.

Le 9 janvier 2013 restera gravé à tout jamais dans l’histoire du peuple Kurde en Europe et au Kurdistan. Ce jour-là, les militantes kurdes Sakine Cansiz (Sara), Fidan Dogan (Rojbîn) et Leyla Saylemez (Ronahî) étaient froidement assassinées d’une balle dans la tête dans les locaux du Centre d’Information du Kurdistan, situés au 147 rue La Fayette, à Paris.

De nombreux éléments de l’enquête, notamment un enregistrement sonore et un document écrit, publiés sur internet un an après le crime, font apparaître que le meurtrier présumé, Ömer Güney, avait agi pour le compte des services secrets turcs (MIT – Milli İstihbarat Teşkilatı), comme le confirme le réquisitoire pris par le parquet dans cette affaire : « de nombreux éléments de la procédure permettent de suspecter l’implication du MIT  dans l’instigation et la préparation des assassinats. »

Retour sur enquête

En France, l’ancien premier ministre Manuel Valls avait déclaré le lendemain des assassinats vouloir faire “toute la lumière” sur cette affaire. Pourtant la position du gouvernement a été depuis le début de jouer le statu quo en refusant de lever le secret-défense sur les renseignements qui concernaient l’affaire. Les années passent et la communauté kurde n’oublie pas. Ce dossier se clôt d’autant plus facilement que l’assassin présumé, Ömer Güney, est mort le 17 décembre 2016 dernier.

En Turquie, une enquête a été ouverte au lendemain du crime mais ses résultats ont été gardés secrets par les autorités turques qui, malgré une commission rogatoire internationale de la justice française, n’ont donné aucune information.

Côté français, le gouvernement a refusé de lever le secret-défense sur les renseignements qui auraient pu permettre l’avancement de l’enquête judiciaire. Les juges chargés de l’instruction ont finalement clos leur dossier sans avoir pu remonter jusqu’aux commanditaires qui sont pourtant connus. Malgré l’engagement politique des victimes et la gravité du crime, les autorités françaises n’ont jamais pris la peine de recevoir les familles des victimes, et encore moins les représentants des associations kurdes dont les nombreuses requêtes sont restées sans réponse.

Cette affaire à dimension européenne jette un pavé dans la mare des relations internationales mêlant France-Allemagne-Belgique-Turquie et certainement d’autres pays dont on ne peut pas soupçonner la culpabilité à l’heure actuelle.

A un mois du procès de l’assassin qui devait se tenir à Paris, à partir du 23 janvier 2017, l’auteur des assassinats décède. Ce qui suscite beaucoup d’interrogations et de colère au sein des familles des victimes, de l’ensemble du peuple kurde et de leurs amis qui réclament depuis quatre ans la vérité et la justice. Alors que l’instruction avait été bouclée en mai 2015, et alors que l’on avait connaissance des graves problèmes de santé d’Ömer Güney dès son arrestation, pourquoi le procès a t’il été repoussé maintes fois ?

Ce décès nous prive d’un procès public qui aurait permis de juger non seulement l’exécutant, mais aussi, et surtout, l’hypothétique commanditaire ; l’État turc qui, non content de réprimer effroyablement les dirigeants et les militants politiques kurdes à l’intérieur de son territoire, continue à les menacer partout en Europe. L’arrestation arbitraire il y a quelques semaines du journaliste franco-kurde Mazime Azadî témoigne même d’une répression transnationale.

La France a manqué une occasion cruciale de juger enfin un crime politique commis sur son territoire.

Sources :


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