De la COP1 à la COP24 : une histoire d’avancées et de renoncements

Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, lors de la COP24 de Katowice (2018), photo © Vincent Plagniol pour Le Vent se Lève

Katowice  accueille  la  24ème édition de la Conference Of the Parties, ou COP24. Historiquement, certaines COP ont plus particulièrement marqué les esprits, comme la COP3 qui a vu naître le protocole de Kyoto en 1997, ou plus récemment la COP21 avec la mise en place de l’accord de Paris sur le climat. Mais alors, qu’en est-il des autres COP, comment sont nées ces conférences annuelles internationales et que peut on retenir de ces évolutions?


Des premières inquiétudes environnementales à la naissance de la COP

Les premières inquiétudes collectives en matière d’environnement se cristallisent en 1972, avec l’organisation par l’ONU du premier Sommet de la Terre à Stockholm. Alors que partout ailleurs en Europe, les thématiques écologiques n’en sont qu’à leur balbutiement, la Suède s’est déjà largement investie dans la voie du développement durable. Les discussions s’engagent sans réelle action concrète.

Ce n’est qu’au troisième Sommet de la Terre à Rio en 1992 que les consciences s’éveillent. 182 États sont présents pour débatte de l’avenir de la planète, c’est un record. La déclaration de Rio de Janeiro sur l’environnement et le développement, qui souligne entre autre la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre, est signée. Les pays présents s’accordent sur une définition officielle du développement durable et sur la mise en place de nouveaux accords multilatéraux. À travers la signature de la convention, les États s’engagent à se rassembler chaque année en compagnie d’acteurs non gouvernementaux (citoyens, ONG, entreprises…) pour poursuivre les débats et engager collectivement de nouvelles politiques communes en matière de développement durable. Ainsi naît la COP.

Trois ans plus tard, en 1995, la première COP voit le jour à Berlin. Des objectifs chiffrés en matière d’émissions de gaz à effet de serre sont assignés à chaque pays, sans véritable cadre contraignant. Parallèlement, le GIEC (Groupe d’Expert Intergouvernementale sur l’Evolution du Climat) publie son deuxième rapport d’évaluation et souligne que  « des preuves suggèrent une influence détectable de l’activité humaine sur le climat planétaire ». Ce rapport se retrouve par la suite au cœur des négociations, et amorce la mise en place du protocole de Kyoto.

Le protocole de Kyoto, un premier grand pas, une réussite à demi-teinte

Ce n’est qu’en 1997 à Kyoto que la COP connaît un tournant. Pour la première fois, un protocole contraignant encadre les émissions de CO2 et s’appuie sur des données chiffrées. Les pays signataires s’engagent à réduire d’au moins 5,2% les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle planétaire d’ici à 2020, avec la naissance de « permis d’émissions » qui donne lieu à un véritable marché. Le principe de « responsabilités communes mais différenciées » opère une différenciation entre les pays en voie de développement et les pays industrialisés de façon à en adapter les objectifs. Le protocole de Kyoto n’entre en vigueur qu’en 2002, suite à la 55ème signature et l’assurance que l’ensemble des pays représentent au moins 55% des émissions de gaz à effet de serre. Il est officiellement ratifié en 2005, lors de la COP11 de Montréal. Opposés à la présence d’un cadre contraignant, les États-Unis, alors émetteurs de 20% des émissions, refusent l’accord et proposent une alternative baptisée “Asia-Pacific Partnership for Clean development and Climate” regroupant l’Australie, la Chine, l’Inde et la Corée du Sud, qui vise à mettre en place des politiques de réduction des émissions sans contraintes juridiques.

Entre 1998 et 2012, les COP de l’après- Kyoto tendent d’une part à négocier et à mettre en place les directives engagées à Kyoto, dont les systèmes d’observation, et d’autre part, à partir de 2005,  à organiser la relance du protocole en 2012. Le Canada, la Russie et le Japon refusent de signer ce deuxième engagement, dénonçant l’absence des États-Unis et de la Chine, les deux principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre. L’Europe signe l’accord de manière symbolique, les pays signataires ne représentent plus que 15% des émissions à l’échelle mondiale. Pour le premier accord à visée contraignante, il s’agit donc d’un progrès à demi-teinte.

La COP15, avec l’accord de Copenhague, s’accorde sur une limitation du réchauffement climatique à 2 degrés. Les États-Unis sont parallèlement toujours sur la réserve. En 2011 à l’occasion de la COP17, les accords de Durban se donnent pour objectif l’adoption d’un nouvel accord universel en 2015, l’accord de Paris. Des groupes de travail sont mis en place.

L’accord de Paris, un moment historique

De 2012 à 2015, les COP s’organisent autour de la mise en application des directives de Kyoto et la préparation de l’accord de 2015.

En 2015, la COP21 regroupe 195 pays, tous signataires de l’accord, y compris les États-Unis de Barack Obama qui rejoignent la communauté internationale. Il est considéré comme un moment «historique » en matière de politique environnementale puisqu’il est le premier accord universel sur le climat, et le texte le plus largement signé dans l’histoire de l’humanité. Seuls la Syrie, en pleine guerre civile, et le Nicaragua, qui estime l’accord insuffisant, restent à l’écart. L’accord entre en vigueur en novembre 2016, mais un an plus tard, alors que la Syrie appose sa signature, les États-Unis sous Donald Trump se retirent, refusant les contraintes imposées par cet engagement.

La volonté de contenir le réchauffement climatique sous la barre des 2 degrés, voire de le limiter à 1,5 degrés d’ici à 2100, est entérinée. Les pays sont sommés de publier sur le site des Nations-Unis leurs objectifs en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). La France s’est ainsi engagée à réduire de 40% ses émissions d’ici à 2030. Sont aussi évoqués l’abandon progressif des énergies fossiles et la neutralité carbone.

Et après ?

Si l’accord de Paris a défini les grands principes de la nouvelle gouvernance internationale en matière de climat, les COP22 et 23 étaient chargées d’en discuter les définitions et les modalités d’application. La COP24 de Katowice s’inscrit dans cette lignée, et doit aboutir à une mise en place opérationnelle des engagements et à une définition précise des financements relatifs au climat, incluant l’assistance internationale aux victimes des changements climatiques. Surtout, l’enjeu est de s’accorder sur la mise en place de mesures contraignantes, laissées en désuétude depuis le protocole de Kyoto. Deux ans et demi après l’accord de Paris, aucun pays ne s’est encore aligné sur les objectifs fixés. Les progrès à faire sont encore considérables, et au vu des résultats, l’efficacité de ces conférences internationales est de plus en plus remise en question.

Aperçu des 24 COP, de 1995 à 2018

Année    COP      Ville, Pays
1995      COP1     Berlin , Allemagne
1996      COP2     Genève, Suisse
1997      COP3     Kyoto, Japon
1998      COP4     Buenos Aire, Argentine
1999      COP5     Bonn     Allemagne
2000      COP6     La Hague, Pays-Bas
2001      COP6     Bonn, Allemagne
2001      COP7     Marrakech, Maroc
2002      COP8     New Delhi, Inde
2003      COP9     Milan    Italie
2004      COP10  Buenos Aires, Argentine
2005      COP11  Montréal, Canada
2006      COP12  Nairobi, Kenya
2007      COP13  Bali, Indonésie
2008      COP14  Poznań, Pologne
2009      COP15  Copenhague, Danemark
2010      COP16  Cancún, Mexique
2011      COP17  Durban, Afrique du Sud
2012      COP18  Doha, Qatar
2013      COP19  Varsovie, Pologne
2014      COP20  Lima, Pérou
2015      COP21  Paris, France
2016      COP22  Marrakech, Maroc
2017       COP23  Bonn, Allemagne
2018       COP24  Katowice, Pologne