On a pu noter à quel point les commémorations des cinquante ans de mai 68 ont été un échec. Il n’a tout au plus été retenu que les avancées sociétales et la « révolution sexuelle » des années suivantes. À l’instar de « Che » Guevara, Mai 68 a été relégué entre une publicité Chauffeur privé et une Réclame Gucci. L’inconscient collectif, désormais acquis au spectacle de la marchandise, à la société liquide et à l’ère du vide, se contente de subir le triomphe de ce que le sociologue Michel Clouscard nommait le « libéralisme-libertaire ». Or il semblerait que ce que l’on veut nous faire oublier de 68 correspond à ce qu’il avait de commun avec un autre grand moment de l’Histoire française et mondiale plus occulté encore : la révolution de 1848.
En effet, cette dernière est, à bien des égards, une révolution oubliée. Pourtant, comme Mai 68, elle est un moment de « convergence des luttes » estudiantines et ouvrières, ainsi qu’en témoigne les récits de L’Éducation sentimentale de Flaubert. Comme Mai 68, elle aboutit à des réformes et fait de la classe ouvrière le véritable « disrupteur » du monde politique et social. Comme Mai 68, elle remet la barricade comme instrument politique et symbolique au goût