Centre Songhaï, modèle d’agro-écologie en Afrique : reportage photo

Le centre Songhaï se trouve au cœur de Porto Novo, la capitale du Bénin ©François Pène

Le centre Songhaï de Porto Novo au Bénin fait office de référence en matière d’agro-écologie, dans un pays classé parmi les moins avancés. Fondé en 1985 par un prêtre dominicain d’origine nigériane, le centre revendique la mission de valoriser l’agro-écologie sur le continent africain et la création d’un modèle de production locale et circulaire. Réalisé par le photographe François Pène.


« L’Afrique relève la tête ». C’est sur ce slogan émancipateur que le centre Songhaï s’est bâti. 25 ans après sa création, il assure aujourd’hui les cultures, la transformation et la vente de produits finis pour la consommation, respectant un vaste modèle agro-écologique où chaque déchet doit être réutilisé ailleurs dans le cycle de production. Outre un laboratoire de 22 hectares, Songhaï est depuis 1989 un centre de formation à l’agro-écologie. La formation dure 6 mois ; une nouvelle promotion, de 80 à 120 élèves en pension complète, débute tous les deux mois.

Les étudiants, venant parfois de loin, sont logés directement sur le site ©François Pène
Marc est originaire du Togo voisin. Il suit la formation du centre Songhaï dans le but de créer une ferme bio, être autosuffisant mais aussi vendre ses productions. ©François Pène
Le compost est au centre de la chaîne de production agro-écologique ©François Pène

Sous l’œil des formateurs, les élèves répartis en petits groupes s’occupent des différentes cultures. Et les activités ne manquent pas : contrairement aux cultures extensives, Songhaï privilégie les petites parcelles et une rotation constante des plantations. L’entretien des cultures est essentiellement manuelle et demande beaucoup de main d’œuvre, ce qui n’est pas un problème dans un pays où 70% de la population a une activité agricole de subsistance.

Des étudiants entretiennent les cultures de tomates ©François Pène
Pour une production plus maîtrisée, les cultures commencent leur vie dans des alvéoles avant d’être mises en terre ©François Pène
©François Pène

La pisciculture est présente à Songhaï depuis les débuts du centre. Dans les bassins et étangs sont élevées différentes variétés de tilapias, de clarias, de carpes, et de poissons-chats. La consommation de poisson est centrale dans l’alimentation béninoise.

Grand bassin de pisciculture ©François Pène

Les déjections des activités piscicoles, et de l’élevage de bovins, caprins ou volailles sont récupérées pour alimenter le processus de méthanisation dans une centrale à biogaz de conception maison, grande fierté du centre. De même, Songhaï s’est doté depuis quelques années d’une petite unité de recyclage du plastique. Les déchets des productions agricoles (bâches, serres…) sont transformés en bouteilles qui serviront à la vente de jus de fruits.

Comme dans un grand nombre de pays peu développés, le plastique est un vrai problème au Bénin, et la gestion des déchets est presque inexistante. Aussi, Songhaï a pu tisser des partenariats pour récupérer les déchets plastiques de plusieurs ambassades installées à Porto Novo.

La centrale de méthanisation produit du biogaz utilisé dans les secteurs de transformation ou simplement converti en électricité ©François Pène
Le centre possède sa propre usine de recyclage du plastique ©François Pène
©François Pène

Les secteurs de transformation permettent de produire des jus de fruits, des pâtisseries, du riz, de l’huile de palme ou encore du savon.

Secteurs de transformation ©François Pène
La culture de la noix de palme, largement endémique de la région, ne pose pas de souci écologique au Bénin ©François Pène
©François Pène

Trois autres centres Songhaï ont été implantés au Bénin dans le courant des années 1990. À partir des années 2000, une dizaine de centres reprenant le modèle Songhaï a vu le jour au Nigéria, Libéria et Sierra-Léone, démontrant l’importance et l’efficacité d’un tel projet en Afrique.