Voici l’intégralité de la tribune que Yannick Jadot nous a adressé.
Alors que près de 2 millions d’animaux sont utilisés en France à des fins scientifiques et éducatives, ce nombre continue de croitre. On relève aussi que les procédures dites « sévères » – c’est-à-dire les plus douloureuses – sont en constante augmentation.
Certes il y a bien une Directive européenne « relative à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques » promulguée en 2010 (transposée en droit français dans le décret 2013-118 du 1er février 2013) qui pose un certain nombre d’obligations aux États membres, propres à réduire le nombre d’animaux utilisés dans les procédures et les souffrances qui leur sont infligées.
Cette directive énonce sans ambiguïté que l’objectif final est « le remplacement total des procédures appliquées à des animaux vivants à des fins scientifiques et éducatives, dès que ce sera possible sur un plan scientifique […] »
Pourtant, les résultats ne sont pas là. Le constat est désolant mais réaliste : rien n’est fait concrètement pour accompagner la transition vers une recherche sans animaux, l’absence de volonté politique est criante.
En effet, la réglementation européenne n’est toujours pas contraignante vis-à-vis des États membres et rien n’oblige ceux-ci à utiliser les méthodes non-animales, y compris celles qui ont été validées par l’ECVAM (European Center for Validation of Alternatives Methods).
Malgré tout, des entrepreneurs s’engagent, comme c’est le cas de la start-up rennaise « Cherry Biotech » spécialisée – entre autres – dans le développement des organes sur puce, biotechnologie utilisant des cultures cellulaires 3D et la micro-fluidique. Les « organs on chip » permettent d’évaluer avec une grande fiabilité les effets de substances chimiques (dont les médicaments) sur un organisme humain ou d’étudier le développement de différentes pathologies, sans utiliser d’animaux.
Pour la prochaine mandature européenne, EELV et ses députés élus s’engagent à
1. Soutenir le développement et la mise en œuvre des méthodes de recherche non-animales.
2. Appuyer la création d’instances impartiales, objectives et éclairées pour évaluer les projets utilisant des animaux (évaluation en amont mais aussi rétrospective),
3. Allouer les moyens nécessaires à une évaluation objective et une prise en charge efficace des douleurs et souffrances des animaux utilisés dans les procédures.
La réforme nécessite donc la révision de la directive européenne 2010/63/UE qui devra notamment introduire des objectifs chiffrés de réduction, allouer des moyens suffisants et pérennes au Laboratoire européen de référence (ECVAM) pour lui permettre de mener à bien l’ensemble de ses missions, mettre en place des critères et des normes beaucoup plus exigeantes en matière de bien-être animal.
Il est de notre responsabilité à tous de prendre soin des animaux de laboratoire ; et d’épargner au plus grand nombre possible d’animaux d’y être soumis.
Yannick JADOT, député européen et tête de listes des écologistes à l’élection européenne.
Muriel OBRIET
Commission condition animale EELV
Référente du pôle « expérimentation animale/méthodes substitutives »
Collaboratrice de l’association Pro Anima – EthicScience