Face au pouvoir d’Erdogan, la lutte des universités pour l’indépendance

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Recep Tayyip Erdoğan © Gerd Altmann, Pixabay

En Turquie, les libertés universitaires sont de nouveau menacées en ce début d’année 2021. À la célèbre université du Bosphore (Boğaziçi en turc), les manifestations estudiantines contre la nomination d’un recteur proche du gouvernement durent depuis un mois. La mobilisation contre ce « putsch universitaire » prend néanmoins de l’ampleur et déborde la sphère académique. Le combat pour l’autonomie de Boğazici est en train de se transformer en bataille pour les libertés universitaires en général, sur fond de polarisation de l’espace politique et social.

Une nomination polémique sur fond de répression politique 

Le 2 janvier 2021, Melih Bulu est nommé président de l’université de la Boğaziçi par le président de la République turque, Recep Tayyip Erdoğan. L’université est réputée pour la qualité de son enseignement et pour son rôle dans la formation des élites libérales du pays. Dès les premiers jours de janvier, étudiants et professeurs se sont soulevés contre cette nomination tout aussi illégale sur le plan interne que symbolique sur le plan externe. Un mois après le début des manifestations, la répression policière s’est considérablement durcie et l’enjeu a pris une ampleur nationale. 

Les étudiants avaient déjà dénoncé la nomination forcée de l’ancien président en 2016.  La contestation de cette pratique n’a cependant pu aboutir à une réelle mobilisation qu’en ce début d’année grâce au soutien des professeurs qui se sont, pour la première fois, soulevés sur le campus et à l’extérieur. À partir du 4 janvier, étudiants et enseignants de la Boğaziçi se sont donc retrouvés pour dénoncer la nomination de Melih Bulu dans des slogans et chants communs qui ont réunis près de 2500 personnes au plus fort des mobilisations. Soutenus par d’autres universités d’Istanbul et du reste du pays, ils ont très rapidement été confrontés à un lourd dispositif policier et militaire aux abords du campus. Ce contrôle étant renforcé par des dizaines de policiers en civil à l’intérieur même des locaux et des équipes de nuit chargées d’effectuer des descentes au petit matin dans différents quartiers d’Istanbul pour aller chercher chez eux des étudiants. Aux manifestations de rues de la première semaine se sont progressivement substitués des seatings devant le bureau du président ainsi que des boycotts de cours en concertation avec les différents responsables de département. Malgré la pression des examens de fin de semestre et de la répression policière (une cinquantaine de gardes à vue pour la première semaine), la ferveur de la mobilisation constitue un phénomène inédit depuis le coup d’État, voire même depuis les protestations de Gezi en 2013.

Malgré la dureté de la répression policière, la ferveur de la mobilisation constitue un phénomène inédit.

Le mouvement s’est considérablement durci au cours de la première semaine de février, entraînant l’arrestation de militants LGBTQ+ sur fond de polémique nationale. Alors que des étudiants organisaient une exposition sur leur lieu de manifestation à l’intérieur du campus, quatre d’entre eux ont été arrêtés, dont deux inculpés, pour avoir placé au sol une représentation de la Kaaba entourée d’un drapeau multicolore. Du pain béni pour les médias proches du pouvoir qui se sont empressés de dénoncer, dans les pas d’Erdoğan, la « petite frange d’extrémistes pervers et en dehors de l’humanité » qui se mobilise à la Boğaziçi. Süleyman Soylu, le ministre de l’Intérieur, a même qualifié, dans un tweet, les militants LGBTQ+ de « déviants ». Ces attaques homophobes et haineuses ont déclenché un mouvement d’indignation dans la société civile. L’arrestation sur le campus de 159 étudiants le 1er février, de 104 manifestants dans les rues d’Istanbul et 59 dans celles d’Ankara a contribué à fédérer le mouvement d’opposition. Le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoğlu, a ainsi appelé à la libération des étudiants et à la réalisation de leurs revendications. Pervin Buldan, co-présidente du HDP (Parti démocratique des peuples) a elle aussi affirmé son soutien aux mobilisations. Les casseroles qui résonnent le soir dans les quartiers séculaires d’Istanbul et les messages venus du pays entier témoignent également de la vague de solidarité nationale à l’égard des manifestations.

Le vendredi 5 février au soir, le gouvernement a néanmoins publié sa riposte dans un décret national, en ordonnant la création de deux nouvelles facultés à l’université du Bosphore. Ces nouveaux départements de droit et de communication constituent pour les manifestants de véritables « chevaux de Troie ». Par ce biais, le gouvernement pourra faire entrer dans l’université de nouveaux académiciens acquis à sa cause, afin de créer une base légale pour le nouveau recteur. Toute la structure interne de l’université pourrait ainsi être remodelée par le pouvoir, afin d’empêcher de futures mobilisations massives.

Les universitaires de l’université du Bosphore protestent devant le bureau du recteur © Deniz Çağtay Yılmaz

Si le caractère illégal et illégitime de la nomination ne fait aucun doute, c’est aussi la personnalité de Bulu, ancien candidat de l’AKP et proche du pouvoir, qui explique l’ampleur de la mobilisation. Cet ancien élève de la Boğaziçi est en effet accusé de ne pas faire partie de la maison, à savoir du corps académique de l’université et de ne pas y avoir fait ses preuves vis-à-vis de ses pairs. Cette non-adéquation à la culture de la Boğaziçi ne s’arrête pas à la seule question du parcours académique. L’ancien candidat de l’AKP est loin de correspondre aux valeurs de la Boğaziçi. Première et seule université disposant de toilettes non genrées de Turquie, terrain associatif ouvert aux minorités et vivier militant pour les luttes féministes et LGBTQ+, la Boğaziçi représente un espace unique de militantisme et de recherche influencé par une certaine forme de libéralisme et une opposition courante au pouvoir en place. Autant de valeurs que la nomination d’un homme de l’AKP menace grandement. Habituée aux attaques récurrentes d’Erdoğan qui aime à la présenter comme un repère d’élite acquis à l’occident, la Boğaziçi développe une culture d’opposition en réaction à la mainmise progressive du pouvoir sur l’enseignement supérieur initié sous la junte militaire. Par ailleurs, Melih Bulu jouit d’une réputation académique très négative. Il est notamment accusé de plagiat sur nombre de ses travaux et jusqu’à 50% de la troisième partie de sa thèse serait un copié-collé. Cette nomination autoritaire a donc permis à la culture militante de la Boğaziçi de reprendre du service. 

La mise sous tutelle des universités poursuit son chemin

Il y a comme un sentiment d’urgence dans les voix et les messages qui se soulèvent partout dans le pays. Les cohortes de police qui ont envahi le quartier de l’université côtoient quotidiennement les étudiants dans une animosité partagée. Tous savent l’importance de la lutte pour défendre cette institution, qui fait partie des rares universités encore indépendantes en 2021. Dans Libération, le philosophe Étienne Balibar et la politologue Zeynep Gambetti soulignent la tradition d’autonomie, de liberté scientifique et de respect des valeurs démocratiques propres à l’université. Ils rappellent par exemple la tenue en son sein d’un colloque international sur la situation des arméniens dans l’Empire ottoman d’avant 1915, qui lui avait valu les foudres des nationalistes et des conservateurs (1). 

Au regard des cinq années écoulées depuis le coup d’État manqué, il semble que se joue ici un tournant supplémentaire dans les libertés de l’enseignement à l’échelle nationale. En 2016, Erdoğan a mis en place un grand plan de « réforme totale de l’enseignement » dans le but de chasser des universités les « traîtres à la nation » et autres « terroristes ». Il s’agissait, en d’autres termes, d’une purge dans le corps académique. Dans la foulée immédiate du coup, 1500 doyens sont démis, alors que les universitaires sont assignés au pays dès le 20 juillet. C’est ensuite plus de 6 000 enseignants qui sont limogés par décret pour liens supposés avec le terrorisme, sans compter les démissions « volontaires » et les fuites à l’étranger. Si la vague de limogeage est impressionnante au tournant du putsch, elle fait partie intégrante de l’exercice autoritaire du pouvoir d’Erdoğan sur le temps plus long. Le putsch manqué est l’occasion pour Erdoğan d’intensifier une mise sous tutelle déjà bien entamée début 2016 par la répression massive des signataires de la pétition « Nous ne serons pas complices de vos crimes » qui revendiquaient la levée des couvre-feux et la mise en place de pourparlers dans les zones kurdes aux alentours du 11 janvier 2016. Aux 1128 signataires s’ajoutent d’autres universitaires qui se retrouvent sur le banc des accusés aux fil des années.

Derrière les chiffres des arrestations, c’est tout un monde académique qui s’essouffle progressivement entre restriction des domaines possibles de la recherche et infiltration des universités par les hommes d’Erdoğan.

Le Collectif des universitaires pour la paix, qui naît au lendemain de la pétition, recense au 26 janvier 2021 un total de 549 signataires exclus par décret, licenciés ou en retraite anticipée forcée, et 505 procédures disciplinaires en cours pour un total de 808 universitaires mis en accusation pour « propagande terroriste » et « insulte à la Turquie ». En 2017, c’est 171 mandats d’arrêts qui sont émis à l’encontre des enseignants et du personnel de l’ancienne université Fatih d’Istanbul, déjà interdite d’activité par décret présidentiel. Actuellement, ce sont trois universitaires, dont un doctorant en séjour en Turquie dans le cadre d’enquêtes pour sa thèse, qui sont détenus arbitrairement en attente de jugement dans une prison d’Istanbul. Derrière les chiffres des arrestations, c’est tout un monde académique qui s’essouffle progressivement entre réduction de l’accès aux bourses pour certaines populations, restriction des domaines possibles de la recherche et infiltration des universités par les hommes d’Erdoğan.

Manifestation du 4 janvier 2021 devant l’université du Bosphore © Laure Sabatier

C’est dans cette perspective que doit être analysée la nomination de Bulu : un coup de filet dans une chasse aux universitaires entamée depuis de nombreuses années, une attaque de plus contre les libertés de la recherche et de l’enseignement déjà fortement fragilisées. Pour nombre d’étudiants et d’enseignants présents lors des manifestations, Bulu n’est qu’une marionnette à laquelle il faut s’opposer, mais qui cache en réalité tout un système de criminalisation de l’activité universitaire dont il est urgent d’interrompre le déploiement. 

À la recherche d’un espace politique 

Les libertés universitaires sont donc plus que jamais aux abois en Turquie. Néanmoins, pour estimer les conséquences et l’importance des mobilisations en cours à l’université du Bosphore, il convient aussi de mesurer l’espace politique dont elles disposent au sein de l’agenda public turc. L’un des premiers indices de la visibilité de ces manifestations est de constater la place qui leur est offerte dans les médias traditionnels. Si les mobilisations étaient peu évoquées au mois de janvier ou seulement mentionnées de façon épisodique, la récente polémique au sujet de la représentation de la Kaaba a changé la donne. Que ce soit à la télévision, dans les journaux ou à la radio, les événements sont lus et présentés à travers le prisme conservateur du gouvernement. C’est donc principalement sur les réseaux sociaux que la résistance s’organise. De nombreux comptes ont vu le jour sur Twitter et Instagram afin de coordonner les mobilisations. Il s’agit aussi de pouvoir diffuser une actualité alternative à coup d’articles, de vidéos ou de live des actions menées sur le campus. Cette stratégie d’information reste néanmoins parcellaire et accessible à un public restreint. Comme nous l’explique ainsi Deniz, étudiant en Master de sociologie à l’université du Bosphore : « Quand vous êtes privé de votre liberté d’expression, cela restreint radicalement l’espace politique à votre disposition. Il est important de disposer d’un espace politique où vous pouvez être libre, où vous pouvez produire des informations sans aucune forme de restriction. ».

Dans cet espace politique limité, il faut également faire face à un contre-discours politique qui tente de discréditer les mobilisations. Le terme de « terrorisme » est ainsi régulièrement employé de façon impropre par le gouvernement pour évoquer ces mouvements étudiants. Le président turc, dans un communiqué du 8 janvier 2021, a ainsi déclaré : « Öğrenciler Değil, Teröristler Var », que l’on peut traduire par : « Ce ne sont pas des étudiants, ce sont des terroristes ». Cette volonté de criminalisation des mouvements de contestation universitaires s’inscrit dans la continuité de toute la rhétorique déployée par l’AKP afin de qualifier ses opposants politiques de tous bords. Universitaires, intellectuels, artistes, journalistes, membres des partis d’opposition, personnalités kurdes, sont qualifiés indifféremment par le gouvernement de terroristes. Cette manipulation sémantique permet à l’AKP de se positionner dans l’opinion publique comme le garant de l’ordre en place, qui protège la population contre les ennemis de la nation. Cette rhétorique est d’autant plus employée depuis la tentative de coup d’État de 2016, qui est désormais au cœur de la propagande gouvernementale. En témoigne actuellement dans l’espace public turc le nombre de lieux rebaptisés « 15 Temmuz » (15 juillet), de monuments érigés à la gloire de ce jour où la démocratie aurait été sauvée, selon la narration officielle de l’AKP.

Les libertés universitaires ne sont pas non plus sorties indemnes de cette tentative de putsch. Le gouvernement a profité du contexte d’état d’urgence et de panique générale pour licencier des milliers d’universitaires, pour engager contre certains établissements des poursuites judiciaires, mais surtout pour rétablir la nomination par décret des recteurs d’université. Cette procédure autoritaire avait été mise en place en 1980, suite au coup d’État militaire. Les universités avaient alors perdu leur autonomie scientifique et administrative, mettant brutalement fin au cycle de mobilisation, de contestation et de politisation des années 1960-70 (2). Le but des généraux est ainsi de repolitiser l’enseignement supérieur à droite et de promouvoir leurs idées patriotiques. Les forces de gauche (syndicalistes, groupes étudiants, universitaires, enseignants, militants de base) sont donc violemment réprimées. Durant les trois ans d’état d’urgence qui suivent le coup d’État, des milliers de personnes sont arrêtées, torturées, parfois condamnées à l’exil ou portées disparues. La tutelle militaire s’abat sur les universités par le biais du Conseil de l’enseignement supérieur (YÖK), une institution étatique anti-démocratique, dont tous les membres sont choisis par le gouvernement. Le YÖK doit à son tour nommer les recteurs, doyens et professeurs. Les élections disparaissent, au profit d’une logique de nomination et de cooptation politique. Néanmoins, c’est encore une fois l’université Boğaziçi qui était parvenue à briser cette tutelle en 1992 en imposant au YÖK un candidat légitime à la suite d’élections internes. Pris de court, le Conseil de l’enseignement supérieur avait alors dû réformer le mode de sélection des recteurs, en remplaçant leur nomination par des élections. Cette reconquête de l’indépendance des universités a néanmoins été de courte durée. Le combat pour l’indépendance à Boğaziçi est ainsi emblématique et représentatif de celui de toutes les autres universités du pays.

En 1980, la tutelle militaire s’abat sur les universités par le biais du Conseil de l’enseignement supérieur (YÖK), une institution étatique anti-démocratique, dont tous les membres sont choisis par le gouvernement.

Les mobilisations de l’université du Bosphore s’inscrivent donc dans un contexte historique éminemment significatif. Au-delà de la seule sphère universitaire, il s’agit de replacer ces événements dans le cadre plus large des mobilisations sociales qui ont vu le jour depuis que l’AKP d’Erdoğan a pris le pouvoir. De nombreuses voix s’accordent en effet pour dire qu’un mouvement social d’une telle ampleur n’avait pas vu le jour depuis les manifestations Gezi du printemps 2013. Les manifestations Gezi avaient débuté à Istanbul suite à l’opposition d’un petit nombre de militants écologistes au déracinement d’arbres dans le parc de Gezi (3). Le gouvernement projetait de construire un centre commercial à la place du parc et de rénover des casernes ottomanes. Le mouvement s’est ensuite élargi à une contestation politique de plus large ampleur, qui est parvenue à rassembler diverses strates sociales, mais surtout un large spectre politique, de la droite à la gauche pro-kurde, sans oublier des personnes non-politisées. Les revendications sont alors devenues politiques et démocratiques : critique de l’attitude autoritaire de Recep Tayyip Erdoğan, de la violation des droits démocratiques et des violences policières. À ces revendications démocratiques s’ajoutait une volonté de changement sociétal. Les manifestants réclamant notamment la reconnaissance de la communauté LGBTQ+, des droits des femmes, ou encore des minorités kurdes et alévies. Néanmoins, la vague d’espoir suscitée par le mouvement a vite été balayée par la force. Le parc est ainsi violemment évacué après 11 jours d’occupation, 8 personnes perdent la vie et les blessés se comptent par milliers. Cette répression a confirmé le « tournant autoritaire (4) » amorcé par l’AKP depuis les années 2010. 

Gezi a donc été un point de bascule déterminant pour la démocratie turque et il semble que le spectre de cette mobilisation surplombe toujours les manifestations de la Boğaziçi. L’arsenal policier et militaire déployé à l’entrée du campus en témoigne : le pouvoir se protège. Le mouvement est d’ailleurs dans les esprits de nombreux militants nés à la fin des années 1990 que ces manifestations avaient contribué à politiser. Toutefois, le contexte dans lequel s’inscrit les manifestations de l’université du Bosphore est bien différent : une nouvelle génération, qui n’a pas connu Gezi, est arrivée à l’université, la crise sanitaire complique fortement les rassemblements, l’autoritarisme du gouvernement n’a cessé de s’accroître. Ces mobilisations s’inscrivent à la fois en continuité et en rupture avec Gezi avec pour fil conducteur la critique de l’hégémonie de l’AKP. Alors que le parti d’Erdoğan est en perte de vitesse, notamment à cause des crises économiques et sanitaires qui frappent durement la Turquie, ces mobilisations pourraient bien reconfigurer le paysage politique du pays pour la prochaine décennie.

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La nomination de Bulu a dépassé le cadre de l’université pour devenir un énième point de fracture au sein de la population turque et une nouvelle occasion pour Erdoğan de démontrer sa force. Les voix s’élèvent et la répression se durcit. Est-ce le signe d’un pouvoir qui craint un nouveau Gezi ? 

Sources :

(1) BALIBAR, E., GAMBETTI, Z., « Sur le Bosphore, enseignants et étudiants en lutte pour la liberté », Libération, 19 janvier 2021.

(2) YILMAZ, M., « Le YÖK et la démobilisation collective du milieu universitaire en Turquie (1982-1987) : les mécanismes de la répression », Open Edition Journals, 2013.

(3) FAUTRAS, A., « Résister en situation autoritaire : le cas des collectifs militants d’après-Gezi à Istanbul (2013-2018) », Open Edition Journals, 2019.

(4) ESEN, B., GÜMÜSCÜ, S., « Rising competitive authoritarianism in Turkey », Taylor & Francis online, 2016.