Guerre de l’eau autour du Nil

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Entre vie et Mort sur le Nil, comme le titrait le roman d’Agatha Christie, le barrage de la Renaissance (GERD : Grand Ethiopian Renaissance Dam) sera-t-il celui de la coopération entre l’Égypte, le Soudan et l’Éthiopie ? Rien n’est moins sûr, étant donné l’échec des négociations entretenues les 4 et 6 avril dernier à Kinshasa au sujet du plus grand barrage du continent africain, en construction depuis 2011. Avec près de 250 millions personnes concernées, l’accès à l’indépendance énergétique et même au statut d’exportateur côté éthiopien, fait face à une agriculture dépendante et des ressources en eau déjà limitées en Égypte et au Soudan. Si le jeu des grandes puissances — Chine et États-Unis — ne venait pas complexifier les discussions, ce serait l’imbrication de facteurs sociaux, économiques et environnementaux au bord d’un fleuve berceau de plusieurs civilisations qui ferait craindre une possible « guerre de l’eau ». Un point de tension symptomatique d’un accroissement des conflits autour des sources d’eau, dans un contexte où l’ONU prévoit une augmentation alarmante du stress hydrique dans les prochains décennies…

Le barrage GERD : entre lutte d’intérêts immédiats et gouvernance de long terme

Depuis le lancement de sa construction par l’Éthiopie en 2011, le barrage renommé « Renaissance » en 2013, en référence à son caractère historique pour un pays qui n’a jamais été colonisé (sauf durant la brève période fasciste), alimente tensions, menaces et rapprochements stratégiques entre les trois frères ennemis du bassin du Nil. L’Éthiopie, qui abrite la source du Nil bleu située sur le lac Tana, est accusée par l’Égypte et le Soudan de ne pas prendre en compte les conséquences du projet, qui menacent directement leurs intérêts sur le fleuve.

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En effet, le Nil bleu dont l’affluant, avec le Nil blanc, se situe à Khartoum, contribue à 80% du débit du Nil en aval. Le tronçon éthiopien du Nil constitue donc une ressource vitale pour l’Égypte et le Soudan, qui cherchent à défendre leur monopole politique sur le fleuve. Pour l’Éthiopie, en revanche, il s’agit, grâce au barrage, de fournir un accès à l’électricité à ses 110 millions d’habitants, dont 65% en sont aujourd’hui dépourvus. De plus, la capacité annoncée de 6500 mégawatts fait miroiter de possibles exportations à destination de pays voisins comme le Soudan, le Kenya, Djibouti ou encore l’Égypte, pour une rente estimée à environ 70 millions de dollars par an. Les retombées économiques sont donc non négligeables pour un pays où un habitant sur deux vit sous le seuil de pauvreté et où le taux de malnutrition infantile est le plus élevé du monde.

Pour autant, le Soudan et surtout l’Égypte, dont l’agriculture et l’économie dépendent elles aussi des eaux du Nil, contestent l’élaboration d’un projet qui remet en cause leur domination historique du fleuve. En effet, le Nil fournit 97% des eaux nécessaires à l’irrigation de l’agriculture égyptienne ainsi qu’à la consommation en eau douce pour plus de 100 millions d’habitants. A ce titre, le fleuve est une ressource indispensable pour un pays déjà en état de « stress hydrique » selon la Banque mondiale, tant les pénuries d’eau font peser de lourds risques en termes de sécurité alimentaire et sanitaire. En 2018, l’Égypte ne disposait déjà plus que de 570m3 d’eau par habitant et par an, c’est-à-dire un niveau largement en-dessous du seuil des 1000m3 caractéristiques d’une pénurie, et pourrait voir ses ressources en eau décroître pour atteindre 525m3 — voire en deçà d’ici 2025 — principalement en raison du barrage éthiopien.

Parallèlement, ce projet perturberait la production électrique d’un autre barrage, à Assouan, symbole du succès technologique et historique de l’Égypte de l’époque du panarabisme, en diminuant sa production électrique de 12%. Dans ce contexte, il n’est pas étonnant d’entendre le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi proclamer qu’il ne laissera personne menacer « une goutte d’eau » du peuple égyptien, tant la situation est déjà critique et l’enjeu historique. Le Soudan, quant à lui, se trouve dans une position plus ambigüe malgré un alignement relatif sur son allié égyptien, du fait d’avantages historiques qui lient les deux pays depuis la colonisation.

En effet, le GERD, malgré les risques qu’il fait peser sur les infrastructures hydrauliques et autres barrages soudanais déjà en activité, permettrait à Khartoum d’accéder à une énergie bon marché. De même, celui-ci améliorerait la régulation du cours du fleuve, régulièrement responsable d’inondations — comme en septembre dernier, causant près de 125 000 déplacés. En l’état actuel des discussions, la construction du barrage, achevée à plus de 80%, s’avère être actée par les trois pays ; mais l’absence d’accord à long terme alimente les craintes sur un potentiel risque d’escalade.

Quelles oppositions tirées des négociations entretenues à Kinshasa ? C’est d’abord le délai de remplissage du lac réservoir qui pose question, dont la première phase a été entamée unilatéralement en juillet dernier et pour lequel l’Éthiopie envisage un échelonnement sur une période allant de 5 à 7 ans. L’Égypte considère de son côté que celui-ci ne peut se tenir que sur une période de 12 voire 20 années, pour s’assurer contre tout risque de pénurie. C’est ensuite plus globalement la gouvernance du barrage, avec les quotas d’eau à délivrer en cas de sécheresse, qui semblait être au cœur des discussions du mois d’avril. Là où l’Égypte et le Soudan souhaiteraient un système institutionnalisé avec des quotas garantis et réguliers pour chaque période, l’Éthiopie, elle, préfèrerait garder la main sur le fleuve et agirait au cas par cas. Au-delà d’inquiétudes et d’intérêts concernant la sécurité énergétique, alimentaire et sanitaire des uns qui empiète sur le développement économique des autres, ce barrage met en lumière des rapports de pouvoir qui s’ancrent dans des contextes marqués par la colonisation, et la montée en puissance des pays de la Corne de l’Afrique — au premier desquels l’Éthiopie.

La remise en cause des monopoles historiques sur le Nil hérités de la colonisation

L’Histoire du barrage GERD, qui débute physiquement en 2011, s’inscrit également dans un processus historique de remise en question des monopoles égyptiens et soudanais sur les eaux du Nil, en place depuis la colonisation anglaise. L’occupation de l’Égypte par l’Angleterre, qui cherche alors à s’assurer du contrôle de la route des Indes et à développer l’industrie cotonnière, remonte à 1882. Suivant une révolte contre le khédive d’Égypte Tawfiq Pacha, elle ne prendra réellement fin qu’en 1956 avec la crise de Suez et l’expulsion par Nasser des derniers colons. Le bassin du Nil demeure en effet particulièrement intéressant pour la culture du coton, dont l’Angleterre, à partir de son réseau de pays colonisés comme l’Inde et le Nigeria, en développera l’exploitation en Égypte, sous l’impulsion notamment de Lord Cromer. Ce dernier, officiellement « consul général », est en réalité le véritable maître du pays jusqu’en 1907.

À ce titre, ce sont les Britanniques qui financeront le premier barrage d’Assouan en 1902, destiné à accroître le nombre de terres arables et les exportations de coton en pleine expansion. Forte de cette domination politique et militaire, c’est l’Angleterre qui signe la même année le premier traité portant sur la gestion du Nil à l’époque moderne avec l’Empire d’Éthiopie, demeuré indépendant. L’article 3 de ce traité impose à l’Éthiopie que celle-ci « renoncera à construire ou à autoriser tout ouvrage susceptible d’interrompre le débit du Nil en aval ». Loin d’être une simple ingérence coloniale isolée, ce traité sera le point de départ d’une inégalité historique entre l’Égypte et l’Éthiopie, dont l’exclusion d’une ressource, dont elle dispose pourtant de la source, alimentera à l’avenir un fort sentiment d’injustice.

Après l’indépendance formelle de l’Égypte en 1922, restant malgré tout largement dominée par l’Angleterre qui l’occupe militairement tout comme le Soudan, un nouveau traité est signé en 1929, accordant au Soudan, et surtout à l’Égypte, la quasi-totalité du débit du Nil en compensation des troupes coloniales stationnées au niveau du Canal de Suez. Ainsi, l’exclusion historique de l’Éthiopie atteint son apogée, puisque celle-ci ne sera pas non plus associée au traité de 1959 entre l’Égypte nassériste et le Soudan nouvellement indépendant. Les deux « maîtres du Nil » s’approprient respectivement 55,5 km3 et 18,5km3 du débit annuel, soit plus de 80% des eaux du fleuve. Plus tard, l’achèvement du barrage d’Assouan en 1970, financé par l’Union Soviétique, donnera à l’Égypte le troisième plus grand lac au monde en terme de superficie et servira comme symbole de son hégémonie sur le monde Arabe, dans un contexte de non-alignement. Surtout, il permettra d’asseoir la domination, sinon naturelle du moins symbolique, de l’Égypte sur le Nil.

D’un point de vue juridique, l’Éthiopie considère, de son côté, qu’en plus de ne pas y avoir été associée, ces traités ne respectent pas la Convention de Vienne de 1969 sur le droit des traités, prévoyant qu’une disposition ne peut s’appliquer à un État tiers si celui-ci n’exprime son consentement ou qu’il est présumé (Article 36.1). De fait, l’Éthiopie a refusé de participer à tous les mécanismes de coordination mis en place par le Soudan et l’Égypte sur la base des traités et revendique en sus un droit « naturel » sur le Nil. Autre argument de poids, la résolution 1803 adoptée en 1962 par l’assemblée générale des Nations Unies prévoit qu’un État a « le droit de décider, en dernière instance et en toute indépendance, du sort des ressources naturelles qui se trouvent sur son territoire et des activités économiques qui s’y exercent ». Loin d’être cantonnée au domaine juridique, cette opposition, que le barrage GERD vient cristalliser depuis 2011, constitue désormais une lutte d’influence entre, d’un côté, le Soudan et l’Égypte soucieux de préserver leurs privilèges hérités de la colonisation britannique et, de l’autre, l’Éthiopie, l’Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie qui s’estiment historiquement lésés par ces traités.

Le barrage GERD : rééquilibrage régional, entre fin de l’« hydro-hégémonie » égyptienne et montée en puissance de l’Éthiopie

Bien plus qu’une simple compensation historique, la contestation des pays du bassin du Nil, qui boycottent toute médiation entreprise par l’Égypte et le Soudan se basant sur les traités cités précédemment, relève surtout d’un véritable bouleversement géopolitique à l’échelle régionale, enclenché depuis la fin des années 90. De fait, « l’Initiative pour le bassin du Nil », créée en 1999, qui regroupe les pays précédemment cités, de même que le Burundi et le Kenya, constitue un premier pas en ce sens. La structure permet, en plus de réunir annuellement les ministres des eaux de chaque pays concerné, d’établir une vision commune à long terme pour le deuxième plus long fleuve du monde (6300 km). C’est dans ce cadre qu’à l’exception notable de l’Égypte et du Soudan, les pays membres de cette structure inter-gouvernementale ont signé en 2010 le « Cooperation Framework Agreement » (CFA), ouvrant ainsi la voie à une répartition plus juste des ressources liées au Nil, mentionnant des « droits équitables » et « un développement durable au service des générations présentes et futures » .

Cette « coalition pour le changement » revendique quasi-explicitement la fin du monopole de l’Égypte et du Soudan sur le Nil, historiquement dominants. Un an plus tard, la chute du président égyptien Hosni Moubarak, qui confie le pouvoir à l’armée le 11 février 2011 en plein Printemps Arabes, accélérera la marche historique initiée par l’Éthiopie et les pays membres du CFA. En effet, la Révolution égyptienne ouvre une période transitoire d’instabilité jusqu’à l’élection du candidat issu des frères musulmans Mohammed Morsi, à l’été 2012. Au même moment, le Soudan fait face à une scission du Sud, qui décide de prendre son indépendance à la suite du référendum d’autodétermination du 9 janvier 2011. Dans ce contexte, difficile de ne pas identifier comme une forme d’opportunisme stratégique la décision des dirigeants éthiopiens qui, profitant du marasme en aval du fleuve, posent la première pierre du chantier le 2 avril de la même année.

Les deux puissances historiques du fleuve, ébranlées par des enjeux de politique intérieure, et mises devant le fait accompli, voient leur statut « d’hydro-hégémonies » en passe d’être révolu, selon l’expression employée par le géographe Pierre Blanc. Est en effet loin le temps où Anouar El Sadat — au pouvoir entre 1970 et 1981 — déclarait : « la seule raison qui pourrait engager l’Égypte dans une guerre à nouveau, c’est l’eau ». A ce sujet, Habib Ayeb, spécialiste des conflits liés aux ressources en eau, déclarait dans un article du Monde daté du 23 Mai 2015 à propos de l’Égypte : « Elle n’est plus rien économiquement ou presque (…). Elle a perdu de son influence stratégique dans la région. (…) L’Éthiopie est un puissance régionale montante » . Symbole d’une hégémonie en perte de vitesse ou simple revers politique, fruit de circonstances liées à des difficultés internes ? Dans tous les cas, la construction du barrage par l’Éthiopie relève, comme le souligne Habib Ayeb, d’une évolution des rapports de force défavorable à l’Égypte, dont la puissance « hydro-hégémonique » appartiendrait au passé. Autre facteur important : la démographie qui joue une part importante des négociations, ce que souligne David Blanchon dans son livre Géopolitique de l’eau entre conflits et coopérations (2019).

De fait, en 1959, l’Égypte, le Soudan et l’Éthiopie comptaient respectivement 26, 11 et 24 millions d’habitants, contre 98, 42 (Soudan du Nord uniquement) et 109 millions aujourd’hui. Cette dynamique ne semble pas s’arrêter, puisque qu’en 2030, ces trois pays devraient compter 117, 56 et 138 millions d’habitants. Ce barrage s’inscrit donc dans un « un contexte géopolitique qui va bien au-delà des questions techniques de remplissage du barrage » puisqu’il en va d’un réel bouleversement des rapports de force dans la région. A ce sujet, il convient de noter l’œil attentif des grandes puissances que sont la Chine et les États-Unis, soutiens historiques de l’Égypte qui fait figure de pôle de stabilité et d’alliée essentielle sur des dossiers d’importance tels que le terrorisme, la Libye ou encore la régulation des flux migratoires.

L’implication des États-Unis et de la Chine au grand damne de l’Union Africaine

Malgré une volonté affichée, comme le rappelait Felix Tshisekedi en amont de la conférence du 6 Avril dernier, de trouver des « solutions africaines aux problèmes africains », le rôle des États-Unis — dont l’ambassadeur Michael Hammer en République Démocratique du Congo était présent au début des négociations en avril —, de la Chine et même de la Russie qui s’était proposée en tant que médiateur, constitue une clef de compréhension importante dans les négociations autour de la construction du GERD. Ces interventions que l’on pourrait qualifier à minima d’interférences voire d’ingérences, se font au détriment de l’Union Africaine, dont le rôle était d’ailleurs qualifié de « marginal » par le géographe David Blanchon. De fait, les tentatives de conciliation tripartites entre l’Égypte, le Soudan et l’Éthiopie, comme ce fut le cas lors de la mise en place en 2015 d’un comité d’experts chargé d’évaluer les impacts socio-économiques du barrage — suivie d’une déclaration de principes signés par les 3 pays — restent au point mort.

Dans cette querelle géostratégique de première importance, l’arrivée en 2018 du premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix pour son intervention en faveur de la paix avec l’Érythrée, aurait pu constituer une lueur d’espoir pour une résolution à l’amiable. En effet, celui-ci promettait aux Égyptiens de préserver « leur part des eaux du Nil, mais aussi de travailler à l’augmenter ». Simple rhétorique diplomatique ou volonté réelle d’engager un processus de coopération ? Dans tous les cas, ces déclarations n’ont pas suffi et ce sont bien les États-Unis, virulents défenseurs des intérêts du président Sissi alors « dictateur préféré » de l’administration Trump, qui, avec la Banque Mondiale, ont parrainé des pourparlers en novembre 2019. La Banque Mondiale qui avait refusé de financer le barrage en 2011, et les États-Unis dont le Président Trump déclarait en octobre dernier au sujet de l’Égypte : « Je le dis haut et fort : ils vont détruire ce barrage (…) », joueraient donc le rôle supposément neutre de médiateur ?

À ce sujet, il convient de noter que, peu avant les déclarations du président Trump, les États-Unis avaient déjà suspendu leurs aides financières en représailles à la décision de l’Éthiopie d’entamer le premier remplissage du barrage sans accord préalable à l’été 2020. De fait, fort de ce soutien indéfectible, le président égyptien n’avait pas hésité à déclarer en juin que l’armée « se tenait prête à défendre la sécurité nationale égyptienne à l’intérieur comme l’extérieur de ses frontières ». Le jeu des États-Unis dans la région sous le mandat de Donald Trump a donc fortement perturbé les négociations, au point d’inciter certains à faire usage de la force dans un contexte déjà largement explosif. L’Éthiopie, quant à elle, même si elle peut se targuer d’avoir financé son barrage de façon quasi autonome grâce à des souscriptions et la diaspora, n’est pas exsangue de l’influence de plus en plus prégnante de la Chine dans le pays. Le GERD qui fait figure de symbole d’union nationale dans un pays en proie à des soulèvements rebelles dans le Tigrée depuis décembre dernier, relève aussi d’un intérêt stratégique pour la Chine qui a investi près de 1,8 milliards de dollars dans les réseaux d’électricité reliant le pays à Djibouti.

C’est sans compter sur les dizaines de parcs industriels financés par la Chine qui doivent permettre au pays de devenir le prochain atelier du monde. Dans ce cadre, il n’est pas étonnant que l’Éthiopie soit également le deuxième pays africain, après l’Angola, destinataire de prêts par Pékin et dont la dette correspondrait à environ 40% du PIB. La Chine a donc elle aussi un intérêt direct à voir le barrage mis en service rapidement, pour rentabiliser ses investissements et s’assurer du développement rapide de l’Éthiopie qui s’insère directement dans son méga-projet des « nouvelles routes de la soie », reliant l’Asie à l’Europe en passant par l’Afrique.

Quid de l’Union Africaine et d’un développement des mécanismes de coopération autonomes vis-à-vis des grandes puissances ? L’échec des négociations à Kinshasa, sans être le symbole d’un conflit à moindre échelle entre la Chine et les États-Unis, interroge néanmoins quant à la capacité des pays à surmonter une gestion en partie héritée de la période coloniale.