La crise sanitaire a mis encore plus en avant l’importance de la fête et d’une vie nocturne. Espace-temps des possibles culturels, mais aussi des tensions et des conflits d’usages, la nuit est tiraillée entre logiques économiques, désirs d’émancipation et de création, ou plus simplement de « droit à la nuit ». Difficile à définir, la nuit est un temps de la journée aux limites temporelles mouvantes, un espace aux frontières poreuses, souvent méconnue (ou mal connue). En premier lieu parce que chacun se construit sa propre perception et représentation de la nuit, qui résultent de facteurs culturels et sociologiques. Pendant obscur du jour, la nuit nous amène à débattre sur le fonctionnement de nos sociétés contemporaines, pour éviter qu’elle ne devienne que l’ombre d’elle-même.
Des politiques temporelles aux politiques de la nuit
L’attention récente des pouvoirs publics à la nuit découle en premier lieu de celle portée à la question des temporalités. La désynchronisation des rythmes sociaux, l’individualisation des pratiques, les temps de travail (mais aussi de repos et des loisirs), et plus généralement « l’enjeu de maîtrise du temps » (Boulin, 2003) posent les bases de politiques nouvelles, dites « temporelles ». Dans plusieurs villes sont créés des organismes publics innovants, qu’on