Le rapport des forces progressistes aux États-Unis a beaucoup évolué ces dernières années. Alors que l’image négative de l’Empire conspué écrasait tout il y a encore une décennie, la campagne radicale de Bernie Sanders en 2016 et l’émergence tonitruante d’Alexandria Ocasio-Cortez deux ans plus tard en ont fait une nouvelle source d’inspiration. Dans Génération Ocasio-Cortez : Les nouveaux activistes américains, Mathieu Magnaudeix, journaliste chez Mediapart, plonge en profondeur dans ces réseaux qui agitent la scène politique américaine depuis quelques années. À l’aube d’une élection présidentielle peu reluisante, nous avons voulu interroger l’auteur sur les perspectives de ces forces de changement après la défaite de Bernie Sanders. Retranscription par Catherine Malgouyres-Coffin.
LVSL – Ces dernières années, les États-Unis ont connu une effervescence militante et un renouveau des visages politiques. Vous attribuez ça à l’accumulation d’une énergie politique et historique ces deux dernières décennies. Quelles en sont les sources ?
Mathieu Magnaudeix – La source immédiate, c’est l’élection de Donald Trump. Pour beaucoup d’observateurs à l’étranger mais également aux États-Unis, elle était inattendue. Cette élection a constitué un choc, une révélation de la colère de l’Amérique, une colère sociale, mais aussi racialisée. Les deux peuvent se combiner, et Donald Trump a su exploiter une