Podemos en transition – Suite à l’investiture de Mariano Rajoy (Parti populaire, droite) le 29 octobre 2016, c’est un cycle d’intense mobilisation électorale qui prend fin et une nouvelle page qui s’ouvre pour Podemos. Cet article revient sur les nouveaux défis qui attendent le parti et sur les débats qui le traversent.
En novembre dernier, les comédiens Facu Díaz et Miguel Maldonado recevaient Pablo Iglesias dans leur émission « No te metas en política ». Ils pointaient avec humour l’intensité prise ces dernières semaines par les débats internes à Podemos : « Vous avez démarré Podemos à l’arrache, en courant et en faisant vos lacets en même temps, comme le disait Iñigo [Errejón]. Et maintenant, ça y est, vous avez enlevé vos chaussures et vous vous les balancez les uns sur les autres. Comment ça se passe ? ». Le renouvellement des directions régionales en Andalousie et dans la Communauté de Madrid, au début du mois de novembre, a largement contribué à médiatiser la confrontation entre des options divergentes au sein de Podemos quant à la stratégie à adopter pour l’avenir du parti. Les médias espagnols se sont évertués à polariser la controverse autour de deux camps distincts : les « pablistes », partisans de la ligne défendue par l’actuel secrétaire général Pablo Iglesias, et les « errejonistes », soutiens de l’orientation préconisée par Iñigo Errejón, secrétaire politique et n°2 de Podemos. Ces discussions interviennent alors que s’ouvre une nouvelle phase de l’histoire d’une jeune formation qui a rebattu les cartes du jeu politique espagnol.
D’un cycle à l’autre : guerre de mouvement et guerre de position
Podemos est né en janvier 2014, à l’initiative d’un groupe d’universitaires pour la plupart issus de l’université Complutense de Madrid, de militants influents de la gauche anticapitaliste et d’activistes engagés dans divers collectifs (Juventud Sin Futuro, Plataforma de Afectados por la Hipoteca, Marea Verde, etc.). L’objectif de ses fondateurs était de concevoir une plateforme citoyenne participative pour « convertir l’indignation en changement politique ». Il s’agissait de donner une voix aux victimes de la crise économique et de traduire politiquement les revendications portées en 2011 par le mouvement des indignés (plus connu en Espagne comme le « mouvement 15-M »). En s’appuyant sur la visibilité médiatique du professeur de sciences politiques Pablo Iglesias, habitué des plateaux télévisés de La Sexta, c’est un Podemos encore en chantier qui se lance à l’assaut des élections européennes. Le 25 mai 2014, la jeune formation obtient 5 sièges d’eurodéputés, s’imposant comme la surprise du scrutin, et signe son entrée fracassante sur la scène politique espagnole. L’ambition est désormais clairement affichée : s’engouffrer dans la fenêtre d’opportunité ouverte par la crise organique du « régime de 1978 », renverser l’échiquier politique et remporter les élections générales prévues pour la fin 2015.
Fort de cette organisation structurée et de l’éclosion d’une multitude de cercles sur l’ensemble du territoire espagnol, Podemos aborde alors une longue course d’endurance électorale. Entre les élections européennes de mai 2014 et les élections autonomiques en Galice et au Pays Basque en septembre 2016, le parti prend part à pas moins de 7 grandes consultations. Ce cycle d’intense mobilisation électorale conduit les membres de Podemos à mener campagne en permanence alors que les bases du parti sont encore en phase de construction, ce que résume la formule d’Iñigo Errejón reprise plus haut par Facu Díaz : « correr y atarse los cordones al mismo tiempo » (« courir et attacher ses lacets en même temps »). Les forces sont tout entières concentrées sur l’objectif central : la victoire électorale.
Aux élections générales du 20 décembre 2015, point culminant de ce cycle de mobilisation, Podemos obtient 20,68% des voix et 69 sièges au Congrès des députés – qui en compte 350 – derrière le Parti populaire (PP) et le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). L’absence d’une majorité clairement établie, et le choix du socialiste Pedro Sánchez d’un pacte minoritaire avec les centristes libéraux de Ciudadanos précipitent l’organisation de nouvelles élections générales. Podemos s’engage une fois de plus dans une campagne mouvementée et forme une coalition avec Izquierda Unida (gauche radicale) sous le nom de Unidos Podemos. Au soir du 26 juin 2016, Unidos Podemos recueille 21,10% des suffrages et se maintient en troisième position avec 71 députés. Toutefois, la coalition perd plus d’un million de voix par rapport à la somme des suffrages obtenus par Podemos et Izquierda Unida en décembre 2015, ce qui ne manque pas d’interroger au sein du parti.
Les résultats laissent un goût amer. Podemos est certes parvenu à ébranler un bipartisme ancré depuis près de quarante ans dans le paysage politique espagnol, mais le parti n’a pas atteint son objectif de remporter les élections générales, ni même celui de supplanter le PSOE dans les urnes. La phase électorale qui aura profondément marqué les deux premières années d’existence de Podemos se clôture symboliquement par l’investiture de Mariano Rajoy (PP) le 29 octobre 2016, grâce au soutien de Ciudadanos et à l’abstention du PSOE. La déception est d’autant plus grande que les espérances suscitées étaient hautes. Podemos a manié avec habileté le répertoire discursif de l’espoir et de la victoire à portée de main, et se retrouve confronté à la désillusion provoquée par un résultat insatisfaisant. C’est la fin d’un cycle et une nouvelle page qui s’ouvre pour la formation, qui doit désormais repenser son organisation et sa stratégie pour les temps à venir.
Le champ politique espagnol a connu une rapide et profonde recomposition ces deux dernières années. Mais les préférences partisanes pourraient maintenant se stabiliser et les équilibres politiques évoluer plus lentement. Dorénavant, Podemos doit à la fois consolider sa base militante et électorale tout en engageant un travail de longue haleine pour attirer de nouveaux soutiens. Finie la « guerre de mouvement », place désormais à la « guerre de position », pour reprendre le vocabulaire gramscien employé par les leaders du parti. C’est précisément sur les termes de cette guerre de position que divergent les opinions au sein du parti, qui doit aujourd’hui faire face à quatre principaux défis.
De nouveaux enjeux
Le premier défi dans les mois à venir consistera à horizontaliser l’organisation en accordant plus de place aux cercles, qui en constituent l’unité de base. Le modèle relativement vertical adopté au Congrès fondateur de Vistalegre se justifiait par un impératif d’efficacité dans le cadre de la compétition électorale. L’horizon désormais dégagé, il semble maintenant possible d’envisager une revitalisation de la démocratie interne. L’idée de donner un nouvel élan à Podemos par l’implication de ses cercles militants fait aujourd’hui l’unanimité parmi ses différents secteurs. En témoigne la campagne « Active ton cercle », lancée en août dernier pour actualiser la carte des cercles présents sur le territoire. Reste à savoir désormais quels instruments de participation seront mis en place pour faire des cercles des protagonistes à part entière de la « politisation du quotidien », selon l’expression de Ramón Espinar. En octobre, Podemos a lancé l’initiative « Hacemos », qui s’oriente dans ce sens : 200 000 euros – une cagnotte formée par une partie des salaires des élus – seront distribués aux cercles et aux conseils citoyens municipaux pour développer des projets sociaux à l’échelle locale.
La politique municipale dans les « mairies du changement » constitue le deuxième enjeu crucial des prochaines années pour Podemos. Aux élections municipales de mai 2015, des coalitions soutenues par Podemos ont remporté les mairies de plusieurs grandes villes du pays, parmi lesquelles Madrid, Barcelone, Cadix, Saragosse ou encore La Corogne. L’épreuve du pouvoir à l’échelle locale n’est pas sans risques : le parti y perd sa virginité politique, et ses adversaires scrutent à la loupe le moindre faux pas. Par ailleurs, le contexte d’austérité budgétaire se répercute inévitablement à l’échelle municipale et réduit les marges de manœuvre. Ces « mairies du changement » peuvent néanmoins constituer des vitrines pour Podemos qui ne manque pas de mettre en avant leur bonne gestion. En une année d’exercice, la mairie de Madrid dirigée par l’ancienne juge antifranquiste Manuela Carmena a ainsi réduit la dette municipale de 38%.
L’adoption d’un nouveau modèle territorial est également l’une des principales tâches inscrites à l’agenda du parti. Teresa Rodríguez, figure de proue du courant anticapitaliste et secrétaire générale de Podemos en Andalousie, a fait part en novembre de sa volonté de constituer un Podemos Andalucía en autonomie vis-à-vis des organes centraux de la formation. Cette décision va dans le sens d’un processus de décentralisation déjà amorcé en Galice et en Catalogne, où Podemos est dilué dans des coalitions plus larges – respectivement En Marea et En Comú Podem. La décentralisation de Podemos, qui semble également faire consensus parmi les différents secteurs, devrait être concrétisée lors du prochain Congrès du parti annoncé pour le début de l’année 2017. L’objectif est double : faire coïncider l’organisation à la réalité plurinationale de l’Espagne régulièrement mise en avant par Podemos ; adapter les stratégies politiques aux contextes locaux pour mieux prendre en compte les enjeux spécifiques à chaque communauté autonome.
Enfin, c’est plus largement la stratégie à adopter pour faire de Podemos le principal parti d’opposition au Parti Populaire qui est au cœur des discussions. C’est sur ce point que s’expriment les divergences les plus fortes et que se confrontent notamment les orientations de Pablo Iglesias et d’Iñigo Errejón. En soutenant l’investiture de Mariano Rajoy quelques mois après avoir signé un pacte de gouvernement avec les socialistes, Ciudadanos et son leader Albert Rivera ont une fois de plus démontré l’ambiguïté de leur positionnement politique et ont perdu en crédibilité. Quant au PSOE, c’est plongé dans une profonde crise interne qu’il s’est abstenu pour laisser gouverner la droite conservatrice. Podemos semble donc disposer d’une légitimité et de marges de manœuvres suffisantes pour se positionner comme « premier parti d’opposition ». Mais les deux principales figures de Podemos proposent deux options stratégiques différentes – mais pas nécessairement incompatibles – pour mener la guerre de position face aux politiques d’austérité du nouveau gouvernement Rajoy. Pour le résumer de manière schématique, Pablo Iglesias défend l’idée d’un Podemos ancré dans les luttes sociales et soucieux de développer un discours d’opposition radicale à l’oligarchie, tandis qu’Iñigo Errejón considère que la priorité réside dans l’élaboration d’un projet politique alternatif et transversal capable de séduire une majorité de citoyens.
Pablo Iglesias : opposition sociale et pouvoir populaire
Lors de l’université d’été de Podemos en septembre 2016, Pablo Iglesias est monté au créneau face aux proches d’Iñigo Errejón qui considèrent que l’alliance avec Izquierda Unida a pu leur porter préjudice dans les urnes. Le secrétaire général estime qu’il n’en est rien, et valorise tout au contraire le rapprochement avec les autres formations de gauche radicale. Il appelle surtout à tisser des liens avec les mouvements sociaux au sein d’un espace commun pour donner corps à un nouveau « bloc historique », selon l’expression d’Antonio Gramsci.
Cette stratégie est exposée avec clarté dans un article publié par le journal Público, le 21 novembre. Pablo Iglesias y développe d’abord une analyse des limites du travail parlementaire. Il signale que Podemos doit faire face à une « triple alliance PP-PSOE-C’s » au sein du Congrès et que le gouvernement est en mesure d’opposer son veto à toute initiative des députés qui affecterait le budget. Il pointe ainsi l’impuissance parlementaire et le risque de normalisation que court Podemos en se centrant sur le travail institutionnel. Selon lui, Podemos doit s’atteler à construire une « opposition sociale » capable de reprendre la « grammaire politique » du mouvement des Indignés et des collectifs qui en sont issus, en insistant sur la dichotomie entre « les gens » et « les privilégiés ». « Nous avons besoin d’une organisation plus décentralisée, qui construise un mouvement populaire et des contre-pouvoirs sociaux en mettant son poids institutionnel au service de la société civile », explique-t-il.
Le secrétaire général peut ici s’appuyer sur la sociologie militante de Podemos, qui compte parmi ses rangs de nombreux citoyens combinant leur engagement partisan à d’autres formes d’activisme dans des associations ou des mouvements sociaux. La présence de ces militants multi-positionnés peut constituer un atout pour « creuser des tranchées dans la société civile », comme le revendique Iglesias, toujours dans cette lecture gramscienne de la guerre de position. Podemos doit donc investir pleinement le champ des luttes sociales pour réaffirmer sa singularité vis à vis de forces politiques traditionnelles engluées dans les débats parlementaires.
Ces dernières semaines ont vu Pablo Iglesias joindre les actes à la parole. Le 19 novembre, le secrétaire général prenait part à une manifestation devant le siège de l’entreprise Gas Natural Fenosa pour dénoncer la précarité énergétique. Le 2 décembre, il participait à un rassemblement devant le siège du Parti Populaire, convoqué par le syndicat Commissions Ouvrières en soutien aux travailleurs de Coca Cola. Il n’hésite pas non plus à substituer à la traditionnelle devise de Podemos « Sí se puede » (« Oui, c’est possible ») le slogan « Luchar, crear, poder popular » (« Lutter, créer, pouvoir populaire ») en référence explicite à la gauche et au mouvement ouvrier chiliens sous l’Unité populaire de Salvador Allende.
Iñigo Errejón : Transversalité et « Podemos gagnant »
Iñigo Errejón, qui a écrit en 2015 avec Chantal Mouffe un ouvrage fondamental à la compréhension des soubassements théoriques de Podemos (Construir Pueblo. Hegemonía y radicalización de la democracia) craint de voir le parti renouer avec les réflexes de la gauche traditionnelle. Selon lui et plusieurs autres intellectuels influents au sein de Podemos, comme Germán Cano ou Jorge Moruno, l’objectif principal consiste aujourd’hui à séduire une majorité de citoyens – « ceux qui manquent » – au-delà des étiquettes politiques. Les partisans de cette orientation rappellent d’ailleurs que Podemos s’est précisément constitué en rupture avec la culture d’une gauche traditionnelle dont les identités figées et les symboles désuets sont devenus un fardeau.
Ces intellectuels « errejonistes » peuvent s’appuyer sur les dernières données offertes par le baromètre du CIS (Centre de recherches sociologiques) au mois de novembre : alors que le PSOE, qui paie le prix de sa cacophonie interne et de son soutien indirect à l’investiture de Mariano Rajoy, chute de 6 points dans les intentions de vote, Podemos devient la deuxième force politique mais ne croit que de quelques décimales. Ils attribuent cette incapacité de Podemos à attirer massivement les électeurs socialistes désenchantés à la persistance d’un discours trop virulent et d’une identification trop marquée à la catégorie « gauche radicale ».
Pour Iñigo Errejón, tel qu’il l’exprime dans un article publié dans le 20 minutes espagnol, l’urgence est à « forger un Podemos qui gouverne l’Espagne ». « Je défends l’idée que nous devons miser sur un Podemos qui, loin de quelconque repli sur les identités du passé, continue de s’ouvrir et de se répandre », affirme-t-il. Le secrétaire politique de Podemos plaide ainsi pour une main tendue à tous les électeurs qui peuvent manifester une certaine sympathie pour les idées exprimées par Podemos sans pour autant leur accorder leurs voix. Il s’agit de « générer de la confiance », de construire un projet politique alternatif crédible et résolument transversal pour « articuler des secteurs très différents autour d’une nouvelle identité politique ». Là où Pablo Iglesias parle de constituer un « bloc historique du changement », Iñigo Errejón veut opter pour un Podemos « fort et indépendant », capable de tisser des alliances avec les autres acteurs du changement sans pour autant diluer l’essence du projet initial dans un espace qui les assignerait irrémédiablement à la gauche de la gauche de l’échiquier politique.
Vers un nouveau Congrès
Les débats entre ces deux visions distinctes se sont déjà matérialisés lors des primaires internes pour renouveler les conseils citoyens régionaux en Andalousie et dans la Communauté de Madrid. La large réélection de Teresa Rodríguez, soutenue pour l’occasion par Pablo Iglesias, face à la candidature « errejoniste » en Andalousie conforte la ligne « pabliste ». Il en va de même dans la Communauté de Madrid, où Ramón Espinar, le candidat « pabliste » également appuyé par le secteur anticapitaliste, l’a emporté face à la candidature soutenue par Iñigo Errejón.
Ces débats internes devront également être l’objet central du prochain Congrès de Podemos, le « Vistalegre II » attendu de longue date par les militants et prévu pour le début de l’année 2017. Le Conseil citoyen national se réunira le 17 décembre prochain pour déterminer l’organisation de cette deuxième Assemblée citoyenne du parti. Pablo Iglesias suggère d’en fixer la date au 10 février 2017, c’est à dire au moment même où le Parti populaire tiendra sa Convention nationale. Cette proposition s’inscrit dans la volonté de Podemos de tenir tête au PP et au gouvernement en s’affirmant comme première force d’opposition. « Il serait bon pour l’Espagne que les Espagnols puissent comparer simultanément les deux projets politiques des deux principales forces qui se révèlent en ce moment comme antagonistes et qui ont des projets complètement différents pour le pays », précise Pablo Iglesias. Iñigo Errejón a d’ores et déjà affirmé qu’il ne briguerait pas le secrétariat général de la formation, insistant sur la nécessité de privilégier la discussion autour des idées et des projets.
Ces deux orientations stratégiques ne datent pas d’hier, mais les désaccords s’expriment avec d’autant plus d’acuité que le parti entame une nouvelle phase de son histoire. Certains médias espagnols les ont parfois présentés de manière caricaturale, comme une opposition irréductible entre un “Podemos de la rue” porté par Pablo Iglesias et un “Podemos des institutions” défendu par Iñigo Errejón. La réalité est évidemment plus nuancée.
Les débats entre la ligne de Pablo Iglesias et celle d’Iñigo Errejón, qui relèvent tant de la pratique politique que de la controverse théorique, révèlent deux conceptions de la stratégie populiste à adopter dans ce nouveau cycle, deux variantes dans la manière d’envisager la dichotomisation de l’espace politique : l’une centrée sur la construction d’un sujet populaire façonné par les luttes sociales contre les privilèges de l’oligarchie ; l’autre axée sur l’articulation d’une pluralité de demandes politiques et sociales pour construire un nouveau « projet de pays » contre « ceux d’en haut ».
Au-delà de la méthode discursive, se pose bien sûr la question de l’investissement dans l’arène des luttes sociales et dans celle de la politique institutionnelle. Mais c’est davantage le positionnement du curseur, l’articulation entre les deux engagements qui fait débat plutôt qu’un choix exclusif entre l’une ou l’autre des options. Les débats qui traversent actuellement Podemos sont en réalité la manifestation d’une tension inhérente à la construction du parti, initialement conçu comme un relais politique aux revendications issues de divers mouvements sociaux apparus dans le sillage de la crise économique et du 15-M.
La présentation de ces différentes options pour le futur de Podemos ne doit donc pas amener à la conclusion hâtive d’une fracture irréconciliable entre deux courants antagonistes. Au-delà de leurs divergences, Pablo Iglesias et Iñigo Errejón sont amis et partagent tous deux un corpus de références communes ainsi que le souhait de consolider le patrimoine collectif que constitue Podemos. C’est aussi ce que désirent de nombreux militants, pour qui l’existence de ces deux lignes est essentielle à l’organisation, bien que certains anticapitalistes se montrent particulièrement critiques à l’égard d’Iñigo Errejón.
Au-delà des désaccords, l’émergence de ces débats sur la scène publique atteste de la centralité du parti dans le paysage politique espagnol. En deux années d’existence, Podemos a contribué à revitaliser le débat politique en Espagne et a permis de porter dans l’arène institutionnelle les aspirations de citoyens désabusés par une crise aux multiples facettes. En témoignent les trajectoires des deux concurrents à la direction de Podemos dans la Communauté de Madrid, Ramón Espinar (30 ans) et Rita Maestre (28 ans). En 2011, alors membres du collectif Juventud Sin Futuro, tous deux s’engageaient activement dans le mouvement 15-M pour la « démocratie réelle » et la justice sociale . Aujourd’hui, le premier porte ces revendications au Sénat, la seconde au conseil municipal de la ville de Madrid.
Crédits photos :
©Ahora Madrid https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Pablo_Iglesias_Ahora_Madrid_2015_-_05.jpg
©Podemos https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Presentación_de_PODEMOS_(16-01-2014_Madrid)_25.png
©Ahora Madrid https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Rita_Maestre_2015_(cropped).jpg