Derrière la « nécessité » des réformes, une rhétorique dépolitisante et antidémocratique

La dernière intervention télévisée d’Emmanuel Macron a martelé la « nécessité » de la réforme des retraites et n’a fait que répéter l’argumentaire développé par son gouvernement au cours des dernières semaines. Celui-ci reprend d’ailleurs presque mot pour mot les discours mobilisés aux quatre coins de l’Europe par les défenseurs de l’austérité budgétaire une dizaine d’années plus tôt, en pleine crise financière. Et pour cause : il appartient à la même matrice idéologique néolibérale.

« Ce n’est pas le gouvernement qui impose les sacrifices, c’est la nécessité. Nous n’avons pas d’autre règle ni de critère que ce que la nécessité nous impose. Nous ne faisons que ce que nous devons faire, que cela nous plaise ou non. Pour le gouvernement c’est une obligation, un principe basique de responsabilité vis-à-vis de son pays lorsqu’il doit prendre des mesures difficiles, et pour les groupes qui ne sont pas au gouvernement cela mesure leur capacité à prendre leurs engagements et responsabilités vis-à-vis du pays. Notre pays a choisi l’illusion que, alors que le monde changeait, il pouvait ne pas changer. Le coût de l’inertie, naturellement, s’est déplacé sur les épaules de nos enfants et petits-enfants jusqu’à arriver au moment de vérité. »

Contrairement aux apparences, ce ne sont pas là des morceaux choisis de l’interview qu’Emmanuel Macron a décidé d’accorder mercredi passé après l’utilisation de l’article 49.3 pour faire passer la réforme des retraites malgré la résistance de l’Assemblée et de la rue. Il s’agit en réalité d’un mélange de plusieurs interventions, énoncées par José Luis Zapatero (Espagne), Mariano Rajoy (Espagne) et Mario Monti (Italie) en pleine crise de la zone euro, entre 2010 et 2013, lorsqu’ils étaient aux commandes de l’exécutif de leur pays. L’enjeu était alors de convaincre des populations rétives d’avaler la « pilule amère » de l’austérité et d’accepter de « souffrir pour guérir », selon les mots du Président du Conseil italien de l’époque1.

Le fait même que les propos de trois acteurs distincts – un socialiste de la Troisième Voie, fidèle au républicanisme libéral, un représentant de la droite post-franquiste, et un technocrate aux affinités démocrates-chrétiennes – soient interchangeables au point de pouvoir former un texte suivi et « cohérent » indique clairement la présence d’une même matrice idéologique à l’œuvre. Qu’un œil distrait ait pu croire qu’il s’agissait là d’une transcription de la dernière prise de parole du Président français, tant la structure du raisonnement et les éléments de langage sont semblables, le confirme. Nous avons là affaire à un cas d’école de ce que le philosophe Michel Foucault appelait la « régularité dans la dispersion »2 : le discours néolibéral.

En marche contre la démocratie

Le propre de ce discours est d’occulter les fondements politiques – et donc contestables – sur lesquels il repose et de se présenter comme la simple administration d’un ordre naturel des choses. Les réformes qu’il défend le sont au nom de la nécessité – Rajoy parlait de « nécessité impérieuse », Monti d’« exigence vitale » – plutôt que d’une vision spécifique de la société et de l’arbitrage à opérer entre les différents intérêts qui s’y manifestent. Cette dimension impérative était patente dans l’intervention d’Emmanuel Macron, dominée par les verbes à connotation injonctive – « il faut », « nous devons » – et le vocabulaire de la contrainte. Les principaux ministres concernés n’avaient d’ailleurs que celle-ci a la bouche pour défendre la réforme, justifiée par des données supposément objectives et placées d’emblée hors du champ de la discussion politique : les évolutions démographiques et l’équilibre des comptes de la sécurité sociale.

« L’argument de la nécessité peut s’émanciper de tout contexte et devenir progressivement auto-suffisant. »

Dix ans auparavant, ce sont la gravité de la récession, le bon sens budgétaire et les contraintes européennes qui jouaient ce même rôle. Qu’importe : répété à l’envi, l’argument de la nécessité peut s’émanciper de tout contexte et devenir progressivement auto-suffisant. Les représentants du gouvernement peuvent alors simplement mentionner les « réformes nécessaires » sans avoir à rappeler ni les déterminants de cette nécessité, ni les particularités de son objet, ni les valeurs qui l’accompagnent. La nécessité se normalise au fil des interventions, profitant en cela de la répétition antérieure du « fait » démographique et budgétaire, qu’elle finit par porter avec elle comme un sous-entendu permanent et dont, au terme d’un matraquage, elle en vient à symboliser l’irréfutabilité supposée. C’est d’ailleurs à ce titre qu’Elisabeth Borne l’a invoquée pour ponctuer sa dernière déclaration devant l’Assemblée (« On ne peut pas faire de pari sur l’avenir de nos retraites, cette réforme est nécessaire »), sous un ton rendu martial par la volonté de couvrir les huées dont elle faisait l’objet.

Cette naturalisation d’une réforme au caractère éminemment politique est renforcée par le recours à d’autres registres lexicaux. Le discours d’austérité des années 2010 nous a ainsi enseigné l’art des métaphores pour mieux nous expliquer la « nécessité » de réduire la dépense publique : la construction équilibrée (consolidation), la mécanique fonctionnelle (ajustement) ou le corps sain (assainissement). Emmanuel Macron n’a pas tiré les plus visibles d’entre ces ficelles ; il n’aura cependant pas pu résister à la plus banale, la métaphore du voyage, qui représente l’action publique comme un déplacement en direction d’une destination. Il s’agissait donc, d’après le Président de la République, de garder le cap, d’avancer voire d’accélérer sur le chemin des réformes. Articulée au registre de la nécessité, cette métaphore permet d’effacer discrètement toute alternative, en présupposant la légitimité de la destination, l’existence d’une seule voie pour l’atteindre, et en rejetant ainsi toute forme d’opposition à une volonté de sortie de route ou d’« immobilisme ». Elle a d’ailleurs été érigée par le macronisme en slogan politique (En Marche !) qui condense à lui seul ses vertus dépolitisantes. On comprend, en effet, qu’un parti libéral puisse se différencier d’un parti conservateur ou qu’un parti socialiste se définisse en opposition à un parti libéral, mais imagine-t-on un mouvement politique qui se définirait comme allant à reculons ?

Dans ces conditions, si la réforme est son propre principe d’évidence, si son adoption est de l’ordre de la nécessité, son rejet ne peut être que le fruit d’une irréductible mauvaise volonté ou d’une erreur de jugement – voire, dans sa version coupable, d’un déni de réalité. C’est encore un registre discursif que Macron emprunte aux thuriféraires de l’austérité passée, lui qui exhorte les citoyens à « entendre la réalité » plutôt qu’à céder à une « forme d’illusion ». Son corollaire, bien entendu, est que l’activité de gouvernement ne serait finalement qu’un grand exercice de pédagogie, et que sa réussite ou son échec ne dépendraient que de sa capacité à « convaincre » et à « expliquer » – deux autres termes clés de l’allocution télévisée de Macron. L’art du bon gouvernement revient alors à regarder la vérité en face et à la dire « sans ornements ni excuses, même si elle fait mal », comme le recommandait Rajoy.

« Nos démocraties auraient la fâcheuse tendance à « vouloir s’abstraire du principe de réalité », d’après le chef d’État français. »

Or, nos démocraties auraient la fâcheuse tendance à « vouloir s’abstraire du principe de réalité », d’après le chef d’État français. Elles ont donc besoin d’être protégées d’elles-mêmes et de la tyrannie du court terme, au nom de l’intérêt général. Ce thème est bien sûr aussi ancien que la pensée anti-démocratique elle-même. Sans remonter jusqu’à Platon, on la trouve au cœur de la pensée néo-conservatrice et de sa « common pool theory » : la démocratie serait intrinsèquement inflationniste, vouée à succomber sous le poids des exigences toujours plus nombreuses et déraisonnables d’un peuple gourmand3. Ces « excès » de la démocratie et son court-termisme pathologique étaient d’ailleurs l’objet central du livre que Mario Monti a cosigné en 2012 avec Sylvie Goulard, alors eurodéputée et passée depuis à… LREM. Dans cet ouvrage au titre évocateur – De la démocratie en Europe. Voir plus loin – on pouvait notamment lire un passage des Federalist Papers dans lequel Alexander Hamilton déclarait : « Lorsque les vrais intérêts du peuple sont contraires à ses désirs, le devoir de tous ceux qu’il a préposés à la garde de ses intérêts est de combattre l’erreur dont il est momentanément la victime afin de lui donner le temps de se reconnaître et d’envisager les choses de sang-froid. »

Cette perspective ne s’en cache même pas : l’Union européenne a précisément pour vocation de tempérer la démocratie et de pousser les peuples à réaliser les efforts que l’orthodoxie économique impose. Cette dépossession démocratique passe par le découplage entre le lieu de la décision politique (politics) et celui de la mise en œuvre de l’action publique (policies), conséquence majeure, selon le politiste Christopher Bickerton, du passage de l’État-nation à « l’État membre »4. Depuis quelques années, cette tutelle sur les politiques économiques et budgétaires des États s’opère via le Semestre européen, mécanisme de coordination permanent entre les États et les institutions européennes, dont sont issues les « recommandations » adressées à la France concernant son système de retraites.

L’illusion de la responsabilité

Drôle de monarque républicain, cependant, que celui dont la volonté se plie à un simple bilan comptable. À l’en croire, Macron est pieds et poings liés par cette « nécessité » qui nous gouverne tous, il n’est que l’agent exécutant une logique qui le dépasse. À chaque ère son principe de neutralisation du conflit, comme l’avait remarqué le juriste Carl Schmitt5 : l’érection de la sphère économique en logique autonome, prévalant sur le moment de la décision politique, n’est que le succédané de cette suprématie de la sphère religieuse pour la monarchie de droit divin ou de celle des sciences et techniques pour le libéralisme classique. À ceci près que le chef de l’État français n’est ni le dernier descendant d’un lignage royal, ni le représentant d’une classe dont le suffrage censitaire garantit la légitimité exclusive à exercer le pouvoir, mais qu’il est supposé gouverner au nom du peuple dans son ensemble, duquel il tient son mandat.

Avec l’avancée du principe démocratique, une « dissolution des repères de la certitude » s’est opérée, d’après les mots du philosophe Claude Lefort : la sphère politique s’est progressivement autonomisée des autres champs d’activité sociale et est devenue sa propre source de légitimité6. Cela implique une constante réactivation de ses mythes fondateurs, comme la croyance en l’efficacité et en la représentativité de l’action publique7. Tout acteur autorisé du champ politique participe ainsi à une liturgie autour de la croyance selon laquelle l’action des gouvernants peut avoir prise sur le réel et tire sa légitimité du suffrage universel. Celle-ci détermine aussi, à l’inverse, des indicibles par excellence : qu’il soit au pouvoir ou dans l’opposition, aucun prétendant à l’exercice de l’autorité politique ne la déclarera impuissante ou illégitime en général.

C’est pourtant bien ce que le registre impératif accomplit en faisant étalage de la contrainte qui pèse sur l’action du gouvernement. Ce fatalisme apparent du discours néolibéral dès qu’il s’agit des réformes qu’il promeut heurte de plein fouet les croyances communes associées à l’autonomie du champ politique. Si la rationalité économique détermine une et une seule politique possible, pourquoi ne pas la confier directement à des économistes ? Si le social n’est pas ce terrain d’indécidabilité fondamentale, conférant un caractère primordial à la décision entre des choix alternatifs, que deviennent le rôle et la légitimité des acteurs politiques ? En endossant un tel discours, un chef d’État se trouve dans la position absurde de l’homme sciant la branche sur laquelle il est assis : il nie l’autonomie du champ politique dont il dépend pour se constituer en tant que sujet.

Cette tension, patente dans le discours, n’est que partiellement résolue par le tour de passe-passe rhétorique consistant à exalter le sens de la responsabilité de l’exécutif, son engagement à endosser l’impopularité en soumettant la population à des efforts difficiles. Ces sacrifices – ce discours comporte généralement une forte connotation rédemptrice, les réformes étant vues comme le rachat d’un comportement irresponsable dans le passé – ne seront d’ailleurs pas vains, si l’on en croit la parole présidentielle. Ils sont même la promesse d’un avenir radieux : dans le cas de la réforme des retraites, il s’agit ni plus ni moins que d’assurer la pérennité du système de sécurité sociale dans son ensemble, qu’on ne détruit donc que pour mieux préserver. Imperceptiblement, la nécessité se fait vertu : la réforme signale le courage et la détermination de celui qui la porte dans l’intérêt d’une population qui s’y oppose et s’inscrit dans un univers éthique qui place la solidarité intergénérationnelle en son cœur.

Puisque la réforme est naturelle, bonne, rationnelle, nécessaire, elle ne peut être définitivement enterrée mais uniquement postposée. Ne pas la faire maintenant, c’est condamner les générations futures à la réaliser sous une forme plus dure – elle est donc un cadeau du présent à l’avenir. Le raisonnement est alors directement calqué sur celui qui vise à justifier les politiques de réduction de la dette publique. Il y aurait pourtant une autre hypothèque sur le futur à dénoncer : c’est celle que le sociologue Wolfgang Streeck identifie dans le recours massif au crédit privé, cœur battant du capitalisme financiarisé, qui permet « d’acheter du temps » en compensant la baisse tendancielle des taux de croissance dans les économies post-industrielles8. Curieusement, celle-ci n’apparaît jamais dans le débat public.

Le bloc bourgeois en embuscade

Il est toujours difficile de mesurer l’efficacité d’un discours, sauf à mener des études approfondies sur sa réception. Le diptyque nécessité-responsabilité convainc-t-il ses destinataires ? Le sujet néolibéral est-il ce citoyen compréhensif, exécutant un acte d’attrition à la demande de ses gouvernants afin de laver le péché d’inflation de sa communauté9 ? La classe politique sera-t-elle récompensée de la lucidité et du courage qui la caractérisent face aux impératifs comptables, ou fera-t-elle les frais de l’ingratitude populaire, comme l’a récemment déploré Macron ? Dans le cas de la crise de la zone euro, le recul nous permet de tenter d’inférer l’efficacité de ce discours à partir des développements socio-politiques survenus au cours de la décennie suivante. Le tableau n’est guère reluisant pour les chantres de l’austérité : partout où se pose le regard – Grèce, Espagne, Italie –, les forces ayant joué de ce registre discursif ont été balayés ou ont manqué de l’être. L’exemple italien est remarquable à plus d’un titre : l’alternance entre Berlusconi et ses adversaires du centre-gauche, qui avait rythmé la compétition politique depuis le début des années 1990 et le Tangentopoli, a perdu de sa vigueur au profit de nouveaux acteurs : tentative de nationalisation d’une droite régionaliste, émergence spectaculaire d’une force populiste catalysant un ressentiment populaire massif, montée au gouvernement d’une extrême droite néo-fasciste, tentative de constituer un pôle centriste. Preuve, s’il en faut, qu’à chasser le politique, ce dernier revient au galop.

La France n’a pas été, au même titre que ses voisins du Sud, au cœur de la tourmente financière pendant la crise et n’a pas fait l’objet de la même coercition des marchés et des institutions européennes. Le mandat de François Hollande, axé sur les réformes structurelles (comme la « loi travail ») et le durcissement identitaire en réponse aux attentats perpétrés sur le sol français (loi de « déchéance de nationalité »), a pourtant joué un rôle équivalent. Ce quinquennat a porté le coup de grâce à la dynamique d’affrontement entre un bloc de gauche et un bloc de droite, qui avait organisé la vie politique du pays tout au long de la Vème République. Le bipolarisme de la compétition partisane s’est ainsi effacé au profit d’un jeu à trois, entre un bloc nationaliste, un bloc social-écologiste recomposé, et un « bloc bourgeois »10. L’opération de fusion du centre-gauche et du centre-droit en un bloc bourgeois, réalisée par Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle de 2017, est venue parachever la lente érosion de ces deux blocs, mais n’aurait cependant pas été possible sans la soudaine décrédibilisation de la gauche de gouvernement par son ralliement au même programme de réformes néolibérales promu par ses adversaires.

« Macron est donc un pur produit du tournant politique des années 2010. »

Macron est donc un pur produit du tournant politique des années 2010 : il est un Matteo Renzi ou un Albert Rivera dont le coup politique, par un mélange de circonstances favorables et de flair personnel, a parfaitement réussi. Prenant acte de la perte de consensus des deux forces principales du système politique, il a proposé la voie de la fusion comme stratégie de survie pour toutes les âmes raisonnables qui font de l’économie de marché et de l’intégration européenne les deux points cardinaux de leur engagement politique. Comme l’ont montré Bruno Amable et Stefano Palombarini, la configuration issue de ces multiples recompositions est passablement instable, aucun des trois blocs en compétition ne pouvant prétendre à l’hégémonie. Le partage de l’électorat en trois parts pratiquement égales était manifeste lors des dernières élections, présidentielle et législatives. Avec un quinquennat de recul, la stratégie macroniste est devenue de plus en plus claire : pourquoi s’évertuer à être hégémonique lorsque la position excentrée des deux autres blocs permet de gouverner par défaut, en tant que force minoritaire jouissant d’une position pivotale, en tablant sur l’apathie des abstentionnistes qu’aucune force ancrée dans la société ne semble à même de troubler ? C’est sans doute l’autre message qu’il faut retenir de son intervention. Le chef de l’État, abandonnant toute la retenue inhérente à sa fonction, s’est laissé aller à affirmer brutalement ce qui d’ordinaire reste implicite : ne jouant pas sa réélection dans quatre ans, il n’a cure de sa cote de popularité et est tout disposé à gouverner contre le pays.

À l’ère des formations politiques jetables, son impopularité personnelle peut même rejaillir sur l’étiquette partisane qui lui est associée. Son calcul, semble-t-il, est le suivant : il se trouvera de toute façon quelqu’un dans son propre camp qui, ayant eu l’habileté de garder une saine distance vis-à-vis de lui et la capacité de construire une machine électorale ad hoc pour soutenir sa candidature, pourra remporter la présidentielle au nom d’un changement de « méthode ». Autrement dit : il importe peu de savoir si le discours sur les retraites convainc. Il n’a pas besoin de convaincre, mais de rassurer les occupants d’une citadelle assiégée en montrant l’état de division et le manque de matériel d’assaut des divisions postées à ses pieds. À ce stade, il n’y a aucune raison de penser que l’équilibre des forces aboutisse à un autre résultat, tant que la désaffiliation, la démobilisation et/ou le vote pour l’extrême droite prévaudront au sein d’une grande partie des classes populaires. L’impuissance surjouée du gouvernement pourrait bien alors avoir pour égale celle de ses adversaires – à moins que, coup de théâtre, les grévistes et les manifestants s’organisent par-delà les mobilisations contre la réforme des retraites.

1. Richard Heuzé, “Interview avec Mario Monti: “Italie, souffrir pour guérir”, Politique internationale 137, 2012, pp. 233–42.
2. C’est ainsi que Michel Foucault définissait les « formations discursives », ces grandes matrices de discours sur l’être humain et la société, historiquement situées, dont son travail de recherche visait à faire la genèse et à dégager les principes d’unité (Michel Foucault, L’archéologie du savoir, Paris, Gallimard, 1969).
3. Sylvie Goulard et Mario Monti, De la démocratie en Europe. Voir plus loin, Paris, Flammarion, 2012.
4. Christopher Bickerton, European integration: From Nation-States to Member States, Oxford, Oxford University Press, 2012.
5. Carl Schmitt, La notion de politique, Paris, Flammarion, 1992.
6. Claude Lefort, Essais sur le politique. XIXe – XXe siècles, Paris, Seuil, 1986.
7. Christian Le Bart, « L’analyse du discours politique : de la théorie des champs à la sociologie de la grandeur », Mots. Les langages du politique, n°72, 2003, pp. 97-109.
8. Wolfgang Streeck, Buying Time: The Delayed Crisis of Democratic Capitalism, London and New York, Verso, 2014.
9. Liam Stanley, « ‘We’re Reaping What We Sowed’ : Everyday Crisis Narratives and Acquiescence to the Age of Austerity », New Political Economy, 19(6), 2014, 895-917.
10. Bruno Amable et Stefano Palombarini, L’illusion du bloc bourgeois : Alliances sociales et avenir du modèle français, Paris, Raisons d’agir, 2017.