Konbini, le média écolo financé par un pétrolier lié à la Macronie

© LHB pour LVSL

Il y a la façade : officiellement, Konbini est un média « engagé sur des sujets d’actualité, comme l’environnement » [1]. Et il y a l’arrière du décor : Konbini est détenu à 80.8 % par le géant pétrolier Perenco. Multinationale franco-britannique, elle a été épinglée à de nombreuses reprises pour ses pratiques de fraude fiscale et les ravages environnementaux qu’elle cause dans les pays du Sud. Plus récemment, les liens de Perenco avec la Macronie ont été pointés du doigt. La ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher n’est autre que la fille de l’ancien Directeur général du pétrolier. Une enquête de Disclose suggère qu’elle continue d’en bénéficier financièrement. Rien d’étonnant, donc, à ce que Konbini soit avare de critiques à l’encontre du gouvernement actuel et de l’industrie pétrolière… sauf lorsqu’il s’agit d’attaquer un concurrent de Perenco

Perenco, la low-cost du pétrole

Perenco se distingue des autres entreprises du secteur par ses rachats de gisements pétroliers ou gaziers en fin de vie, afin de les exploiter jusqu’à la dernière goutte. Cette pratique lui vaut le surnom de low-cost du pétrole [2]. Cette entreprise cherche ainsi à s’imposer sur le marché du pétrole en développant des modalités d’extraction lui permettant de tirer profit de gisements qui ne sont plus considérés comme suffisamment rentables par ses concurrents. Ce mode opératoire coûteux en termes sociaux et environnementaux explique l’extrême discrétion du groupe Perenco, qui a été jusqu’à retirer sa cotation en bourse et fait l’objet d’un nombre très limité d’articles dans la presse.

Au cours de l’année 2020, 3 salariés sont décédés sur des sites appartenant à Perenco au Cameroun, un chiffre particulièrement élevé par rapport à la moyenne du secteur.

L’extraction pétrolière repose par essence sur une logique de survalorisation du capital, mais Perenco la pousse à son paroxysme, en réduisant au maximum ses investissements dans la modernisation des équipements qu’elle rachète, ce qui génère des conséquences non négligeables sur les conditions de travail de ses salariés [3]. Une émission de Complément d’enquête consacrée au pétrolier met notamment en lumière le fait qu’au cours de l’année 2020, 3 salariés sont décédés sur des sites appartenant à Perenco au Cameroun, un chiffre particulièrement élevé par rapport à la moyenne du secteur qui traduit des défaillances évidentes dans le dispositif de sécurité mis en place par ce groupe [4].

Cette absence manifeste de prise en compte par Perenco des conséquences sociales et environnementales de ses activités s’est récemment traduite par son opposition affichée à la volonté du gouvernement péruvien de créer la réserve indigène de Napo Tigre.

Ce manque notable d’investissements dans la rénovation des sites exploités par Perenco génère par ailleurs d’importantes conséquences environnementales, comme en témoigne notamment un rapport co-élaboré en 2021 par le Ministère du Pétrole, du Gaz, des Hydrocarbures et des Mines du Gabon, ainsi que son homologue chargé des Eaux, des Forêts, de la Mer et de l’Environnement. Celui-ci fait état de quatre pertes de confinement sur des sites appartenant à cette entreprise, ainsi que de la présence de brut en pleine nature à proximité de deux autres gisements exploités par ce groupe. Cette absence manifeste de prise en compte par Perenco des conséquences sociales et environnementales de ses activités s’est encore récemment traduite par son opposition affichée à la volonté du gouvernement péruvien de créer la réserve indigène de Napo Tigre, en vue de reconnaître les droits des « peuples indigènes en isolement et contact initial » (Piaci) qui y résident [5].

En effet, il se trouve que ce territoire se trouve au cœur du bloc pétrolier 67 situé au sein du bassin de Marañón, détenu à 50% par le groupe Perenco. Si ces activités viennent déstabiliser l’organisation sociale des Piaci, tout en les exposant à de nouveaux types de maladies importées dans ces espaces par les employés de ce groupe pétrolier, ce dernier refuse de reconnaître officiellement l’existence de ces peuples. Le pétrolier remet alors en question la légitimité de ce projet gouvernemental, arguant du fait que : « En vertu de la loi péruvienne, Perenco devrait être inclus dans l’évaluation de l’affaire Piaci, ce qui ne s’est pas produit » [6]. Soucieux de conserver sa mainmise sur les gisements pétroliers qu’il exploite au sein de cet espace, il décide, au mois de mai 2022, de déposer une plainte à l’encontre du Ministère péruvien de la Culture, à l’origine de cette initiative. 

Agnès Pannier-Runacher est la fille de Jean-Michel Runacher, ancien directeur général de Perenco qui conserve des liens étroits avec cette société.

Cette volonté de s’appuyer sur des instruments juridiques en vue de limiter les marges de manœuvre d’un État n’est pas sans rappeler la plainte déposée par ce même groupe en 2008 auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) à l’encontre de l’État équatorien. Cette plainte fait suite à la décision de ce dernier d’accroître le taux d’imposition sur les bénéfices des multinationales pétrolières. Perenco considère alors que cette réforme porte atteinte à l’interdiction de toutes « mesures d’expropriation ou de nationalisation » contenue dans le traité bilatéral d’investissement (TBI) signé entre la France et l’Équateur en 1996.

C’est ainsi sur la base de la juridiction française que ce tribunal international rattaché à la Banque Mondiale condamne l’État équatorien, au mois de mai 2021, à régler 400 millions de dollars à Perenco Ecuador, filiale chargée de l’extraction pétrolière au sein du territoire équatorien, et ce, alors même que cette filiale réside aux Bahamas. C’est ainsi qu’une entreprise qui échappe déjà à l’imposition en France s’appuie paradoxalement sur la protection française en vue d’échapper également à toute forme de taxation de ses profits réalisés en Équateur, sans que cela ne suscite la moindre réaction de la part du gouvernement français.

Le fait qu’Agnès Pannier-Runacher, actuelle Ministre de la Transition énergétique au sein du gouvernement Borne, occupe alors le poste de secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie Bruno Le Maire, y est-il pour quelque chose ? Celle-ci est la fille de Jean-Michel Runacher, ancien directeur général de Perenco qui conserve des liens étroits avec cette société dans la mesure où il est l’un des trois membres du conseil d’administration du gestionnaire de fonds BNF Capital Limited, qui appartient à la famille de François Perrodo, dirigeant de Perenco [7].

L’absence totale de réaction de la part du ministère de l’Économie au moment même où celle-ci y occupe un poste clé et ne peut ignorer cette affaire au vu de ses relations familiales interroge.

Quoi qu’il en soit, ce scandale est révélateur du fait qu’outre la dégradation des conditions de travail de ses salariés et l’absence de prise en compte des conséquences environnementales de ses activités, l’évasion fiscale constitue le troisième pilier sur lequel s’appuie Perenco en vue de maximiser la survalorisation de son capital. Il se trouve que ce sont justement de telles pratiques d’évasion fiscale qui permettent à Perenco d’investir dans le capital de certains groupes tels que Konbini. 

L’entrée de Perenco au capital de Konbini et la réorientation de la ligne éditoriale

En effet, le magazine Capital indique que les 30,1 millions d’euros investis par la famille Perrodo dans le site Konbini en 2018 ne proviennent pas directement de l’entreprise Perenco. C’est une holding [8] luxembourgeoise nommée Ommirep TMT Holdings qui rachète pour un montant de 18,8 millions d’euros les actions détenues par le fonds Nexstage au sein de Konbini cette année-là [9]. Or, si les informations obtenues par Capital à ce sujet nous apprennent que cette holding appartient à trois sociétés résidant aux Bahamas, à savoir Tchack LtdAnnacha Ltd et Magny-Cours Ltd, il se trouve que les noms de François, Bertrand et Nathalie Perrodo se trouvent derrière ces entités aux pratiques opaques. En d’autres termes, le capital de la holding luxembourgeoise qui rachète au départ 61,8% du capital de Konbini appartient directement à la famille qui se trouve à la tête de Perenco.

Et ces derniers ne s’arrêtent pas là. Soucieux de renforcer leurs parts au sein de ce site en ligne, ils décident de prêter 3 millions d’euros supplémentaires à Konbini, ainsi que 6,8 millions d’euros correspondant à des actions convertibles. Par ailleurs, ils versent 1,5 millions d’euros à Ich Liebe Dich SAS, une holding appartenant à David Creuzot et Lucie Beudet, les deux fondateurs de Konbini.

Ces petites manœuvres permettent à Konbini de préserver son image de média engagé et alternatif tout en étant abreuvé de fonds obtenus au détriment de la sécurité des travailleurs, de la préservation de l’environnement et des finances publiques des États.

C’est ainsi que les Perrodo deviennent les premiers actionnaires de ce site en ligne en s’appropriant au total 79,7% de son capital en 2018, avant d’accroître encore leur part à 80,8% cet été, par le biais de la conversion de bons de souscription d’actions acquis en 2018. Ces petites manœuvres permettent à Konbini de préserver son image de média engagé et alternatif tout en étant abreuvé de fonds obtenus au détriment de la sécurité des travailleurs du secteur pétrolier et gazier, de la préservation de l’environnement et des finances publiques des États dans lesquels Perenco développe ses activités extractives. Le groupe Perenco semble tenir à la confidentialité de ses investissements médiatiques. Ils ont ainsi attaqué le site La Lettre A en justice pour diffamation, après ses révélations sur ses liens Konbini.

Or, l’entrée de l’un des groupes pétroliers les plus polluants au monde au sein d’un site qui prétend accorder une attention particulière aux questions environnementales conduit à réorienter de manière non négligeable les objectifs initialement poursuivis par ce dernier.

De ce point de vue, Capital souligne notamment le fait que la famille Perrodo ne se contente pas de s’approprier des parts significatives dans le capital du site, mais : « surtout, (…) semble apparemment s’investir de plus en plus dans les affaires de Konbini » [10]. L’entrée des Perrodo au sein du capital de Konbini se traduit ainsi par une réorientation significative de la ligne éditoriale de ce site, notamment caractérisée par la création de la chaîne Konbini News [11]. En effet, si ce site se consacre jusqu’alors principalement à la diffusion de contenus orientés vers le divertissement à des fins publicitaires, il affiche dès lors sa volonté de diversifier ses activités par le biais de la publicaton de nouveaux types de contenus plus orientés vers l’information, à l’image des reportages conduits par Hugo Clément qui se développent dans le cadre de cette nouvelle chaîne.

Seuls les concurrents directs de Perenco voient leurs activités dénoncées par ce média qui représente ainsi un instrument au service de la légitimation de ce groupe pétrolier.

Cette réorientation assumée vers le journalisme ne conduit cependant pas ce site à rompre avec son identité originelle. Konbini se signalait en effet déjà par une logique d’infotainment – un type d’informations orientées vers l’objectif de satisfaire un sponsor – avant l’arrivée de Perenco.

L’infotainment : un bras médiatique au service de la légitimation de Perenco

L’un des exemples les plus représentatifs de cette dynamique est la vidéo publiée sur la chaîne Konbini News le 8 avril 2018 en vue de dénoncer la défaillance d’un oléoduc sous-marin appartenant au groupe pétrolier Pertamina ayant conduit à une fuite de pétrole recouvrant 18km2 de la baie de Bornéo [12]. Si ce reportage semble simplement se contenter de retracer les faits ayant conduit à cet événement, il n’est pas interdit de relever qu’il vise un concurrent direct de l’entreprise Perenco.

En effet, au début de l’année 2017, soit un an auparavant, une réorganisation significative de l’extraction pétrolière s’opère au Gabon suite au retrait de groupes tels que les français Total et Maurel & Prom. Si Perenco rachète dans ce contexte près du quart des propriétés pétrolières de Total dans ce pays [13], augmentant sa capacité de production pétrolière à 72.000 barils par jour et confortant ainsi sa place de leader de la production pétrolière au Gabon, Pertamina s’approprie quant à elle 72% du capital de Maurel & Prom, dont la capacité de production s’élève alors à environ 28.000 barils par jour [14]. Konbini a-t-il permis à Perenco de discréditer un concurrent susceptible de fragiliser sa mainmise sur le pétrole gabonais ?

Bien sûr, aucun contenu de Konbini ne mentionne les conséquences sociales et environnementales des activités développées par Perenco. Seuls les concurrents directs de Perenco voient leurs activités dénoncées par ce média…

Si Perenco a recours à des instruments juridiques en vue de limiter les marges de manœuvre des États souhaitant réguler les activités pétrolières qui se développent au sein de leur territoire, ce groupe s’appuie également sur un bras médiatique qui ne traite les conséquences des activités pétrolières qu’à la lumière de la dénonciation des défaillances relatives aux activités développées par ses concurrents directs.

En réorientant de la sorte la ligne éditoriale de Konbini, la famille Perrodo offre ainsi un aperçu des instruments sur lesquels peuvent s’appuyer les groupes pétroliers en vue de défendre leurs intérêts et de conforter leur implantation au sein des territoires qu’ils exploitent. En effet, si Perenco a recours à des instruments juridiques en vue de limiter les marges de manœuvre des États en termes de régulation pétrolière, ce groupe s’appuie également sur un bras médiatique qui ne traite les conséquences des activités pétrolières qu’à la lumière de la dénonciation des défaillances relatives aux activités développées par ses concurrents directs. 

L’application à la sphère médiatique de la logique sur laquelle repose l’extraction pétrolière…

Le développement de ce type d’informations contribue à l’inverse à appliquer à la sphère médiatique la logique sous-jacente au développement de l’extraction pétrolière. En effet, cette réorientation de la ligne éditoriale de Konbini génère notamment des changements importants en termes de gestion du personnel, et en particulier des journalistes chargés de produire ce nouveau type de contenus.

En effet, dans la mesure où ces contenus informatifs restent orientés vers l’objectif de satisfaire des actionnaires ou sponsors ayant investi dans ce média en vue d’en tirer profit, ces journalistes sont contraints de produire des contenus courts susceptibles de créer le buzz en vue de favoriser une diffusion maximale au sein des réseaux sociaux. Dans cette perspective, l’objectif recherché est double puisqu’il s’agit, pour le sponsor ayant financé ces contenus, d’en tirer le maximum de profit par le biais de leur diffusion maximale, tandis que Konbini cherche à s’appuyer sur cette diffusion en vue d’attirer de nouveaux investisseurs.

« À propos de la Coupe du monde de football au Qatar, on voulait faire un article concernant les conditions de travail sur les chantiers (…) La rédactrice en chef a refusé, parce que Coca n’aurait pas accepté un tel sujet. »

Cependant, cette immersion d’investisseurs privés dans la production des contenus médiatiques diffusés sur ce site vient limiter les marges de manœuvre dont disposent les journalistes en termes de sujets abordés. A ce sujet, un rédacteur nommé Basile confie notamment au Monde diplomatique que : « À propos de la Coupe du monde de football au Qatar, on voulait faire un article concernant les conditions de travail sur les chantiers (…) La rédactrice en chef a refusé, parce que Coca n’aurait pas accepté un tel sujet. » [15] Cela traduit le fait que l’analyse approfondie des enjeux politiques, économiques et sociaux auxquels nous sommes confrontés est délaissée au profit de la satisfaction des sponsors.

Dans cette perspective, les journalistes de Konbini sont simplement encouragés à publier le plus de contenus possibles en vue de générer le maximum de profits et ce, avec des moyens financiers réduits à l’extrême. De ce point de vue, Hélène, rédactrice au sein de Konbini également interrogée par le Monde diplomatique, ajoute que : « Dans l’espace ouvert, on a du mal à trouver une place où s’asseoir pour travailler, par contre il y a des baby-foot. La blague, c’est de dire qu’on va retourner le baby pour en faire un bureau ! » 

On retrouve ainsi, dans les locaux de Konbini, la logique de réduction au maximum des investissements de Perenco dans la modernisation de ses équipements pétroliers et gaziers…

Konbini va ainsi jusqu’à intégrer la dénonciation même de l’exploitation des ressources pétrolières à ses sources de profit…

Nul besoin de préciser que le traitement, par Konbini, des catastrophes pétrolières, n’offrira au spectateur aucune clé de lecture approfondie de leurs causes. En les évoquant surtout par le biais d’images choquantes, Konbini cherche à maximiser la viralité de ses contenus sur les réseaux sociaux. Là où des groupes pétroliers intègrent les ressources naturelles dans une logique marchande, Konbini va ainsi jusqu’à y intégrer la dénonciation même de l’exploitation de ces ressources…

Notes :

[1] https://mediagroup.konbini.com/page/notre-histoire/

[2] Utilisé par l’émission Complément d’enquête dans un reportage consacré aux activités pétrolières développées par ce groupe au Gabon et au Cameroun. Voir « Perenco : la low-cost du pétrole », publié par l’émission Complément d’enquête le 21 octobre 2021.

[3] Le géographe Andréas Malm explique que, si les principales puissances économiques décident de fonder leur modèle énergétique sur l’exploitation du pétrole au XXe siècle, c’est en raison du fait que ces ressources constituent des “leviers de production de survaleur du capital” [4]. Autrement dit, elles permettent d’optimiser au maximum la mise en valeur du capital en démultipliant dans des proportions considérables la production d’un travailleur. De ce point de vue, Malm explique notamment que l’avantage des ressources pétrolières est qu’elles ne nécessitent que peu de main d’œuvre pour être extraites. En effet, dès lors que le gisement est creusé, il est possible d’en retirer des quantités considérables de pétrole, ce qui permet de maximiser la production du travailleur qui se charge de son exploitation. Le salaire perçu par ce dernier ne représente alors qu’une part de la valeur produite, le surplus venant renforcer le capital généré par ces activités.

[4] Complément d’enquête, op. cit.

[5] KERINEC Moran, « Au Pérou, le pétrolier français Perenco veut exploiter des terres indigènes », Reporterre, 03/09/2022 ; https://reporterre.net/Au-Perou-le-petrolier-francais-Perenco-veut-exploiter-des-terres-indigenes.

[6] COGNASSE Olivier, « Perenco conteste en justice la création d’une réserve de peuples autochtones en Amazonie », L’Usine Nouvelle, 07/09/2022 ; https://www.usinenouvelle.com/article/perenco-conteste-en-justice-la-creation-d-une-reserve-de-peuples-autochtones-en-amazonie.N2038307

[7] KERINEC Moran, « Au Pérou, le pétrolier français Perenco (…), op. cit. 

[8] Une holding est une société qui possède des participations financières, ainsi qu’un rôle de gestion et de direction au sein de diverses autres sociétés, sur la base d’un régime lui accordant un certain nombre d’avantages fiscaux. 

[9] HENNI Jamal, « Déficitaire et endetté, Konbini se place sous mandat ad hoc », Capital, 21/09/2020 ; https://www.capital.fr/entreprises-marches/konbini-se-place-sous-mandat-ad-hoc-1380937?fbclid=IwAR0hhk1DLl3F1Xn7eqeJRa13hLllR-LI09gzFi1Xq0QI6Q9Xv4K2-UtUo0I

[10] HENNI Jamal, « Déficitaire et endetté, Konbini (…), op. cit. 

[11] FastNCurious, « Comment interpréter le virage éditorial de Konbini ? », 14/02/2018 ;   http://fastncurious.fr/2018/02/14/interpreter-virage-editorial-de-konbini/

[12] Konbini News, « Dans la baie de Bornéo, 18km2 de pétrole recouvrent la mer », 08/04/2018 ;  https://www.facebook.com/konbininews/videos/385721065243404/

[13] Ouest France, « Au Gabon, le secteur pétrolier se réorganise sous tension », 27/02/2017 ; https://www.ouest-france.fr/economie/au-gabon-le-secteur-petrolier-se-reorganise-sous-tension-4825322

[14] Agence Cofin, « Le secteur pétrolier gabonais laisse peu de perspectives de croissance à court terme », 09/05/2017 ; https://www.agenceecofin.com/gestion-publique/0905-47183-le-secteur-petrolier-gabonais-laisse-peu-de-perspectives-de-croissance-a-court-terme

[15] EUSTACHE Sophie, TROCHET Jessica, « De l’information au piège à clic », Le Monde diplomatique, août 2017 ; https://www.monde-diplomatique.fr/2017/08/EUSTACHE/57804

[16] LE QUANG Matthieu, « La trajectoire politique de l’initiative Yasuní-ITT en Équateur : entre capitalisme vert et écosocialisme », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, n° 130, 2016, p. 105-121. 


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Internet : une si longue dépossession (1/2)

@maximalfocus

À l’occasion de la sortie du livre du théoricien critique Ben Tarnoff, Internet for the people, the fight for the future (Verso, 14 juin 2022), le journaliste spécialiste des conséquences politiques du numérique Hubert Guillaud nous propose de mieux comprendre les enjeux de la privatisation de nos biens sociaux (espaces de communications, services publics, industries…) par la numérisation à l’américaine et d’en retracer le fil historique. Un texte essentiel pour se repérer dans les grands enjeux contemporains d’internet (centralisation, décentralisation, articulation des différents réseaux et des différentes échelles, gouvernance privée versus gouvernance publique et intervention des citoyens dans ces transformations). (Partie 1/2)

Ben Tarnoff est un chercheur et un penseur important des réseaux. Éditeur de l’excellent Logic Mag, il est également l’un des membres de la Collective action in tech, un réseau pour documenter et faire avancer les mobilisations des travailleurs de la tech. 

Il a publié notamment un manifeste, The Making of tech worker movement – dont avait rendu compte Irénée Régnauld dans Mais où va le web ? -, ainsi que Voices from the Valley, un recueil de témoignages des travailleurs de la tech. Critique engagé, ces dernières années, Tarnoff a notamment proposé, dans une remarquable tribune pour Jacobin, d’abolir les outils numériques pour le contrôle social (« Certains services numériques ne doivent pas être rendus moins commodes ou plus démocratiques, mais tout simplement abolis »), ou encore, pour The Guardian, de dé-informatiser pour décarboner le monde (en invitant à réfléchir aux activités numériques que nous devrions suspendre, arrêter, supprimer). Il publie ce jour son premier essai,Internet for the people, the fight of your digital future (Verso, 2022, non traduit). 

Internet for the People n’est pas une contre-histoire de l’internet, ni une histoire populaire du réseau (qui donnerait la voix à ceux qui ne font pas l’histoire, comme l’avait fait l’historien Howard Zinn), c’est avant tout l’histoire de notre déprise, de comment nous avons été dépossédé d’internet, et comment nous pourrions peut-être reconquérir le réseau des réseaux. C’est un livre souvent amer, mais assurément politique, qui tente de trouver les voies à des alternatives pour nous extraire de l’industrialisation du net. Sa force, assurément, est de très bien décrire comment l’industrialisation s’est structurée à toutes les couches du réseau. Car si nous avons été dépossédés, c’est bien parce qu’internet a été privatisé par devers nous, si ce n’est contre nous. 

Nous sommes en train de passer du techlash aux technoluttes, d’une forme d’animosité à l’égard du numérique à des luttes dont l’objet est d’abattre la technologie… c’est-à-dire de dresser le constat qu’internet est brisé et que nous devons le réparer. 

« Les réseaux ont toujours été essentiels à l’expansion capitaliste et à la globalisation. Ils participent à la création des marchés, à l’extraction des ressources, à la division et à la distribution du travail. » Pensez au rôle du télégraphe dans l’expansion coloniale par exemple, comme aux câbles sous-marins qui empruntent les routes maritimes des colons comme des esclaves – tout comme les données et processus de reporting standardisés ont été utilisés pour asseoir le commerce triangulaire et pour distancier dans et par les chiffres la réalité des violences commises par l’esclavage, comme l’explique l’historienne Caitlin Rosenthal dans son livre Accounting for Slavery : Masters & Management.

« La connectivité n’est jamais neutre. La croissance des réseaux a toujours été guidée par le désir de puissance et de profit. Ils n’ont pas été conduits pour seulement convoyer de l’information, mais comme des mécanismes pour forger des relations de contrôle. » La défiance envers le monde numérique et ses effets n’a cessé de monter ces dernières années, dénonçant la censure, la désinformation, la surveillance, les discriminations comme les inégalités qu’il génère. Nous sommes en train de passer du techlash aux technoluttes, d’une forme d’animosité à l’égard du numérique à des luttes dont l’objet est d’abattre la technologie… c’est-à-dire de dresser le constat qu’internet est brisé et que nous devons le réparer. Pour Tarnoff, la racine du problème est pourtant simple : « l’internet est brisé parce que l’internet est un business ». Même « un internet appartenant à des entreprises plus petites, plus entrepreneuriales, plus régulées, restera un internet qui marche sur le profit », c’est-à-dire « un internet où les gens ne peuvent participer aux décisions qui les affectent ». L’internet pour les gens sans les gens est depuis trop longtemps le mode de fonctionnement de l’industrie du numérique, sans que rien d’autre qu’une contestation encore trop timorée ne vienne le remettre en cause. 

Privatisation partout, justice nulle part

Internet for the People, Ben Tarnoff
Ben Tarnoff, Internet for the People (Verso, 2022)

L’internet n’a pas toujours eu la forme qu’on lui connaît, rappelle Tarnoff. Né d’une manière expérimentale dans les années 70, c’est à partir des années 90 que le processus de privatisation s’enclenche. Cette privatisation « n’est pas seulement un transfert de propriété du public au privé, mais un mouvement plus complexe où les entreprises ont programmé le moteur du profit à chaque niveau du réseau », que ce soit au niveau matériel, logiciel, législatif ou entrepreneurial… « Certaines choses sont trop petites pour être observées sans un microscope, d’autres trop grosses pour être observées sans métaphores ». Pour Tarnoff, nous devons regarder l’internet comme un empilement (stack, qui est aussi le titre du livre de Benjamin Bratton qui décompose et cartographie les différents régimes de souveraineté d’internet, qui se superposent et s’imbriquent les uns dans les autres), un agencement de tuyaux et de couches technologiques qui le compose, qui va des câbles sous-marins aux sites et applications d’où nous faisons l’expérience d’internet. Avec le déploiement d’internet, la privatisation est remontée des profondeurs de la pile jusqu’à sa surface. « La motivation au profit n’a pas seulement organisé la plomberie profonde du réseau, mais également chaque aspect de nos vies en ligne ».

En cela, Internet for the people se veut un manifeste, dans le sens où il rend cette histoire de la privatisation manifeste. Ainsi, le techlash ne signifie rien si on ne le relie pas à l’héritage de cette dépossession. Les inégalités d’accès comme la propagande d’extrême droite qui fleurit sur les médias sociaux sont également les conséquences de ces privatisations. « Pour construire un meilleur internet (ou le réparer), nous devons changer la façon dont il est détenu et organisé. Pas par un regard consistant à améliorer les marchés, mais en cherchant à les rendre moins dominants. Non pas pour créer des marchés ou des versions de la privatisation plus compétitifs ou réglementés, mais pour les renverser »

« La “déprivatisation” vise à créer un internet où les gens comptent plus que les profits ». Nous devons prendre le contrôle collectif des espaces en ligne, où nos vies prennent désormais place. Pour y parvenir, nous devons développer et encourager de nouveaux modèles de propriété qui favorisent la gouvernance collective et la participation, nous devons créer des structures qui favorisent ce type d’expérimentations. Or, « les contours précis d’un internet démocratique ne peuvent être découverts que par des processus démocratiques, via des gens qui s’assemblent pour construire le monde qu’ils souhaitent ». C’est à en créer les conditions que nous devons œuvrer, conclut Tarnoff dans son introduction. 

Coincés dans les tuyaux

Dans la première partie de son livre, Tarnoff s’intéresse d’abord aux tuyaux en nous ramenant aux débuts du réseau. L’internet n’est alors qu’un langage, qu’un ensemble de règles permettant aux ordinateurs de communiquer. À la fin des années 70, il est alors isolé des forces du marché par les autorités qui financent un travail scientifique de long terme. Il implique des centaines d’individus qui collaborent entre eux à bâtir ces méthodes de communication. C’est l’époque d’Arpanet où le réseau bénéficie de l’argent de la Darpa (l’agence de la Défense américaine chargée du développement des nouvelles technologies) et également d’une éthique open source qui va encourager la collaboration et l’expérimentation, tout comme la créativité scientifique. « C’est l’absence de motivation par le profit et la présence d’une gestion publique qui rend l’invention d’internet possible »

C’est seulement dans les années 90 que les choses changent. Le gouvernement américain va alors céder les tuyaux à des entreprises, sans rien exiger en retour. Le temps de l’internet des chercheurs est fini. Or, explique Tarnoff, la privatisation n’est pas venue de nulle part, elle a été planifiée. En cause, le succès de l’internet de la recherche. NSFNet, le réseau de la Fondation nationale pour la science qui a succédé à Arpanet en 1985, en excluant les activités commerciales, a fait naître en parallèle les premiers réseaux privés. Avec l’invention du web, qui rend l’internet plus convivial (le premier site web date de 1990, le navigateur Mosaic de 1993), les entreprises parviennent à proposer les premiers accès commerciaux à NSFNet en 1991. En fait, le réseau national des fondations scientifiques n’a pas tant ouvert l’internet à la compétition : il a surtout transféré l’accès à des opérateurs privés, sans leur imposer de conditions et ce, très rapidement. 

En 1995, la privatisation des tuyaux est achevée. Pour tout le monde, à l’époque, c’était la bonne chose à faire, si ce n’est la seule. Il faut dire que les années 90 étaient les années d’un marché libre triomphant. La mainmise sur l’internet n’est finalement qu’une mise en application de ces idées, dans un moment où la contestation n’était pas très vive, notamment parce que les utilisateurs n’étaient encore pas très nombreux pour défendre un autre internet. D’autres solutions auraient pu être possibles, estime Tarnoff. Mais plutôt que de les explorer, nous avons laissé l’industrie dicter unilatéralement ses conditions. Pour elle, la privatisation était la condition à la popularisation d’internet. C’était un faux choix, mais le seul qui nous a été présenté, estime Tarnoff. L’industrie a récupéré une technologie patiemment développée par la recherche publique. La dérégulation des télécoms concomitante n’a fait qu’accélérer les choses. Pour Tarnoff, nous avons raté les alternatives. Les profits les ont en tout cas fermé. Et le «pillage » a continué. L’épine dorsale d’internet est toujours la propriété de quelques entreprises qui pour beaucoup sont alors aussi devenues fournisseurs d’accès. La concentration de pouvoir prévaut à tous les niveaux, à l’image des principales entreprises qui organisent et possèdent l’information qui passent dans les réseaux. Google, Netflix, Facebook, Microsoft, Apple et Amazon comptent pour la moitié du trafic internet. La privatisation nous a promis un meilleur service, un accès plus large, un meilleur internet. Pourtant, le constat est inverse. Les Américains payent un accès internet parmi les plus chers du monde et le moins bon. Quant à ceux qui sont trop pauvres ou trop éloignés du réseau, ils continuent à en être exclus. En 2018, la moitié des Américains n’avaient pas accès à un internet à haut débit. Et cette déconnexion est encore plus forte si en plus d’habiter loin des villes vous avez peu de revenus. Aux États-Unis, l’accès au réseau demeure un luxe. 

Pour Tarnoff, brancher plus d’utilisateurs dans un internet privatisé ne propose rien pour changer l’internet, ni pour changer sa propriété, ni son organisation, ni la manière dont on en fait l’expérience.

Mais l’internet privé n’est pas seulement inéquitable, il est surtout non-démocratique. Les utilisateurs n’ont pas participé et ne participent toujours pas aux choix de déploiements techniques que font les entreprises pour eux, comme nous l’ont montré, très récemment, les faux débats sur la 5G. « Les marchés ne vous donnent pas ce dont vous avez besoin, ils vous donnent ce que vous pouvez vous offrir »« Le profit reste le principe qui détermine comment la connectivité est distribuée »

Pourtant, insiste Tarnoff, des alternatives existent aux monopoles des fournisseurs d’accès. En 1935, à Chattanooga, dans le Tennessee, la ville a décidé d’être propriétaire de son système de distribution d’électricité, l’Electric Power Board. En 2010, elle a lancé une offre d’accès à haut débit, The Gig, qui est la plus rapide et la moins chère des États-Unis, et qui propose un accès même à ceux qui n’en ont pas les moyens. C’est le réseau haut débit municipal le plus célèbre des États-Unis. Ce n’est pas le seul. Quelque 900 coopératives à travers les États-Unis proposent des accès au réseau. Non seulement elles proposent de meilleurs services à petits prix, mais surtout, elles sont participatives, contrôlées par leurs membres qui en sont aussi les utilisateurs. Toutes privilégient le bien social plutôt que le profit. Elles n’ont pas pour but d’enrichir les opérateurs. À Detroit, ville particulièrement pauvre et majoritairement noire, la connexion a longtemps été désastreuse. Depuis 2016, le Detroit Community Technology Project (DCTP) a lancé un réseau sans fil pour bénéficier aux plus démunis. Non seulement la communauté possède l’infrastructure, mais elle participe également à sa maintenance et à son évolution. DCTP investit des habitants en « digital stewards » chargés de maintenir le réseau, d’éduquer à son usage, mais également de favoriser la connectivité des gens entre eux, assumant par là une fonction politique à la manière de Community organizers

Pour Tarnoff, brancher plus d’utilisateurs dans un internet privatisé ne propose rien pour changer l’internet, ni pour changer sa propriété, ni son organisation, ni la manière dont on en fait l’expérience. Or, ces expériences de réseaux locaux municipaux défient la fable de la privatisation. Elles nous montrent qu’un autre internet est possible, mais surtout que l’expérience même d’internet n’a pas à être nécessairement privée. La privatisation ne décrit pas seulement un processus économique ou politique, mais également un processus social qui nécessite des consommateurs passifs et isolés les uns des autres. À Detroit comme à Chattanooga, les utilisateurs sont aussi des participants actifs à la croissance, à la maintenance, à la gouvernance de l’infrastructure. Tarnoff rappelle néanmoins que ces réseaux municipaux ont été particulièrement combattus par les industries du numériques et les fournisseurs d’accès. Mais contrairement à ce que nous racontent les grands opérateurs de réseaux, il y a des alternatives. Le problème est qu’elles ne sont pas suffisamment défendues, étendues, approfondies… Pour autant, ces alternatives ne sont pas magiques. « La décentralisation ne signifie pas automatiquement démocratisation : elle peut servir aussi à concentrer le pouvoir plus qu’à le distribuer ». Internet reste un réseau de réseau et les nœuds d’interconnections sont les points difficiles d’une telle topographie. Pour assurer l’interconnexion, il est nécessaire également de « déprivatiser » l’épine dorsale des interconnexions de réseaux, qui devrait être gérée par une agence fédérale ou une fédération de coopératives. Cela peut sembler encore utopique, mais si l’internet n’est déprivatisé qu’à un endroit, cela ne suffira pas, car cela risque de créer des zones isolées, marginales et surtout qui peuvent être facilement renversées – ce qui n’est pas sans rappeler le délitement des initiatives de réseau internet sans fil communautaire, comme Paris sans fil, mangés par la concurrence privée et la commodité de service qu’elle proposent que nous évoquions à la fin de cet article

Dans les années 90, quand la privatisation s’est installée, nous avons manqué de propositions, d’un mouvement en défense d’un internet démocratique, estime Tarnoff. Nous aurions pu avoir, « une voie publique sur les autoroutes de l’information ». Cela n’a pas été le cas. 

Désormais, pour déprivatiser les tuyaux (si je ne me trompe pas, Tarnoff n’utilise jamais le terme de nationalisation, un concept peut-être trop loin pour le contexte américain), il faut résoudre plusieurs problèmes. L’argent, toujours. Les cartels du haut débit reçoivent de fortes injections d’argent public notamment pour étendre l’accès, mais sans rien vraiment produire pour y remédier. Nous donnons donc de l’argent à des entreprises qui sont responsables de la crise de la connectivité pour la résoudre ! Pour Tarnoff, nous devrions surtout rediriger les aides publiques vers des réseaux alternatifs, améliorer les standards d’accès, de vitesse, de fiabilité. Nous devrions également nous assurer que les réseaux publics locaux fassent du respect de la vie privée une priorité, comme l’a fait à son époque la poste, en refusant d’ouvrir les courriers ! Mais, si les lois et les régulations sont utiles, « le meilleur moyen de garantir que les institutions publiques servent les gens, est de favoriser la présence de ces gens à l’intérieur de ces institutions ». Nous devons aller vers des structures de gouvernances inclusives et expansives, comme le défendent Andrew Cumbers et Thomas Hanna dans « Constructing the Democratic Public Entreprise »(.pdf) (à prolonger par le rapport Democratic Digital Infrastructure qu’a publié Democracy Collaborative, le laboratoire de recherche et développement sur la démocratisation de l’économie).

Lire la deuxième partie de cet article.


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