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Une nouvelle guerre d’hiver pour la Russie ?

L’opération militaire est pour l’instant un désastre pour les autorités russes. Elle rappelle une guerre d’Hiver difficile et humiliante plutôt qu’une campagne-éclair pleinement réussie. La stratégie russe prévoyait une victoire rapide pour éviter sanctions et pertes civiles comme militaires. Se basant sur de fausses hypothèses et un contre-emploi de leur doctrine militaire, le résultat s’est avéré décevant. Face à cette situation, le pouvoir russe est au pied du mur. Deux options s’offrent à lui : la première est d’accepter une désescalade lors des négociations ; la deuxième, plus probable, consiste à accroître l’intensité de l’engagement, au prix d’une massification des pertes civiles comme militaires.

[NDLR : l’auteur de cet article effectue une veille du conflit ukrainien sur un compte d’Open Source Intelligence (OSINT) : https://twitter.com/GarryP40090847]

Le début de l’opération de guerre lancé par Vladimir Poutine est pour l’instant un désastre pour le Kremlin. La situation russe en Ukraine rappelle, contrairement aux références soviétiques de la Grande Guerre patriotique dans le discours de Vladimir Poutine, l’humiliante guerre d’hiver de 1940. L’Ukraine semble se situer dans une position victorieuse.

Toutefois, la situation ne semble pas si éloignée de la guerre du Karabakh, où l’Arménie paraissait, dans les deux premières semaines du conflit, résister face à un ennemi bien supérieure en termes financiers et militaires. Erevan a pourtant fini par s’écrouler et perdre la guerre. Il convient donc de prendre un certain recul et tenter d’analyser de manière froide le début de ce conflit en se penchant sur la stratégie russe, ses erreurs et enfin les perspectives d’évolution du conflit.

Nécessité d’une guerre éclair

Il faut tout d’abord revenir sur les raisons politiques qui ont conduit à l’invasion russe. Moscou entendait remplir deux objectifs. Le premier était de changer le pouvoir politique en Ukraine pour faire revenir Kiev dans sa zone d’influence. Le second était de neutraliser une force militaire hostile sur sa frontière ouest. Ces objectifs devaient s’accomplir à une vitesse éclair, pour deux raisons. Tout d’abord le Kremlin tient à préserver son électorat, issu majoritairement des strates les plus âgées de la société, lesquelles sont hostiles au conflit. Ces dernières, ayant connu l’URSS, ont du mal à considérer l’Ukraine comme à un ennemi à bombarder. Enfin, le chef d’État russe souhaite ne pas trop affaiblir l’économie russe en évitant au maximum les sanctions occidentales.

De tous les objectifs fixés par le Kremlin, aucun n’est aujourd’hui atteint (…) Ces erreurs révèlent les limites d’une conception de l’espace d’influence russe teintée de schèmes de pensée soviétiques

Ainsi, le pouvoir russe prévoyait tout d’abord de mener une guerre rapide pour jouer sur un l’effet de sidération du camp occidental afin de limiter les sanctions. À cela s’ajoute la nécessité de préserver les vies civiles ukrainiennes, sans quoi la mise en place d’un régime de substitution stable sera impossible. Enfin, dans une perspective de rendre le conflit inaudible en Russie il fallait, pour le Kremlin, éviter les pertes au sein des forces armées et contrôler la diffusion des images de guerre auprès de la population russe.

L’armée russe entendait briser les forces armées ukrainiennes par deux actions consécutives. La première était un bombardement par missile balistique des infrastructures militaires. Les Russes, dans les premières heures du conflit, ont visé en majorité les systèmes anti-aériens, les stations radars, les centres de commandement et de communication, les aéroports, les dépôts de munitions et les bases militaires ukrainiennes. Dans un second temps, Moscou entendait envoyer de petites unités pour saisir des points stratégiques (routes, carrefours et aéroports). Cette projection des soldats consistait à donner l’impression d’une avance rapide des forces armées russes tout en évitant des affrontements majeurs avec les forces armées ukrainiennes.

Pour installer un pouvoir politique favorable à Moscou, les Russes entendaient faire tomber la ville de Kiev le plus rapidement possible afin de décapiter le pouvoir politique ukrainien. Pour cela, un assaut majeur a été lancé sur la ville. L’encerclement de la capitale ukrainien devait être complété avec une prise rapide par les Spetsnaz (forces spéciales russes) des différents aéroports à l’extérieur de la ville. Ces derniers auraient permis d’être un point de déploiement pour une arrivée plus importante de troupes parachutistes russes.

Pour ce qui concerne l’opinion publique russe, les forces armées ont voulu limiter au maximum la diffusion d’information sur les réseaux sociaux. Si ce n’est pas confirmé, il est fort probable que les soldats russes aient eu l’interdiction de prendre leur téléphone portable lors du début des opérations. Cela explique le peu, voir l’inexistence, d’images filmées par des soldats russes à l’exception des milices séparatistes du Donbass. Les seules images diffusées par les Russes ne le furent qu’au travers de journalistes accrédités. Pour ce qui est de la communication des autorités en Russie, cette dernière est restée minimale en rendant confuse la proportion et l’étendue de l’opération militaire.

Désastre militaire

Les élites russes ont fondé leur pari d’une guerre rapide sur trois hypothèses qui se sont toutes révélées fausses. La première est que l’armée ukrainienne s’écroulerait sur elle-même au début de l’offensive. Les Russes se remémoraient un vieux constat, effectué lors de la guerre de 2014 à 2015 : les forces armées de Kiev étaient mal organisées et corrompues. Ils n’ont pas su comprendre les progrès réalisés par cette dernière grâce à l’aide occidentale. La deuxième hypothèse erronée est la capacité du pouvoir politique ukrainien à garder son sang-froid et à maitriser sa communication pour redonner espoir et montrer l’exemple. La dernière présomption invalide est que le peuple ukrainien accueillerait favorablement l’intervention, ou à tout le moins ne la combattrait pas activement. L’élite russe pensait que l’intervention d’agitateur politique suffirait à réveiller une large population prorusse qui se soulèverait pour soutenir l’action du Kremlin comme ce qui avait pu s’observer dans les principales villes de l’est de l’Ukraine (Odessa, Slaviansk, Kharkov, etc.) en 2014.

Ces erreurs d’analyse ont eu pour conséquence une entrée en guerre désastreuse. Elles révèlent les limites d’une conception de l’espace d’influence russe teintée de schèmes de pensée soviétiques. Pour la jeunesse russe et ukrainienne, la Russie et l’Ukraine sont bien deux nations différentes. La Russie se retrouve alors dans le pire des scénarios imaginables. De tous les objectifs fixés par le Kremlin, aucun n’est aujourd’hui atteint et tout ce qu’il pouvait craindre s’est produit.

Au niveau de la guerre informationnelle, le silence russe a laissé le champ ouvert aux autorités ukrainiennes. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a su en tirer profit. En plus d’avoir su endosser avec succès les vêtements du chef de guerre, il a réussi à susciter un véritable émoi dans l’opinion publique occidentale. L’armée ukrainienne en a également profité en publiant massivement les vidéos de pertes russes et de véhicules abandonnés. Cette guerre de l’image pourrait laisser croire que l’Ukraine sort vainqueure du conflit – si l’on oubliait que l’armée ukrainienne ne fait que reculer et n’a pas réussi à reprendre un seul territoire tombé aux mains des Russes. La stratégie de communication ukrainienne s’est aussi attaquée à la volonté russe de cacher le conflit à sa population. Les autorités politiques ont lancé pour cela le site « cherche les tiens » (ichi svoikh)1 cherchant à informer les familles russes du décès de leur fils.

La Russie est aujourd’hui dos au mur. Aux vues de l’antipathie à l’égard de l’envahisseur russe – même dans les régions russophones – il sera très difficile pour la Russie d’imposer un nouveau pouvoir pro-russe à Kiev

Sur le plan international, la Russie a perdu la bataille diplomatique. L’ensemble des populations occidentales soutient massivement les Ukrainiens. Les partenaires stratégiques de la Russie n’apportent à cette dernière qu’un timide soutien à la guerre en s’abstenant notamment de la condamner lors du vote de l’Assemblée Générale des Nations Unies2. La Russie qui espérait passer sous la plupart des sanctions se retrouve dans le pire des scénarios. L’Occident entend faire de la Russie un pays paria et étouffer son économie. Les propos du ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, qui affirme « vouloir mener une guerre économique et financière totale à la Russie […] pour provoquer l’effondrement de l’économie russe », sont en cela révélateurs. Aujourd’hui, sept des plus grandes banques russes ont été retirées du système SWIFT3 et l’Europe et les États-Unis ont effectué un gel des réserves de devise de la banque centrale russe à l’étranger4.

[NDLR : lire sur LVSL l’article de Frédéric Lemaire : « Sanctions contre la Russie, une arme à double tranchant » et celui de Julien Chevalier, Yannick Malot et Sofiane Devillers Guendouze : « SWIFT : l’arme atonique ? »]

L’Occident ajoute aux sanctions une forte aide militaire à l’Ukraine, notamment par la livraison de systèmes portable antiaérien (MANPAD) Stinger et de lance-missiles antichars (LRAC) FMG-148 Javelin5. Ces derniers pourraient être une vraie épine dans le pied de l’armée russe. Contrairement à l’équipement lourd pouvant être repéré et éliminé par des frappes aériennes, ces systèmes portables peuvent équiper n’importe quelle section d’infanterie. Elles permettraient aux forces ukrainiennes de garder une sérieuse capacité anti-aérienne et anti-blindée malgré des destructions matérielles importantes.

Le volet militaire n’est guère meilleur. Les forces armées russes n’ont pour l’instant pas réussi à prendre une seule ville majeure à l’exception de Kherson le 3 mars6, soit plus d’une semaine après de début des combats. L’armée russe fait face à une résistance inattendue par les forces ukrainiennes. Elles sont parvenues à détruire plusieurs ponts et voies ferrées, ralentissant considérablement leurs antagonistes. Cette résistance a permis à la population ukrainienne d’organiser sa propre défense – par la multiplication de checkpoints, de barrages routiers et d’ateliers de fabrication de cocktails Molotov. Une future guerre de partisans s’organise en Ukraine. Les embuscades sur les colonnes blindées russes sont pour l’instant réussies. Ce dispositif de combat évoque étrangement celui mis en place par les Finlandais lors de la guerre d’hiver.

La Russie semble avoir fait le choix d’une stratégie militaire hasardeuse7. Les forces armées russe n’ont, en ce début de conflit, que très peu utilisé certaines de leurs capacités les plus modernes et efficaces – l’artillerie, les moyens de guerre électronique ou l’aviation, sont presque absente en ce début de conflit. Par le choix d’envoyer de petites unités isolées sur le front et de limiter les barrages d’artillerie, les Russes semblent aller à l’encontre de leur doctrine de guerre de haute intensité. L’analyse des images relayée par les différents comptes d’open sources intelligence (OSINT)8 nous montre des colonnes de chars et d’artillerie seules, sans aucun soutien de l’infanterie ou l’inverse. Le résultat de cette tactique est sans appel : les petites unités russes se trouvent isolées et loin de leur groupe de départ. Dans le meilleur des cas, elles souffrent d’une logistique défectueuse et se voient obligées, en l’absence d’essence et de munition, d’abandonner leurs véhicules. Dans le pire des cas, elles sont souvent prises en embuscade ou incapables de tenir une position après une contre-attaque ukrainienne. L’artillerie, trop éloignée des troupes censées la couvrir, finit par être prise à partie par des unités ukrainiennes avancées.

Les résultats sont alors prévisibles, les pertes russes sont élevées, confirmées par les multiples vidéos publiés sur internet montrant des dizaines de véhicules russes abandonnés ou détruits. Selon le ministère russe de la Défense, 498 soldats russes seraient décédés dans les 7 premiers jours du conflit et 1600 autres auraient été blessés9. L’autorité ukrainienne affirme, au 4 mars, que les pertes russes sont de 9000 (morts, blessés, prisonniers)10. Le moral des soldats russes est quant à lui assez bas. La plupart des interviews de prisonniers suggèrent qu’ils n’ont pas été prévenus de la mise en place de l’opération. Ce cas est particulièrement voyant chez les jeunes Kontratniki (militaires professionnels russes) qui ne comprennent pas vraiment les raisons des combats.

Le devenir du conflit

La Russie est aujourd’hui dos au mur. Aux vues du sentiment national ukrainien et de l’antipathie envers l’envahisseur russe, et cela même dans les régions russophones, il sera très difficile pour la Russie d’imposer un nouveau pouvoir pro-russe à Kiev. Les pertes militaires russes sont importantes en ce début de conflits, au point de voir plusieurs hauts gradés de l’armée russe décéder lors du conflit comme le major général (général de brigade), Andrey Sukhovetsky11. Elles nourrissent un sentiment anti-guerre au sein de la société russe. L’annonce de Vladimir Poutine de donner 52.000 euros aux familles de soldats décédés12 en est un révélateur.

Si ce début de conflit ressemble effectivement à la guerre d’hiver de 1940, l’observateur avisé se souviendra que lors de cet affrontement, c’est l’Union soviétique qui a fini par l’emporter

Le cœur de l’électorat de Vladimir Poutine pourrait lui aussi se retourner contre lui. Composé d’un public âgé ayant vécu les années 90 en Russie, ce dernier laisse aisément passer les écarts de corruption et actes liberticides du régime pour une stabilité politique et financière. Les multiples sanctions occidentales pourraient briser ce statu quo et voir son électorat se retourner contre lui. Enfin, les élites russes commencent à elle aussi douter du pouvoir en place. La lettre ouverte des anciens et actuels étudiants du MGIMO13, université névralgique de l’élite poutinienne, en est un des signaux faibles.

[NDLR : Pour une analyse détaillée de ce point de vue, lire sur LVSL l’article de Guido Carpi : « Le chant du cygne de l’impérialisme russe ? »]

Deux perspectives semblent aujourd’hui s’offrir à elle. La Russie pourrait choisir la voie de la désescalade par la négociation. Moscou pourrait décider de négocier quelques gains territoriaux mineurs et une reconnaissance des territoires occupés depuis 2014. Bien peu des objectifs de départ seraient alors accomplis, pour un coût absolument gigantesque. Elle constituerait une victoire à la Pyrrhus.

Ce scénario reste pour l’heure peu probable. La situation pour Moscou ne peut guère se dégrader davantage, malgré la marge laissée par les sanctions occidentales. En outre, le pouvoir russe en sortirait humilié et Poutine serait menacé par sa propre élite militaire et sécuritaire. Comme décrit par l’auteur et journaliste indépendant russe, Mikhail Zygar, dans son livre Les hommes du Kremlin, le régime russe se caractérise par sa dimension oligarchique et clanique. Les Siloviki (politiciens et hauts fonctionnaires issus des institutions de défense et de sécurité) y détiennent une place importante. Ils sont surreprésentés dans le système russe et tiennent souvent une ligne plus dure, autoritaire et belliciste que les autres familles de l’élite russe.

Dans le cas d’un mouvement de recul de la présidence, ces derniers se retourneront contre lui. Vladimir Poutine se trouverait alors isolé et menacé par la fraction militariste de son élite. La mise en place d’un pouvoir plus dur serait alors d’actualité en Russie. Cette thèse est subtilement avancée par l’ancien ambassadeur russe en France, Alexandre Orlov, qui affirme sur Radio Classique que les Européens « regretteront Vladimir Poutine »14. Si les paroles de ce dernier doivent être prises avec grande précaution, Orlov étant un ancien diplomate russe, il éclaire néanmoins sur une possible évolution de la situation.

La deuxième perspective, la plus probable, est une montée en intensité du conflit. La résistance ukrainienne s’est maintenant organisée et solidifiée. Elle a élaboré une défense par ses forces conventionnelles des villes et routes. Les civils, par la mobilisation du gouvernement ukrainien, sont prêtes à résister à arriver des troupes russes. Par ces actions, les Ukrainiens on fait des villes les nouveaux points clé du conflit. Il n’est aujourd’hui plus possible pour l’armée russe d’éviter les affrontements violents. Dans ces conditions, la Russie se voit obligée de réajuster sa stratégie militaire. Moscou, qui mettait un point d’honneur à ne pas recourir à des bombardements massifs, commence à changer de doctrine. À Kharkov et Kiev, où l’armée russe est le plus en difficultés, on observe un recours de plus en plus récurrent à des bombardements massifs par des lance-roquettes multiples.

S’ils étaient rares en début de conflit, l’utilisation des frappes aériennes se multiplie depuis début mars et cela avec des appareils plus modernes (Su-34 et MiG-31K). Cette tendance risque de se généraliser à l’ensemble du front. Par ces éléments, Michael Kofman, Directeur du programme de recherche sur la Russie au CNA, affirme que Moscou est en train de réajuster sa stratégie et semble se diriger vers leur modèle traditionnel de guerre à haute intensité. Les premiers signes sont déjà présents sur le terrain. Les bombardements seront donc plus massifs, les affrontements plus violents et les pertes civiles comme militaire seront bien plus élevées.

Dans le cas de cette dernière perspective, Kiev finirait irrémédiablement par perdre la guerre. L’armée russe, au 2 mars, était en effet loin d’avoir engagé la majorité de ses forces. Selon Michael Kofman15, c’était seulement la moitié des effectifs russe qui aurait été déployés dans le conflit [NDLR : le Pentagone a annonce le 8 mars que la totalité des troupes russes était entrée en Ukraine]. Les forces armées russes rajustent leur stratégie et reprendront l’offensive de manière bien plus brutale. En outre, au vu des bombardements russes, il ne fait pas de doutes que l’Ukraine souffre de pertes substantielles, tant en terme humains que matériel. Le simple fait que l’Ukraine ait accepté de négocier en Biélorussie, pourtant alliée de la Russie et actrice de l’invasion, est symptomatique de la mauvaise posture de Kiev dans la guerre.

Si ce début de conflit ressemble effectivement à la guerre d’hiver de 1940, l’observateur avisé se souviendra que lors de cet affrontement, c’est l’Union soviétique qui a fini par l’emporter. Les affrontements conventionnels et symétriques se gagnent davantage par le déploiement de forces militaires et financières que par l’opinion publique. À ce jeu-là, Moscou est de loin plus fort que l’Ukraine.

Notes :

1 https://200rf.com/

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2 https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/03/03/resolution-a-l-onu-contre-la-guerre-en-ukraine-qui-a-vote-pour-ou-contre-et-qui-s-est-abstenu_6115936_4355770.html

3 https://www.reuters.com/business/finance/eu-excludes-seven-russian-banks-swift-official-journal-2022-03-02/

4 https://www.latribune.fr/economie/international/ukraine-l-union-europeenne-va-bloquer-les-transactions-de-la-banque-centrale-russe-904989.html

5 https://www.lefigaro.fr/international/les-missiles-javelin-stinger-et-nlaw-cauchemar-des-forces-russes-20220305

6 https://www.abc.net.au/news/2022-03-03/kherson-becomes-first-ukraine-city-seized-russian-forces/100877618

7 https://www.youtube.com/watch?v=zXEvbVoDiU0

8 https://warontherocks.com/2022/02/interpreting-the-first-few-days-of-the-russo-ukrainian-war/

9 Потери России во время спецоперации составили 498 человек. Украиныболее 2,8 тыс. – Армия и ОПКТАСС (tass.ru)

10 The Kyiv Independent sur Twitter : “Indicative estimates of Russia’s losses as of March 4, according to the Armed Forces of Ukraine. https://t.co/d5NbS3A6aP” / Twitter

11 https://www.independent.co.uk/news/world/europe/ukraine-russia-kill-andrei-sukhovetsky-b2027858.html

12 https://www.vedomosti.ru/society/news/2022/03/03/911997-putin-poobeschal-semyam-pogibshih-voennih-na-ukraine-po-74-mln-rublei

13 https://docs.google.com/forms/d/1iy2fpRoPdhWljbsF_aoxifisIZGGMh4KHMsO-MPISVU/viewform?edit_requested=true

14 https://video.lefigaro.fr/figaro/video/alexandre-orlov-explique-pourquoi-les-europeens-regretteront-vladimir-poutine-a-son-depart/?fbclid=IwAR2qVjkFSehqnnOV1S7C3e8TFRpP8fkiEZfH8wWN2rBiIEDHgLjivLSaQUs

15 https://warontherocks.com/2022/02/interpreting-the-first-few-days-of-the-russo-ukrainian-war/