Information LVSL – Alors que Manuel Valls et Benoît Hamon concourent pour l’obtention de l’investiture du Parti Socialiste, le Président de la République, jusque là réservé sur la question du candidat auquel il apporterait son soutien, a choisi son camp. L’Elysée et le Quai d’Orsay ont en effet organisé en sous-main le déplacement d’Emmanuel Macron au Liban, l’occasion pour ce dernier de se donner une stature internationale et d’organiser quelques levées de fonds.
Emmanuel Macron a bénéficié d’une aide active de l’Élysée, du Ministère des Affaires étrangères et de l’Ambassade de France au Liban lors de son déplacement à Beyrouth des 23 et 24 janvier, selon plusieurs sources concordantes. La visite de l’ancien ministre de l’économie et actuel candidat à l’élection présidentielle au Liban a été rythmée par plusieurs temps forts, grâce à quelques coups de pouce de l’État français.
Il a pu donner une conférence à l’École supérieure des Affaires de Beyrouth, lundi 23 au soir, devant un parterre de personnalités françaises présentes au Liban. Initialement réticent à donner une tribune à un homme politique en campagne, le directeur de l’école fondée dans le cadre d’un partenariat entre la France et le Liban, Stéphane Attali, aurait finalement accepté d’organiser cette conférence suite à un appel du ministère français des Affaires étrangères, selon une source anonyme. L’ambassadeur de France au Liban, Emmanuel Bonne, était assis au premier rang.
A noter également, l’introduction de la conférence par le journaliste Emmanuel Chain, qui n’a pas tari d’éloges envers la candidat à l’élection présidentielle… Alors même qu’il a produit le documentaire « Emmanuel Macron, la stratégie du météore », diffusé il y a quelques semaines sur France 3, une chaîne du service public.
Rencontres au sommet et levées de fonds
Emmanuel Macron aurait également pu rencontrer le Président libanais Michel Aoun, le Premier ministre Saad Hariri et le patriarche maronite Béchara Raï grâce à l’intervention de l’Élysée, selon cette même source.
L’ambassade de France a également joué un rôle puisque le candidat à la présidentielle a été logé au sein de la Résidence des Pins, résidence officielle de l’ambassadeur de France.
Il a également participé à deux repas de levée de fonds. Une place dans l’un de ces dîners aurait coûté de 10 000 à 15 000 euros selon une source, un chiffre surprenant, étant donné le plafond légal de 4600 euros de dons individuels pour une campagne présidentielle et de 7500 euros pour un parti politique. Le premier réunissait des personnalités politiques libanaises, tandis que l’assistance du second était composée de dirigeants des milieux économiques, selon plusieurs sources. Ces repas, qui auraient accueilli une centaine de convives chacun, ont eu lieu dans une galerie d’art du quartier de Mar Mikhaël. Ils devaient initialement se dérouler au domicile de Jean Riachi, banquier d’affaire libanais, avant un changement de programme pour des raisons d’image, selon une source anonyme. Jean Riachi, camarade de promotion d’Emmanuel Chain à HEC, aurait joué un rôle central dans l’organisation de la visite d’Emmanuel Macron au Liban, grâce à l’entremise de l’ambassade, poussée par le Quai d’Orsay.
Cette visite a permis à Emmanuel Macron de continuer à lever les fonds nécessaires pour sa campagne, ainsi que de se donner une stature internationale jusque là absente. Elle met surtout en lumière l’engagement direct de l’administration Hollande pour ce candidat, alors que le Président de la République n’a pas encore pris position concernant l’élection présidentielle à venir.
On sait depuis octobre qu’Emmanuel Macron dispose de réseaux au Liban, grâce à l’aide du franco-libanais Bernard Mourad. L’ancien directeur général adjoint du pôle médias du groupe SFR et banquier d’affaire chez Morgan Stanley avait alors rejoint le mouvement En Marche. L’État français lui aura donc permis d’étendre ses réseaux libanais.
Un piège tendu par la droite
Ce soutien de l’Élysée à Emmanuel Macron était, au sein de nombreux milieux, un secret de polichinelle. Alain Marsaud, député LR de la 10ème circonscription des Français de l’étranger, qui comprend le Liban, était tout à fait au courant de l’aide fournie à Emmanuel Macron. Il a choisi de laisser la visite se dérouler, afin de pouvoir révéler le scandale et attaquer le Président de la République.
Emmanuel Macron ne cesse de répéter que son mouvement “En Marche” ne bénéficie pas de fonds publics. Le mensonge apparaît de plus en plus flagrant : le soutien de l’Elysée à l’ancien Ministre de l’économie semble indéniable. S’ajoutant à nos informations, le livre Dans l’enfer de Bercy (éd. JC Lattès) des journalistes Frédéric Says et Marion L’Hour, qui sort aujourd’hui, montre que Macron s’est servi de fonds publics pour lancer son mouvement.
Après avoir longuement hésité et sous la pression de son Premier Ministre de l’époque, le Président de la République François Hollande a finalement jeté l’éponge et a renoncé à se porter candidat la présidentielle 2017 au profit de Manuel Valls, qui, malgré les tensions et la rivalité entre les deux hommes, fait figure d’héritier. Alors que son ancien Premier ministre est empêtré dans une primaire qu’il lui sera difficile de gagner, ces faits mettent en lumière le soutien du président à un candidat qui n’est même pas issu du Parti Socialiste, sa propre formation politique, et ce, grâce aux moyens de la République.
Edit 18h02 : Nous publions ci-dessous le droit de réponse du service Presse d’En Marche :
La responsable communication jointe par téléphone cet après-midi affirme ne pas connaître le directeur de l’école d’affaires, aussi ne peut-elle pas répondre de ses intentions. Elle qualifie les accusations portées à l’encontre d’E. Macron de “fantaisistes”. “Je ne sais pas qui a pu vous dire ça” ; “Nous démentons tout traitement exceptionnel” a-t-elle déclaré. Elle ajoute qu’il ne peut pas y avoir eu de repas sauf à en organiser un à 4h du matin. Il y a eu seulement des cocktails dans la galerie d’art Agial. La presse était présente d’après elle.
Emmanuel Macron n’était selon elle pas logé à la résidence des Pins, mais à l’hôtel. Il a averti les autorités françaises comme il le fait à chaque déplacement, la préfecture en France, les ambassades à l’étranger. Les seules facilités mises à disposition par les pouvoirs publics sont pour loger sur la base aérienne en Jordanie qu’il visite aujourd’hui, c’est obligatoire d’être contrôlé par le ministère de la défense pour ça.
Elle dément aussi “complètement” l’aide pour les rencontres. “On s’appuie sur nos propres contacts” : pour les rencontres, c’est organisé par Mme Bariza KHIARI présidente du groupe d’amitié franco-libanais au Sénat.
Edit 22h01 : France TV info produit dans un article les démentis de l’Elysée et du Quai d’Orsay.