Après l’affaire des sous-marins, quel avenir pour la France en Indo-Pacifique ?

© Aymeric Chouquet pour Le Vent Se Lève

L’affaire des sous-marins, fruit du jeu des puissances, entre faux alliés et vrais ennemis, vient ébranler un peu plus la stratégie élyséenne en Indo-Pacifique. En outre, le troisième, et dernier référendum d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie, le 12 décembre prochain, renforce d’autant plus l’incertitude sur les capacités françaises dans la zone. La France se découvre ainsi, et de jour en jour, en puissance moyenne du nouvel ordre mondial. La classe politique française affiche un patriotisme de circonstance, mais refuse de tracer les contours d’une rupture avec l’atlantisme.

 Une idylle qui avait pourtant bien commencé

 « Nous nous sommes mariés avec l’Australie pour cinquante ans » voilà le résumé que faisait le ministre des Affaires étrangère, Jean-Yves Le Drian, au micro d’Europe 1 le matin du 26 avril 2016. Tous les voyants étaient alors au vert, Naval Group et la France venaient de réaliser le coup du siècle. L’Australie s’engageait dans l’achat de 12 sous-marins, de type Shortfin Barracuda, pour 35 milliards d’euros. Les adversaires de Naval Group et de la France sur ce contrat n’étaient autre que les Allemands de TKMS et un consortium japonais autour de Mitsubishi Heavy Industries et Kawasaki Heavy Industries.

De cet environnement de requins, entre industries allemandes et nippones, Naval Group dont le capital appartient à 65% à l’État français, et 35% à Thales, a su tirer son épingle du jeu face à l’inexpérience japonaise en matière d’exports militaires et allemande dans la construction de gros sous-marins, 4000 tonnes pour le shortfin barracuda contre 2000 pour les engins habituellement vendus par le leader mondial, TKMS. A contrario, les réussites de Naval Group en Inde et au Brésil avec des ventes incluant un transfert de technologie et l’excellence française en matière de technologies militaires, notamment le sonar de Thalès, a grandement rassuré et convaincu Canberra à l’époque.

« Nous nous sommes mariés avec l’Australie pour cinquante ans »

Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères

Cinq ans après la signature de ce contrat, l’Australie rejoint l’alliance AUKUS composée des États-Unis et du Royaume-Uni, et renonce unilatéralement aux sous-marins français, lui préférant les sous-marins à propulsion nucléaire de la marine américaine, qui sont pourtant les alliés de la France… Avec ce coup de force politique et diplomatique, Joe Biden s’inscrit dans les pas de son prédécesseur Donald Trump, aux tweets compulsifs.

L’Australie dont l’appareil industriel et militaire fait défaut pour de telles constructions recevra les appareils clé en main, sans aucune coopération industrielle entre les deux États. Au contraire du précédent contrat avec Naval Group qui laissait un espace important aux transferts de technologies de la France vers l’Australie. Toutefois par son action, l’Australie se place un peu plus sous l’égide des États-Unis, notamment en réaction aux tensions grandissantes avec la Chine.

À la suite de ces annonces, Emmanuel Macron a ordonné le rappel des ambassadeurs aux États-Unis et en Australie pour consultation. Puis, le 22 septembre dernier, lors d’un appel téléphonique, les deux présidents se sont fendus d’un communiqué commun en forme de cadeau diplomatique fait à Emmanuel Macron, afin de ne pas perdre la face en politique interne à moins d’an des élections présidentielles.

De surcroit, la classe politico-médiatique française semble redécouvrir à chacune de ces affaires, que nos alliés de Washington n’en sont pas vraiment. Cette affaire provoque, comme d’habitude, un brouhaha médiatique aussi puissant qu’il est court avant de s’éteindre par le refus d’aller au-delà du coup d’éclat diplomatique. « Fool me once, shame on you. Fool me twice shame on me »

Du contrat du siècle à l’affaire des sous-marins : faux alliés et vrais ennemis

Les relations qu’entretiennent l’Australie et la Chine ne sont pas étrangères à la prise de position unilatérale de Canberra en faveur des sous-marins à propulsion nucléaire.

En effet, depuis quelques années les relations entre les deux pays se sont tendues. L’importance prise par la Chine dans l’économie australienne au fil des années s’est considérablement accrue, 40% des exportations australiennes se font en direction de la Chine. Ce sont de nombreux produits agricoles et miniers qui transitent entre les deux pays. Également l’agressivité chinoise via des cyber attaques ou le financement de partis politiques pour influencer la vie politique locale, confirmé par le dernier rapport de l’IRSEM, a poussé le gouvernement australien à mettre des mesures de restriction face à la percée de Pékin.

Le Covid-19 sera le point de bascule de la tension entre les deux États, quand le Premier ministre australien a publiquement demandé une enquête indépendante sur les conditions d’émergence du virus à Wuhan. Cette demande insistante a provoqué l’ire de Pékin qui, en représailles, a instauré des droits de douanes sur de nombreux produits venus d’Australie.

Bien évidemment, la Chine, qui était au cœur de la décision de renouvellement de la flotte sous-marine de l’Australie, est aussi le facteur de ce changement de partenaire militaire pour l’île continent. La Chine dont les velléités hégémoniques sur la zone ne sont plus à démontrer, d’une part pour ses Nouvelles routes de la soie et, d’autre part, parce que le trafic maritime passe majoritairement par le Pacifique. Ses mouvements sont ainsi scrutés par tous les acteurs de la zone, notamment les États-Unis dans l’objectif de contenir l’expansion chinoise.

Ce revirement de Canberra s’appuie certes sur les craintes vis-à-vis de la chine mais également sur des relations fortes avec les grands pays anglo-saxons. Ces relations se formalisent autour de l’alliance des Five Eyes depuis 1955. Cette dernière est un vaste programme de coopération entre les services de renseignement des États-Unis, du Canada, de la Nouvelle-Zélande, de l’Australie et du Royaume-Uni. Les Five Eyes avaient, en outre, été très actifs dans les écoutes généralisées orchestrées par la NSA et révélées par Edward Snowden.

Sur la base de ces anciennes alliances QUAD[1], Five Eyes et la France, les États-Unis de Joe Biden construisent petit à petit un nouvel OTAN pacifique avec l’objectif clair de cerner la Chine. Les récentes opérations conjointes avec le Japon, l’Australie, la France montrent une volonté d’intensifier les coopérations militaires de la zone avec la Chine en ligne de mire.

Le pivot américain, débuté lors du second mandat de Barack Obama, se confirme et s’accentue.

La France en Indo-Pacifique, une stratégie de l’impuissance ?

L’Australie est un acteur important de la stratégie indopacifique française. Emmanuel Macron n’a eu cesse de répéter l’importance de l’axe Paris, New Delhi, Canberra lors de son déplacement sur l’île continent. C’est à ce titre que tout avait été mis en œuvre par les officiels français pour s’octroyer ce gros contrat avec l’Australie.

Patrick Boissier, rappelait cruellement lors d’une audition en 2016, à l’Assemblée nationale, que les forces à disposition pour surveiller le territoire maritime français est « à peu près l’équivalent de deux voitures de police pour surveiller le territoire de la France. »

Or, et depuis la conclusion de contrat en 2016, de nombreux éléments laissaient penser que des acteurs hostiles à Naval Group agissait pour discréditer le fleuron français auprès du gouvernement australien, via des campagnes de presse et du lobbying. C’est une véritable guerre de l’information qui fut menée au détriment de Naval Group et de la France. Les réactions tardives, voire l’absence de réaction, face à ces attaques montrent une nouvelle fois les lacunes françaises en matière d’intelligence économique. Cette même naïveté, voire cécité volontaire, qui a valu aux français des pertes de fleurons irremplaçables tel que Alstom.

La stratégie de la France dans la zone se veut, au moins dans les mots, inclusive et promeut un multilatéralisme dans le respect du droit international et contre les hégémonies, notamment celle de la Chine. À travers l’axe Paris, New Delhi Canberra voulu par Macron, la France veut renforcer sa position singulière dans la zone. Cette approche stabilisatrice s’est réaffirmée lors du récent sommet France-Océanie qui a réuni une dizaine d’États de la zone pacifique pour évoquer des sujets de coopération économique, sécuritaire et liés au réchauffement climatique.

Mais la France a-t-elle réellement les moyens de cette ambitieuse troisième voie ? Alors qu’elle loue d’une part une Union européenne dont l’agenda s’inscrit sur celui de Berlin. Ces derniers ont pourtant des objectifs, avant tout, mercantiles, même avec la Chine. Et, d’autre part, des alliances avec les États-Unis prompts à la trahison dès lors qu’il s’agit de leurs intérêts.

Pourtant les atouts français dans la zone sont très nombreux. Premièrement, 1,6 million de Français résident dans cet espace. Deuxièmement, les territoires ultramarins, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et Wallis et Futuna offrent une force de projection non négligeable pour ses alliés. En effet Paris dispose de près de 7000 militaires sur place et 98% de sa ZEE, soit 11 millions de km², la deuxième au monde, dans le Pacifique. Pour finir, plus d’une trentaine d’appareils maritimes et aériens sont sur place avec les forces armées situées de la Réunion à la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française (FANC et FAPF) pour compléter l’arsenal français. De fait, et en cas de conflit militarisé, la France est apte à intervenir rapidement pour protéger ses alliés ainsi que ses intérêts.

Néanmoins, ces atouts resteront inutiles si les moyens d’actions supplémentaires ne sont pas mis en place. Ainsi, Le président du Groupement des industries de construction et activités navales (GICAN), Patrick Boissier, rappelait cruellement lors d’une audition en 2016, à l’assemblée nationale, que les forces à disposition pour surveiller le territoire maritime français est « à peu près l’équivalent de deux voitures de police pour surveiller le territoire de la France. »

Par ailleurs, le risque prochain de perdre la Nouvelle-Calédonie lors du troisième, et dernier, référendum prévu par les accords de Nouméa, laisse planer un sérieux doute sur le futur de la stratégie française dans la zone. En effet la perte de ce territoire stratégique ne serait pas pour rassurer nos alliés de la zone sur la capacité de la France à offrir une voie entre Pékin et Washington. L’indépendance de la Nouvelle-Calédonie occasionnerait, de facto, un rétrécissement certain du périmètre de souveraineté de la France. En effet comme le stipule le document du gouvernement sur les conséquences du « oui » et du « non » un flou subsiste sur les relations entre les potentiels futurs deux États que seraient la France et la « Kanaky ». Ainsi les forces armées françaises sur place seraient redéployées ailleurs, laissant le champ libre à la Chine qui des vues sur le quatrième producteur mondial de Nickel.

À ce titre, la Chine ne reste pas neutre dans le processus référendaire en Nouvelle-Calédonie. Les différentes auditions de la DGSE devant les parlementaires et le récent rapport de l’IRSEM mettent au jour les méthodes chinoises pour noyauter l’économie locale et approcher les élites indépendantistes, via l’association d’amitiés sino-calédoniennes et la diaspora sur place. De même l’IRIS, dans un rapport plus ancien, indique que cette zone est un véritable « laboratoire » du soft power chinois.

L’indépendance de ce territoire et sa mise sous tutelle chinoise permettrait à Pékin de sortir de l’encerclement américain et d’isoler l’Australie tout en renforçant son accès au nickel du Caillou. Pour la France, cet arrêt brutal du mariage avec l’Australie et l’incertitude quant à sa présence dans la zone sonne comme un rappel cruel, somme toute nécessaire, d’un monde dont la conflictualité augmente. Notamment au sein de l’espace indopacifique où les chocs entre les volontés hégémoniques de Pékin et Washington iront crescendo. La France, qui possède le deuxième domaine maritime au monde, aura ainsi le choix entre épouser complètement les velléités de des États-Unis et de l’OTAN, soit affirmer sa souveraineté dans la zone par la construction d’une autonomie d’actions tant militaire que diplomatique.

[1] « Dialogue quadrilatéral de sécurité » entre le Japon, l’Australie, l’Inde et les Etats unis formalisé en 2007.

Le paradoxe australien : enfer climatique et dirigeant climatosceptique

Alors que le pays est ravagé par des incendies liés au changement climatique, le Premier ministre Scott Morrison tend un morceau de charbon à l’Assemblée en soutien à l’industrie minière. Photos © CSIRO et Parliament of Australia.

Alors que l’Australie est à l’avant-poste dans ce que le changement climatique peut produire de pire, la très grande majorité des élites du pays se fourvoie paradoxalement de plus en plus dans un négationnisme climatique dramatique. Un paradoxe étrange qui témoigne d’une irrationalité crasse. Entre lobbies du charbon, accapareurs d’eau et surtout angoisse profonde du sentiment de déclin, une majorité d’Australiens choisit le camp du conservatisme climatosceptique et du repli sur soi. C’est le résultat politique de la peur dans une société atomisée, et cela devrait nous questionner, à l’heure où l’on détricote ici les structures de solidarité sociale.


Un avant-goût de l’enfer qui nous attend

En Australie, nous ne sommes qu’au début de l’été et pourtant les deux prochains mois pourraient être encore pires. Or, il fait 50°C à l’ombre et les incendies ont ravagé quelque 3 millions d’hectares de bush. 200 feux sont actuellement recensés dans le pays, dont 70 sont hors de contrôle, majoritairement dans l’État de Nouvelle-Galles du Sud. Huit pompiers sont morts dans les opérations. De leur côté, les cinq millions d’habitants de Sydney respirent un air onze fois plus pollué que le seuil de dangerosité normal en raison des fumées. Les médecins ont déclaré l’état d’urgence sanitaire pour la ville.

Les scientifiques sont unanimes : les incendies ont été plus violents et plus précoces que d’habitude cette année en raison d’une sécheresse record qui dure depuis maintenant deux ans, due aux effets du changement climatique. Alors que certaines villes sont à court d’eau potable, d’immenses zones de végétation sont extrêmement sèches et offrent des conditions idéales pour la propagation des feux. Les dégâts sur la faune sont inédits : chauves-souris, oiseaux, reptiles aquatiques… et des animaux aussi emblématiques que le koala sont maintenant purement et simplement menacés de disparition.

En mars dernier, nous avions déjà écrit sur la situation dramatique du pays, au sortir d’un été particulièrement sec. Tout a commencé en septembre 2018 avec un épisode de sécheresse caniculaire qui s’est prolongé jusqu’en janvier, le mois le plus chaud de l’histoire du pays jusqu’à cette année. Des villes comme Adélaïde ou Port Augusta ont vu le thermomètre monter jusqu’à 49,5°C à l’ombre. L’État du Queensland, situé au nord-est du pays, avait été ravagé par des incendies d’une ampleur jamais observée de mémoire d’homme. Par ailleurs des millions de poissons ont été retrouvés morts le long du bassin hydrographique de Murray-Darling en raison de leur asphyxie par une bactérie mangeuse d’algues, dans le sud-est du pays. Rappelons que ce bassin concentre 40 % de toute l’activité agricole australienne.

https://firms.modaps.eosdis.nasa.gov/map/#z:4;c:147.5,-30.1;d:2019-12-26..2019-12-27
Observatoire en temps réel des incendies de la NASA / Capture

Qui dit sécheresse dit inondations, puisqu’une terre durcie par le manque d’eau absorbe très mal les pluies. Il a plu en quelques jours de février l’équivalent de plusieurs mois, ce qui a entrainé la mort de quelques 500 000 bovins. Englué dans la boue, la plupart du bétail est mort de faim et d’épuisement sur place. Pour certains fermiers du Queensland, c’est 95 % de leur cheptel qui ont été décimés pour un manque à gagner de plus d’un milliard de dollars. Pour venir en aide aux comtés touchés, le Premier ministre libéral-conservateur Scott Morrison, élu depuis août 2018 n’a débloqué que… 1 million de dollars. Ces derniers jours, alors que le pays est à feu et à cendres, il prenait des vacances à Honolulu – ce qui n’a pas manqué de déclencher une polémique. Il n’est rentré qu’en raison de la mort d’un huitième pompier dans la lutte contre les incendies. Pourtant, ça ne l’empêche pas d’être l’homme politique le plus populaire du pays : tout un paradoxe.

Le lobby du charbon tout puissant

La société australienne est de plus en plus polarisée autour des questions environnementales. D’un côté, la jeunesse et les centres urbains sont très mobilisés et manifestent par centaines de milliers lors des marches pour le climat, de l’autre, une majorité de l’opinion soutient leur Premier ministre climatosceptique. Canberra s’est d’ailleurs particulièrement illustrée lors de la COP25 en sabotant les négociations en matière d’échange de quotas carbone, à rebours de l’Histoire. La pomme de discorde, c’est évidemment l’économie, ou plutôt le court-termisme.

D’après la Brookings Institution, l’Australie serait l’un des pays qui devrait perdre le plus, avec ceux de l’OPEP, s’ils respectaient les engagements pris lors de la COP 21. Son PIB pourrait ainsi reculer de 2 % d’ici 2030, la richesse des ménages diminuer de 0,5% et le nombre d’emplois baisser de 127 000. Pourquoi ? Parce que l’Australie est quatrième producteur mondial de charbon derrière la Chine, les États-Unis et l’Inde, mais surtout le premier exportateur mondial. Le charbon fournit 80 % de l’électricité nationale et rapporte environ 50 milliards de dollars à l’export. Les émissions australiennes de CO2 ont ainsi augmenté de… 46,7 % depuis 1990.

Pourtant, le rapport souligne qu’à terme l’Australie a tout à gagner à rester dans les clous de l’accord de Paris, car les catastrophes climatiques vont avoir un coût bien supérieur. Le pays commence à l’observer : en 2019, la production céréalière s’est effondrée de 50% et le pays a dû importer pour la première fois en 10 ans. Nous ne parlons même pas des autres secteurs, y compris touristique, frappés. Pourtant, Scott Morrison peut se targuer d’une croissance de quelques 3%, d’un taux de chômage de 5 %, d’une inflation maîtrisée et d’une dette publique de 40 % du PIB.

La raison en est simple : les cours du charbon et d’autres minerais montent. Cette dépendance aux exportations rend le pays extrêmement vulnérable – le fameux « syndrome hollandais »[1] : le pays se spécialise dans l’extraction minière et perd son industrie, d’autant plus rapidement que les salaires des mineurs sont très élevés, créant par la même occasion une caste extrêmement pro-conservateurs : les bogans.

Le charbon dispose de puissants défenseurs dans le pays, dont Rupert Murdoch, climatosceptique notoire qui contrôle 70 % de la presse nationale. L’organisation Transparency International a d’ailleurs rétrogradé l’Australie de la 7e place à la 13e place en termes de corruption, en raison notamment du poids du lobby du charbon. Un rôle certainement central dans la victoire surprise de Scott Morrison aux dernières législatives, alors que les travaillistes – ayant largement fait campagne sur l’environnement – étaient donnés favoris. Mais ce lien de causalité est loin de pouvoir expliquer à lui seul pourquoi, encore aujourd’hui, le Premier ministre climatosceptique est aussi populaire dans son pays.

Pourquoi l’Australie a-t-elle choisi un climatosceptique en plein drame climatique ?

Morrison s’est surtout adressé aux électeurs les plus âgés et les plus aisés, inquiets du programme de Bill Shorten, le candidat travailliste qui voulait supprimer diverses niches fiscales pour financer des dépenses en faveur de l’éducation, de la santé et du climat. Pourtant, les sondages donnaient ce dernier en tête.

Une fois dans l’isoloir, les Australiens ont donc voté en majorité pour leur portefeuille, ce qu’ils se gardaient bien de dire avant dans les enquêtes d’opinion. Un effet isoloir classique donc, qu’on a également observé avec le FN en France pendant de nombreuses années, lorsque le parti n’était pas encore aussi normalisé, ou encore avec Donald Trump. De même, au Canada, lors des élections fédérales d’octobre 2019, le Premier ministre Justin Trudeau a certes été réélu avec une majorité relative, mais les provinces de l’Alberta et de la Saskatchewan, très dépendantes des hydrocarbures et des sables bitumineux, ont voté pour les conservateurs à 69% et 64% ! Ces derniers promettaient la suppression pure et simple de la taxe carbone et le développement des pipelines.

Lorsque le pire de chacun n’est plus canalisé par la pression morale de la société, il se déchaîne. En Australie, l’effet de masse du vote climatosceptique libère les énergies de la partie obscure des individus, et renforce les mécanismes de déni. Penser que la rationalité motive le vote est une lubie que la plupart des personnes ayant fait de hautes études – « formatées à la rationalité » – entretiennent. Le plus paradoxal, c’est que cette élite éduquée et médiatique qui met en avant la rationalité et le consensus en politique, est souvent la plus à même de basculer dans l’autoritarisme lorsque ses intérêts sont menacés. En France, on l’observe très bien vis-à-vis du mouvement des gilets jaunes et du mouvement contre la réforme des retraites : le degré d’études n’empêche pas de soutenir le tournant illibéral du gouvernement, bien au contraire.

Dans une période de déclin, la peur prend tendanciellement le pas sur la rationalité en politique, et oriente le vote davantage vers l’individualisme plutôt que vers la solidarité. Or le sentiment de déclin est inconsciemment d’autant plus partagé dans un contexte d’effondrement environnemental. Selon le sondage Ipsos/Sopra Steria pour Le Monde, réalisé en août 2019, 73% des Français estiment que la France est en déclin. 65% de nos compatriotes estiment que « c’était mieux avant » et seuls 40% des personnes interrogées pensent que notre avenir est « plein d’opportunités ». En Australie aussi, la confiance dans l’avenir s’étiole. Un sondage spécial de Roy Morgan montre que 40% des Australiens pensent que 2020 sera « pire » que 2019. Soit une augmentation significative de 26 points par rapport à l’année dernière et le chiffre le plus élevé depuis 1990.

https://www.roymorgan.com/findings/8236-next-year-better-or-worse-australia-2019-2020-201912200413
Source : Enquêtes Roy Morgan en Australie sur la période 1980-2019, avec une moyenne de 1 000 Australiens de 18 ans et plus interrogés chaque année. Question : “En ce qui vous concerne, pensez-vous que l’année prochaine (2020) sera meilleur, pire, ou le même que 2019 ?”

On peut expliquer ce phénomène assez simplement. Lorsqu’on est soumis à un stress, le cerveau reptilien (fonctions vitales, réactivité, coordination musculaire etc.) prend le pas sur le cortex préfrontal – la « zone de la rationalité ». L’hippocampe, un petit organe niché au cœur de notre cerveau et essentiel au fonctionnement de notre mémoire et de notre imagination, est également particulièrement sensible au cortisol, également appelé « hormone du stress ». Il peut rétrécir de près de 20 % en situation de stress, d’anxiété, ou encore à la suite d’un traumatisme. Une telle diminution, surtout si répétée dans le temps, nous rend incapables d’envisager l’avenir d’une manière positive et optimiste. C’est pourquoi la destruction des structures de solidarité sociales – ayant pour but fondamental d’émanciper le citoyen de l’angoisse du lendemain – a un effet dévastateur sur l’imagination, donc sur la possibilité d’imaginer une alternative politique.

La politique très ferme en matière migratoire conduite par Scott Morrison – qui consiste par exemple à renvoyer automatiquement les bateaux vers l’Indonésie et la Papouasie – s’articule très bien avec l’exploitation de la peur de l’effondrement environnementale.

Que faut-il conclure du paradoxe australien ?

Comme le déclin économique, perceptible dans la plupart des pays de l’OCDE entraîne davantage une peur du déclassement qu’une massification des thèses anticapitalistes, le déclin environnemental, le sentiment de voir le monde s’écrouler, exacerbe les mécanismes de déni. La peur de la paupérisation – tant pour des raisons économiques qu’environnementales – suscite des réactions d’autodéfense primaire, plutôt que de la rationalisation politique. Cette réalité qu’on observe aussi en France – dans une très moindre mesure – est largement amplifiée dans des pays anglo-saxons tels que l’Australie. Beaucoup plus individualisés, sans État social ni mécanismes de solidarités organiques ambitieux, les individus y sont beaucoup plus susceptibles au stress de la subsistance.

En conclusion, pour qu’un peuple soit mentalement disponible pour relever le défi climatique – à travers par exemple l’élection d’un gouvernement de rupture – il faut qu’il dispose d’un minimum de mécanismes de solidarité, qu’il soit globalement émancipé de la peur des aléas principaux. À ce titre, on peut prendre le raisonnement dans l’autre sens : la réforme des retraites en France n’est pas tant un facteur d’accélération des mécontentements, potentiellement cristallisable à travers une opposition politique ambitieuse, mais plutôt une difficulté supplémentaire… À moins qu’elle soit stoppée par un mouvement social victorieux.

Si la peur du déclassement fait voter les pauvres à droite, ce qu’a déjà montré Thomas Frank en 2008 dans Pourquoi les pauvres votent à droite : comment les conservateurs ont gagné le cœur des États-Unis, il faudrait désormais étudier ce que produit la peur de l’effondrement écologique dans le champ politique. Braque-t-elle les cerveaux en provoquant du déni ? Augmente-t-elle la masse critique d’électeurs susceptibles de choisir un projet écologiste et social ? En réalité, on observe les deux phénomènes contemporainement : la question environnementale est un point de scission de plus en plus important entre deux blocs. En revanche, on observe que cet antagonisme diffère en fonction de l’état d’avancement du délitement de la société par le libre marché. Dans une société anglo-saxonne individualiste comme l’Australie, la masse critique du vote autocentré et court-termiste est plus grande, même dans une situation environnementale aussi dramatique.

 

[1] Le « syndrome hollandais » (en anglais, « Dutch disease ») vient de la crise qu’a traversé l’industrie hollandaise suite à la découverte de gaz en Mer du Nord dans les années 1960. L’industrie gazière, en faisant grimper les salaires, a asphyxié l’industrie manufacturière. De nombreux pays souffrent de ce problème, notamment les pays pétroliers (Arabie Saoudite, Russie…).

L’Australie part en fumée dans l’indifférence de ses gouvernants

Tourisme, croissance économique ininterrompue, faune et flore, viticulture, surf… l’Australie continue à bercer le monde tel un pays de Cocagne. La réalité, implacable, est celle d’un pays continent ravagé par les flammes, terrassé par les inondations et qui suffoque dorénavant toute l’année. Ce désastre écologique s’explique en grande partie par le réchauffement climatique. Pourtant, le gouvernement national-libéral de Scott Morrison regarde ailleurs, dans la perspective des élections fédérales prévues courant 2019 où ces derniers restent placés derrière les travaillistes.


L’été vient de se terminer en Australie, laissant place à l’automne austral. Un été interminable qui a vu le pays afficher les pires sécheresses de son histoire, atteindre les températures les plus hautes jamais enregistrées et être dévasté par des inondations et des feux de forêts qui ont ravagé ses cultures et son bétail. Tout a commencé en septembre 2018 avec un épisode de sécheresse caniculaire qui s’est prolongé en janvier. Il a été le mois le plus chaud de l’histoire du pays, avec une moyenne de température au-dessus de 30°C. Des villes comme Adélaïde ou Port Augusta ont vu le thermomètre monter jusqu’à 49,5°C à l’ombre alors qu’à Marble Bar, dans l’Ouest, le thermomètre avait déjà atteint 49,3°C fin décembre.

https://www.dailymail.co.uk/news/article-6662871/Townsville-floods-crocodiles-driveways-residents-roofs-20-000-homes-flooded-tornado-monsoon.html
Inondations à Tonwsville dans le Queensland © DailyMail.co.uk Capture / DR

Les pires inondations en Australie depuis un siècle

Dans l’État du Queensland, situé au Nord-Est du pays, d’immenses feux de brousse, pourtant légions en raison de la sécheresse habituelle dans la région, sont devenus indomptables et ont ravagé l’État, obligeant des milliers de personnes à abandonner leurs habitations. Mais cela n’a pas semblé suffire puisque des inondations terribles un mois après, de l’ordre de deux à trois mètres de précipitations, ont provoqué la mort de 300 000 à 500 000 bovins.

95% de leur cheptel ont été tués par les inondations, où les bovins, englués dans la boue, n’ont pu se nourrir à temps

D’après le syndicat des exploitants agricoles du Queensland, « le secteur va mettre des décennies à s’en remettre », avec des dégâts chiffrés à plus de un milliard de dollars australiens. Pourtant, Scott Morrison, le nouveau Premier ministre libéral australien depuis août 2018, a annoncé seulement 1 million de dollars en aide aux comtés touchés à ce stade. Après les inondations, les carcasses de bovins ont été découvertes dans les cheptels alors que les températures redevenaient très élevées. Pour certains fermiers, c’est 95% de leur cheptel qui ont été tués par les inondations, où les bovins, englués dans la boue, n’ont pu se nourrir à temps malgré le transport par hélicoptère de foin.

Pour Michael Guerin, représentant du syndicat des agriculteurs, il s’agit de la pire catastrophe qui soit arrivée dans le Queensland. L’armée australienne a même été obligée d’intervenir dans certaines zones de l’État alors que des crocodiles ont pris place dans les rues inondées de Townsville. Dans une tentative d’appel au calme et à la prudence, la Première ministre travailliste du Queensland Annastacia Palaszczuk a déclaré que « ce n’est pas un événement qui survient tous les 20 ans, c’est un événement qui survient tous les 100 ans ». Pourtant habitués à avoir 2000 millimètres de précipitations dans cette zone de moussons, les habitants ont constaté qu’il est tombé en quatre jours l’équivalent d’une année de pluie. Ils ont surnommé ce phénomène « Big Wet » ou grosse humidité.

https://www.news.com.au/finance/economy/australian-economy/floodaffected-farmers-witness-entire-cattle-herds-wiped-out-by-catastrophic-deluge/news-story/f49ee8b2d5ed0cca27283afb45bf9477
Bovins tués. Capture / DR

Comme si cela ne suffisait pas, des millions de poissons ont été retrouvés morts dans le Sud-Est du pays le long du bassin hydrographique de Murray-Darling en raison de leur asphyxie par une bactérie mangeuse d’algues. Ce bassin, très exploité pour la culture du coton, concentre 40% des besoins de toute l’agriculture australienne. La très mauvaise gestion de l’eau par les autorités locales et nationales – la rivière traversant plusieurs États – en serait davantage la cause que la sécheresse, qui est une conséquence supplémentaire. De nombreuses vidéos ont été tournées pour montrer l’ampleur du désastre, épargnant l’odeur, qualifiée de « puanteur insoutenable » par les locaux.

Les pires sécheresses de l’histoire du pays et un record de chaleur dans le Sud

https://www.buzzfeed.com/elfyscott/heres-why-a-million-fish-have-suddenly-died-in-an
Des millions de poissons tués par la bactérie mangeuse d’algues – fleuve Darling © BuzzFeed.News Capture / DR

Sur l’île de Tasmanie, une quarantaine d’incendies ont rasé pratiquement 190 000 hectares de forêts et de terres agricoles, soit l’équivalent de Paris, toute la petite couronne et le Val d’Oise réunis. D’un autre côté, les agriculteurs d’une partie des Nouvelles-Galles-du-Sud et de l’État de Victoria continuaient à se battre contre les immenses sécheresses de janvier. Dans le Sud-Est du pays, ce sont des milliers de chauve-souris et de chevaux sauvages qui ont été décimés par la sécheresse. Cette dernière a entraîné le déplacement massif des kangourous et des koalas vers les zones urbaines dans l’espoir de pouvoir s’abreuver.

Au début du mois de mars, ce sont dorénavant une dizaine de feux de forêts qui ont ravagé le sud de l’Australie. Les températures ne sont jamais réellement descendues, alors qu’est arrivé l’automne austral, puisqu’elles ont dépassé 40°C le premier week-end de mars. Le Bunyip State Park a été le plus touché en raison de la foudre qui a détruit plus de 6000 hectares en quelques heures malgré plus de 1000 pompiers mobilisés. Ces incendies ont provoqué, comme les inondations dans le Queensland, des déplacements de milliers de personnes hors de l’État de Victoria.

Le Premier ministre, ou ScotMo, comme le surnomment les Australiens, a imputé aux « conditions météorologiques » la cause de ces dévastations, se permettant de critiquer ceux qui tenteraient de politiser la question climatique comme le leader de l’opposition travailliste Bill Shorten. Il a toutefois considéré cette situation comme un « désastre écologique, un spectacle bouleversant » en parlant de la catastrophe de la rivière Darling.

Une prise de conscience tardive et limitée

Le développement de ces extrêmes climatiques est fortement corrélé au réchauffement climatique sur la planète. En Australie, les températures ont en moyenne augmenté de 1 degré ces 100 dernières années et la vague de chaleur de ce début 2019 semble n’être qu’un début. L’OCDE s’est alarmée de la situation puisque d’après l’Organisation, l’Australie n’atteindra pas son objectif de réduction des émissions de CO2 de 26% à 28% d’ici 2030 par rapport à 2005.

A la manière de la PPE en France, le gouvernement australien s’est doté de la NEG ou National energy guarantee. L’ancien Premier ministre, Malcom Turnbull, avait poussé pour qu’il y ait un rééquilibrage avec la réduction de la dépendance au charbon et le développement des énergies renouvelables tout en maintenant une croissance économique forte. Mais le gouvernement libéral a longtemps fait planer une éventuelle sortie de son pays de l’Accord de Paris après que Donald Trump l’ait fait pour les États-Unis. Scott Morrison ne s’est guère empressé de reprendre les objectifs affichés dans la NEG et a annoncé un plan de 1,26 milliards d’euros pour permettre aux agriculteurs et industries de moins dépendre des énergies fossiles, plan déjà jugé insuffisant par les associations environnementales et l’opposition.

https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/03/04/le-sud-de-l-australie-en-proie-a-de-violents-feux-de-foret_5431077_3244.html
Nuage de fumée pendant les incendies aux alentours de Melbourne © Le Monde Capture / DR

La question écologique est d’autant plus importante que d’après la Brookings Institution, l’Australie serait l’un des pays, avec ceux de l’OPEP, à voir son PIB reculer de 2% d’ici 2030 s’il respectait les engagements pris lors de la COP 21. Le pays verrait également une perte de 127 000 emplois et de 0,5% de la richesse des ménages. La très forte dépendance de l’Australie au charbon en tant que quatrième producteur mondial mais aussi premier exportateur mondial – 41,1 milliards d’euros -, et qui fournit 80% de l’électricité nationale, explique cette contraction du PIB, alors même que le charbon est responsable d’un tiers des émissions dans le pays. Toutefois, le rapport souligne qu’à long terme l’Australie a tout à gagner à rester dans les clous de l’Accord de Paris, les catastrophes climatiques pouvant avoir un coût encore supérieur.

L’augmentation de la préoccupation environnementale, liée aux catastrophes climatiques à répétition font peser un risque sur le gouvernement libéral de perdre les élections fédérales qui doivent avoir lieu dans le courant de l’année 2019. Les nationaux-libéraux ont en effet supprimé la taxe carbone mise en place par les travaillistes dès leur arrivée au pouvoir en 2013. L’Australie est en 2019 l’un des pays au monde qui émet le plus de CO2 par rapport à sa population totale.

Alors que le gouvernement actuel ne semble pas prendre la mesure de l’urgence, un juge du tribunal des affaires foncières et environnementales de Nouvelles-Galles-du-Sud a rejeté le projet de mine de charbon à ciel ouvert de Rocky Hill en raison du risque environnemental que faisait peser la mine. Le projet minier Carmichael est lui aussi attaqué. Les principales banques d’Australie ont également refusé de financer un projet de mine au large de la grande barrière de corail.

Paradoxalement, une autre mesure, saluée partout dans le monde, a suscité de nombreuses réserves au sein du gouvernement libéral-national, notamment celle du ministre des Ressources naturelles Matt Canavan et dans les milieux industriels économiques. Glencore, le géant suisse du minerai a décidé de ne plus augmenter sa production et d’arrêter l’achat d’entreprises dans le secteur. Enfin, la Chine, en représailles à la fermeture de la 5G par le gouvernement australien à Huawei et ZTE, a décidé de restreindre les arrivées de charbon en Chine, bien qu’elle ait indiqué que c’était dans une « volonté de protéger l’environnement ».

Les questions environnementales sont l’un des principaux enjeux pour les élections fédérales selon les Australiens.

Les excellents résultats économiques présentés par le Treasurer Josh Frydenberg – équivalent du ministre des Finances – pour l’année 2018 et les perspectives favorables de 2019, avec un taux de chômage à 5% et des baisses d’impôt ont été occultés progressivement par les questions environnementales pour les élections et ce d’autant plus que la croissance australienne a surtout été tirée par la hausse des matières premières, au premier chef le charbon.

L’immigration au cœur des préoccupations des nationaux-libéraux

La politique très ferme en matière migratoire conduite par Scott Morrison, plus à droite que son prédécesseur, qui consiste à renvoyer automatiquement les bateaux vers l’Indonésie, peut être le dernier moyen pour le gouvernement actuel de se maintenir aux élections. Lorsqu’il fut ministre de l’Immigration de 2013 à 2015, il avait appliqué une tolérance zéro avec l’opération Frontières souveraines. De plus en plus d’Australiens expriment ainsi un ressehttps://commons.wikimedia.org/wiki/File:Scott_Morrison_2014.jpgntiment envers l’arrivée des réfugiés lorsqu’ils ne sont pas placés dans des centres de rétention en Papouasie ou à Nauru, dans des conditions exécrables qui ont déjà valu à l’Australie de nombreuses condamnations par les ONG.

Cela ne sera toutefois peut-être pas suffisant pour Scott Morrison, chrétien évangélique hostile au mariage gay, légalisé l’an dernier, qui avait été nommé Premier ministre suite au putsch réussi contre Malcom Turnbull en août 2018. Ce dernier souhaitait en effet inscrire dans la loi un objectif de réduction des émissions. Mais le Parti travailliste n’est pas non plus exempt de critiques. Si Bill Shorten et son parti souhaitent que 50% de l’électricité produite soit faite à partir des énergies renouvelables d’ici 2030, ils persistent également, dans une bonne part pour des raisons électoralistes, à soutenir l’industrie minière. À croire qu’à terme, les responsables politiques australiens souhaitent gouverner un pays décimé de sa faune, de sa flore mais également de ses habitants qui ne pourront plus y vivre.