« Modi joue la carte sécuritaire et ethno-nationaliste » – Entretien avec Christophe Jaffrelot

©Пресс-служба Президента Российской Федерации

Le gouvernement nationaliste indien de Narendra Modi a annoncé unilatéralement le 5 août dernier la fin du statut d’autonomie du Cachemire, statut qui prévalait depuis 1949 dans cet état indien à majorité musulmane. Depuis cette annonce, toutes les communications avec l’extérieur y ont été coupées et les Cachemiriens vivent dans un isolement total. Les relations avec le Pakistan voisin s’enveniment dangereusement, celui-ci venant de rappeler son ambassadeur à Delhi et de rompre l’ensemble des relations commerciales avec l’Inde. Pour tenter de mieux cerner les origines de cette décision explosive, et la stratégie actuelle du gouvernement Modi, nous avons interrogé Christophe Jaffrelot, un des meilleurs spécialistes français du sous-continent indien et de sa classe politique. Propos recueillis par Benjamin Joyeux.


 

LVSL – Quelles sont les principales leçons à tirer des dernières élections législatives indiennes d’avril-mai de cette année, marquées par une nette victoire du parti du Premier Ministre sortant Narendra Modi ?

Christophe Jaffrelot – La principale leçon est que Narendra Modi a réussi à se réinventer alors qu’il avait subi des revers sérieux en 2017 et 2018, en perdant notamment au Madhya Pradesh, au Rajasthan et au Chhattisgarh. Il s’est réinventé sur un terrain jusqu’alors inexploré (il avait été élu sur un agenda plutôt économique en 2014) en jouant la carte sécuritaire et ethno-nationaliste vis-à-vis du Pakistan, suite à l’attentat de Pulwama perpétré au Jammu-et-Cachemire en février 2019 et qui avait fait 41 morts[1]. Modi avait pu alors ordonner des frappes côté pakistanais, ce qui avait littéralement créé une « hystérie nationaliste » sur laquelle il a surfé jusqu’au scrutin d’avril dernier.

Il y a chez le national-populiste qu’est Modi une sorte de répertoire le faisant passer du populisme socio-économique au national populisme ultranationaliste lui ayant permis de refaire pratiquement la performance d’il y a cinq ans. Il y a très peu de différences en termes de sièges entre 2014 et 2019.

La 2e leçon est que les institutions qui sont censées garantir la régularité des scrutins en Inde, et notamment la commission électorale, sont de plus en plus fragiles. On les a vu céder sous les coups de la majorité. Par exemple, il y a eu un dépassement du plafond des dépenses du côté du BJP[2] et la majorité n’a rien dit.

D’ailleurs, ceci constitue une 3e leçon de cette élection : le rôle de l’argent y a été sans précédent. Les évaluations les plus fiables disent que l’on a dépensé plus de 7 milliards de dollars lors des dernières élections indiennes. C’est plus que les élections américaines de 2016, pourtant les plus chères de l’histoire. La plupart de cet argent a été dépensé par le BJP qui a reçu des dons de la part des hommes d’affaires. On est désormais dans une situation très préoccupante où l’argent tend à faire l’élection. A ce point-là, c’est un phénomène nouveau.

Une des dernières leçons à tirer de ces élections est le rôle des médias en faveur de Modi. D’abord la télévision, avec la plupart des chaînes qui appartiennent à des hommes d’affaires ayant besoin de la bénédiction du pouvoir pour faire tourner leurs activités industrielles. Les salles de rédaction ont été soumises à de très fortes pressions lorsqu’elles traitaient du gouvernement. On a vu la complaisance des médias se traduire par quantité d’entorses à l’éthique journalistique : pratiquement aucune question qui dérange dans les interviews, aucune conférence de presse – ce qui est devenu la règle -, etc. A côté de cela, il y a les médias sociaux qui constituent une arme redoutable pour tous les populistes, et pour Modi en particulier. On a ainsi vu des « trolls », des spécialistes de la désinformation, qui sont payés, voir salariés du BJP, et qui s’en sont donnés à cœur joie, en prétendant par exemple que Rahul Gandhi[3] était un musulman, que sa circonscription était à majorité musulmane, que le parti du Congrès lorsqu’il était au pouvoir traitait les djihadistes comme des gens respectables, etc. C’est ridicule, mais ça sature l’espace public, créant une atmosphère qui finit par avoir un effet délétère.

LVSL – Quels sont désormais les nouveaux rapports de force au sein du champ politique indien ?

C.J. – Le BJP est maintenant dans une situation hégémonique, qui tient au fait qu’il a remporté 300 sièges à la chambre basse[4] mais également qu’il a réussi à déstabiliser l’opposition, notamment à la chambre haute[5], où il n’a pas la majorité mais où il parvient maintenant à faire voter pour lui des partis régionaux. Des partis qui sont à la tête d’Etats de l’Union indienne et qui reconnaissent la force de ce pouvoir viennent d’être reconduits dans ces fonctions. Ils négocient alors des échanges de bons procédés. A la chambre haute, il n’y a plus la résistance qu’on avait pu observer jusqu’alors. Le BJP vient ainsi de faire passer des lois draconiennes, comme une loi antiterroriste très liberticide à la chambre haute avec l’appui de partis régionaux qui étaient avant dans l’opposition. C’est un changement considérable qui témoigne de l’hégémonie grandissante du BJP. A cela s’ajoute que le parti du Congrès est sorti désuni et éreinté des élections. Cela se traduit par des transferts de députés du Congrès qui passent au BJP au niveau des Etats. Cela a fait perdre la coalition du Congrès au pouvoir dans l’Etat du Karnataka au profit du BJP. On va observer un peu partout ce phénomène, comme dans l’Etat du Maharashtra.

Dans les assemblées, et même au Parlement national, des gens du Congrès votent désormais avec le BJP. On l’a vu avec la transformation du statut du Cachemire qui n’a pas entraîné un rejet général. Si Rahul Gandhi a refusé cette décision, d’autres membres du Congrès l’ont approuvée. C’est ce qu’on a pu également observer avec la loi antiterroriste.

C’est donc une hégémonie au carré : il y a d’une part un parti dominant qui est plus fort qu’avant, et d’autre part une opposition en miettes.

LVSL – Quelles sont du coup les principales priorités de la majorité actuelle ?

C.J. – On peut citer ce qui relève du sécuritaire et de l’ethno-nationalisme qui va de pair. Le BJP a réussi à l’emporter alors que la situation économique indienne s’était fortement dégradée, grâce à cette campagne anti-pakistanaise très portée sur l’Hindutva[6]. Du coup, le BJP se dit que ce n’est pas forcément la peine de s’échiner à relancer l’économie puisqu’il suffit de surfer sur l’identitaire et le sécuritaire. Cela s’est traduit par une loi antiterroriste calamiteuse qui réduit considérablement les libertés individuelles, et par cette fameuse transformation du statut du Jammu-et-Cachemire qui perd son autonomie spéciale et son statut d’Etat, et devient un territoire de l’Union. Le BJP avait promis d’abolir l’article 370 de la Constitution indienne[7] depuis très longtemps et il l’a fait.

Les autres priorités du même ordre que l’on va voir se développer concernent l’enregistrement des citoyens, en fait la redéfinition de ce qu’est que la citoyenneté indienne : on est en effet en train de recenser ceux qui sont vraiment arrivés depuis très longtemps en Assam[8], dans le Nord-Est, et d’exclure ceux qui n’y sont pas depuis assez longtemps. C’est le début de ce qu’on appelle le National Citizenship Register, qui va aller de pair avec l’amendement du Citizenship Act pour qu’explicitement les musulmans qui ne sont pas indiens mais qui viennent des pays voisins, évidemment principalement en provenance du Bengladesh, soient d’abord parqués dans des camps puis déportés. Cela a commencé et on va voir jusqu’où la majorité est prête à aller. Evidemment, ce serait ennuyeux de s’aliéner le Bengladesh en y renvoyant à tout prix quatre millions de musulmans parlant Bengali. C’est une dimension diplomatique très lourde avec le Bengladesh. Mais sans aller jusque-là, le pouvoir indien va tenter quelque chose, car c’est une priorité, avec l’idée de commencer par l’Assam avant le reste du pays. Cette volonté de recenser les citoyens et de déporter les migrants qui ne sont pas éligibles à la citoyenneté indienne est en train se répandre. Le prochain Etat concerné sera le Bengale-Occidental.

LVSL – Le nouveau gouvernement indien vient donc d’annoncer ce lundi la révocation du statut d’autonomie de la région de Jammu-et-Cachemire, territoire disputé entre l’Inde et le Pakistan et qui était sous statut spécial depuis 1949. Pourquoi maintenant cette décision subite qui semble avoir surpris beaucoup de monde?

C.J. – C’est en fait lié à trois facteurs. D’abord à la crise économique que l’Inde traverse. Il faut absolument compenser la perte de popularité et de crédit que cela entraîne. C’est une crise sérieuse, tous les indicateurs sont au rouge : investissements, épargne, inflation, roupie, exportations… Donc c’est la meilleure façon de détourner l’attention.

Il y a un deuxième facteur, consistant à répondre à Donald Trump qui s’est mis en tête de faire une médiation entre le Pakistan et l’Inde sur le Cachemire. C’est la meilleure façon de lui imposer une fin de non-recevoir en mettant le Cachemire sous cloche.

Et puis il y a un 3e facteur qui a trait à la situation en Afghanistan, lié à la stratégie américaine. Le départ des troupes américaines d’Afghanistan peut faire craindre aux Indiens que les groupes islamistes actifs là-bas, une fois le retour prévisible des Talibans au pouvoir, ne reprennent le chemin du Cachemire. Ainsi pour éviter cela, on fait en sorte de tout de suite militariser le Cachemire pour empêcher qu’un gouvernement du Jammu-et-Cachemire puisse se montrer plus conciliant.

Ces trois facteurs renvoient à des conjonctures présentes très lourdes.

LVSL – Est-ce que ce n’est pas une stratégie dangereuse de la part du gouvernement Modi, même vis-à-vis des buts qu’il s’est fixés, de se mettre à dos Donald Trump alors qu’entre populistes, ils semblent avoir tout pour s’entendre ?

C.J. – Oui, à ceci près qu’il y a de l’eau dans le gaz entre Trump et Modi. Le nombre de dossiers litigieux entre eux ne cesse d’augmenter : ils sont en proie à une guerre commerciale. Il y a les sanctions contre l’Iran que l’Inde digère très mal, parce que l’Iran était le pays dans lequel l’Inde avait beaucoup investi, notamment dans un port en eaux profondes pour prendre le Pakistan en tenailles et accéder à l’Afghanistan. Là, ils se retrouvent à avoir investi des milliards pour rien. On a vu alors l’Inde se rapprocher de la Russie, voire de la Chine. Il y a peut-être finalement pour l’Inde plus à gagner avec cette dernière qu’avec les Etats-Unis.

Un autre aspect à prendre en compte est que le Congrès américain ne cesse de critiquer la façon dont l’Inde traite ses minorités en général et ses musulmans en particulier. Et l’Inde le vit très mal.

LVSL – Est-ce que cette décision vis-à-vis du Cachemire a été prise subitement comme on a tendance à le présenter dans les médias occidentaux ? N’était-ce pas en fait prévu depuis longtemps ?

C.J. – Oui cette décision est dans les tuyaux depuis longtemps. On est au croisement du temps court et du temps long. C’est parce que les conjonctures étaient propices que ce gouvernement a décidé d’appuyer sur la gâchette à ce moment-là. Je ne sais pas s’il y a de la naïveté de la part des Occidentaux. Il y a une naïveté plus générale de notre part du fait que l’on n’arrive pas à voir l’Inde comme un pays belliqueux, autoritaire, voire suprématiste.

LVSL – Quel rôle joue Amit Shah dans tout cela, le nouveau ministre indien de l’Intérieur à la personnalité controversée ?

C.J. – Amit Shah est homme très secret, difficile à cerner. Modi l’est tout autant d’ailleurs, et tous les deux se ressemblent énormément. Ce sont deux loups solitaires mais qui ensemble forment un duumvirat. Ils sont deux à être seuls. Amit Shah joue en fait deux rôles très importants pour Modi. Il est d’abord l’organisateur hors-pair, celui qui a réformé le BJP et a porté les victoires électorales de 2014 et 2019. Donc c’est un stratège politique à la tête du BJP. Deuxièmement, il joue le rôle de l’homme de la sécurité intérieure. Il était déjà dans cette fonction au Gujarat puisqu’il a été le secrétaire d’Etat à la sécurité intérieure de Modi après le pogrom de 2002[9]. C’est clairement sur ce sujet qu’Amit Shah s’est fait une réputation. Un homme de la sécurité, qui a soi-disant déjoué les complots des djihadistes qui visaient à assassiner Modi, à l’époque chef du gouvernement du Gujarat. On n’a jamais eu la preuve que les musulmans, qui eux ont été assassinés sur les routes, étaient vraiment venus pour faire la peau de Narendra Modi. Mais c’est ce qu’il a dit, pour justifier des exécutions qui visaient à entretenir la peur. C’est la politique de la peur tellement répandue dans tous les pays de la région. En cultivant ce sentiment de peur, vous pouvez facilement apparaître comme l’homme fort, le protecteur dont vous avez besoin.

Donc Amit Shah est un expert en politique de la peur très utile à Modi, jouant ces deux rôles. Le premier, il l’a joué dans l’ombre, très peu présent sur la scène publique. Mais maintenant qu’il est Ministre de l’Intérieur, il devient personnage public, et c’est bien le numéro deux du gouvernement, dont la voix porte le plus juste derrière Modi.

C’est un homme d’affaires qui ne vient pas d’un milieu aussi défavorisé que Modi. Par contre, tout le reste est identique. Ils sont tous deux entrés très jeunes au RSS[10], puis nommés par le RSS dans certaines de ses succursales comme son syndicat étudiant. Amit Shah y a fait ses premières armes à Ahmedabad. Ce sont deux Gujarathis venant d’un milieu culturel et politique très semblable, et ils travaillent ensemble depuis 20 ans.

Sur le Cachemire, c’est une décision qu’on ne peut pas à mon sens attribuer à une personne en particulier, car c’est quelque chose que le RSS réclame depuis 70 ans. C’est une obsession de sa part, l’abolition de l’article 370. Celui qui a le plus parlé du statut du Cachemire est le chef du RSS, Mohan Bhagwat, qui disait déjà en 2017 qu’il fallait réformer la Constitution, alors que les autres n’osaient pas encore le dire étant donné la lourdeur de la procédure. Or le RSS ne s’embarrasse pas de tout cela. Et de fait, ils ont transgressé toutes les procédures.

LVSL – Est-ce qu’après sa nette victoire, le BJP n’en revient pas à ses fondamentaux en satisfaisant tout d’abord son noyau idéologique dur ?

C.J. – Ce qui est certain, c’est que le BJP fait ce qu’il a toujours rêvé de faire car il a enfin les moyens de le faire. C’est avant tout pour remplir la mission que ces gens se sont fixés il y a des décennies de cela. En plus de cela, ils le font dans une conjoncture très propice, car personne ne peut aller contre, au risque sinon d’être antinational. Ainsi ils jouent sur du velours et détournent l’attention des vrais problèmes.

Le seul rempart désormais qui pourrait éventuellement contrer cette décision, c’est la Cour suprême. Les jours qui viennent vont être très importants car celle-ci a deux dossiers très lourds à traiter : celui d’Ayodhya[11], pour lequel la Cour va très prochainement donner son verdict, et le statut du Cachemire. On va voir alors jusqu’où la Cour suprême est encore un rempart. On ne peut pas prédire son attitude, mais c’est la seule institution qui peut encore faire la différence. Néanmoins ses juges sont sous pression et influencés eux aussi par les idées dominantes. On ne sait donc pas si la Cour va utiliser son indépendance.

LVSL – Quels sont les risques réels d’affrontements d’après vous entre l’Inde et le Pakistan suite à cette décision ?

C.J. – À court terme, il ne va sans doute pas se passer grand-chose. Le Pakistan va essayer d’internationaliser la crise et la question du Cachemire, car il a une fenêtre de tir vis-à-vis de Donald Trump. S’il réussit à faire intervenir les Américains, cela aura un effet certain. Mais c’est ensuite que les choses risquent de s’envenimer sérieusement. Ce que l’on peut imaginer, c’est que la jeunesse cachemire, si la Cour suprême valide la réforme, va descendre dans la rue. Une partie d’entre elle risque de flirter alors avec les groupes djihadistes, et ceux basés au Pakistan y verront l’occasion d’infiltrer encore davantage le Cachemire indien. C’est là qu’on assistera à une vraie escalade, qui ne fera que servir les intérêts de Modi. Il faudra alors utiliser la manière forte, et le meilleur dans la manière forte, c’est Modi, qui pourra montrer « qu’il n’y a rien à faire avec les musulmans ». Sa stratégie, c’est de ne pas vouloir la paix mais des tensions au Cachemire, des tensions qui permettent de servir les intérêts de son parti.

 

LVSL – Quel rôle la France et l’Union européenne peuvent-elles jouer pour tenter d’apaiser les tensions grandissantes dans la région ?

C.J. – Le Parlement européen, qui s’est montré sensible aux questions de Droits de l’Homme, pourrait intervenir, ou en tous cas se manifester. C’est ce que vient de faire d’ailleurs l’ONU à Genève, avec un courage qui passe totalement inaperçu.

Les pays européens eux vont rester très discrets car ils ont tous des intérêts économiques et stratégiques avec l’Inde, qui fait partie de la coalition indo-pacifique qui se met en place pour contenir la Chine. Tout le monde a des choses à vendre à l’Inde. En plus de cela, cette décision sur le statut du Cachemire ne s’est pas encore traduite par des violences et une grande répression. Dans ces conditions, nous ne sommes pas encore tenus de réagir. Il ne va pas se passer grand-chose sur ce front.

LVSL – Le 2 octobre prochain, c’est le 150e anniversaire du Mahatma Gandhi, une date importante même pour le BJP. Comment l’imaginez-vous au regard de ces derniers événements ?

C.J. – Paix à son âme ! Mais cet anniversaire sera célébré. Modi ne jure que par Gandhi et ils le célébreront en grande pompe. « Paris vaut bien une messe », comme disait Henri IV. On ne va pas sacrifier le potentiel international du nom du Mahatma. Mais entre rendre hommage à Gandhi et faire réellement ce qu’il disait, il y a un très grand pas.

[1] Voir notamment https://www.lemonde.fr/international/article/2019/02/14/cachemire-indien-au-moins-33-morts-dans-l-attentat-le-plus-meurtrier-depuis-2002_5423608_3210.html

[2] Le BJP ou Bharatiya Janata Party (« parti indien du peuple ») est un parti de droite nationaliste duquel est issu Narendra Modi.

[3] Rahul Gandhi est l’actuel président du Parti du Congrès, 2e principal parti indien, opposé au BJP, voir notamment sur https://rahulgandhi.in/en/

[4] La Lok Sabha (« Chambre du Peuple ») est la chambre basse du Parlement indien, composée de députés élus au suffrage universel direct dans 543 circonscriptions au scrutin uninominal majoritaire et de deux députés nommés par le président de l’Inde. Le mandat est de cinq ans, à moins que le chambre ne soit dissoute avant par le président.

[5] La Rajya Sabha (« Conseil des États ») est la chambre haute du Parlement indien. Elle est composée de 245 membres désignés pour un mandat de six ans et renouvelés par tiers. 12 sont nommés par le président de l’Inde et 233 sont élus au suffrage indirect par les membres des législatures des États et territoires.

[6] Inventé par l’idéologue d’extrême droite Vinayak Damodar Savarkar en 1923, ce mot désigne une certaine “hindouité” fantasmée et revendiquée par les nationalistes hindous.

[7] Article qui définissait ce statut administratif spécial du Cachemire indien.

[8] Etat de l’extrémité Est de l’Inde, ayant une frontière physique avec le Bengladesh.

[9] Les violences au Gujarat de 2002 sont des émeutes visant les populations musulmanes de cet Etat limitrophe du Pakistan. Ces émeutes ont fait suite à l’incendie d’un train de pèlerins hindous ayant entraîné 58 morts et auraient causé la mort de 800 à 2 000 personnes. Ce sont les émeutes les plus violentes et meurtrières que l’Inde ait connues depuis son indépendance.

[10] Le Rashtriya Swayamsevak Sangh, ou RSS (« Organisation volontaire nationale ») est un groupe nationaliste hindou d’extrême droite et paramilitaire. Fondé en 1925 à Nagpur par un médecin indien, le RSS propage une conception raciale du peuple indien. Nathuram Godse, celui qui a assassiné Gandhi, était un ancien membre du RSS.

[11] Depuis le début des années 1990, Ayodhya est le centre d’un conflit entre musulmans et hindous. Le 6 décembre 1992, des hindous ont rasé la Mosquée de Babur, construite en 1528, d’après une légende sur l’emplacement de la naissance du dieu Rāma, où il y aurait eu un temple hindou détruit par les musulmans. Cette destruction de 1992 a provoqué de violents affrontements qui ont causé la mort de 2 000 personnes, principalement des musulmans.

 

Veillée d’armes au Cachemire

Narendra Modi © India Times

14 février 2019, un camion rempli d’explosifs tue 49 paramilitaires indiens dans la partie du Cachemire administrée par l’Inde. Très vite, l’attentat est revendiqué par Jaish-e-Mohammed, dont le chef, Masood Azhar, opère en toute quiétude depuis le Pakistan. L’Inde réagit coup pour coup. Le 26 février, un raid de 12 Mirage 2000 cible un centre d’entraînement djihadiste situé au-delà de la frontière indo-pakistanaise. 350 terroristes sont neutralisés. Dès lors, cet attentat agit comme un révélateur du jeu géopolitique qui met aux prises les grandes puissances mondiales dans la région. Récit. 


Rapidement, les premières mesures de rétorsion sont prises par l’Inde, qui assure détenir « des preuves irréfutables » de la complicité pakistanaise dans l’attentat. Le Pakistan perd son statut de nation la plus favorisée et les droits de douane indiens augmentent de 20% pour Islamabad. La machine diplomatique indienne se met en ordre de marche pour cibler la République islamique et l’isoler sur le plan international. Les Etats-Unis, quant à eux, demandent au Pakistan de « cesser immédiatement de soutenir et de prêter refuge à tous les mouvements terroristes actifs sur son sol ».

Puis viennent les représailles militaires. Comme en 2016, lorsqu’une attaque terroriste avait fait 18 morts dans un camp militaire indien, le Premier Ministre, Narendra Modi, envoie les Mirage 2000 cibler les camps d’entraînement des groupes terroristes qui opèrent depuis le Pakistan. L’Inde se prépare à la réponse du Pakistan. La surveillance à la frontière est renforcée. Médias et réseaux sociaux laissent paraître un soutien unanime des Indiens, à travers le mot-dièse #Indiastrikesback.

Pendant ce temps, la traque s’organise. Le 17 février, 23 hommes soupçonnés d’être impliqués dans l’attentat sont arrêtés. Le lendemain, deux terroristes présumés sont abattus par l’armée indienne, dans un raid qui cause deux victimes civiles et 4 parmi les militaires indiens. Abdul Gazi, cerveau présumé de cette attaque, est éliminé par les forces de sécurité indienne. Ce dernier avait fait ses classes de terroriste islamiste auprès des Talibans en Afghanistan.

LE CACHEMIRE, ENJEU DE PUISSANCE POUR L’INDE ET LE PAKISTAN

Depuis 1947, attentats terroristes et guerres conventionnelles ont rythmé la vie des populations de la vallée du Cachemire. Toutes furent gagnées par l’Inde. Toutes donnent des frissons aux puissances de la région, eu égard au fait que les deux nations sont nucléarisées. Pourtant, depuis 1947, rien n’a changé, ou presque. L’Inde contrôle les deux tiers du Cachemire, tandis que le Pakistan administre le tiers restant. Dominé militairement, le Pakistan est régulièrement accusé de soutenir des groupes terroristes pour déstabiliser le seul état indien majoritairement musulman tandis que le gouvernement indien est accusé de remettre en cause les droits de l’homme et de laisser les mains libres aux forces armées indiennes pour maintenir l’ordre dans le Jammu et Cachemire.

En Inde, comme en Afghanistan, le Pakistan est accusé de financer des activités terroristes pour déstabiliser ses voisins. L’Inter-Services Intelligence, véritable État dans l’État, aurait pour rôle d’apporter un soutien logistique et financier aux groupes terroristes dans le Cachemire et en Afghanistan. Par ailleurs, le gouvernement pakistanais est accusé de tolérer l’existence de camps, ayant pour fonction d’assurer une base arrière et des centres d’entraînement pour les terroristes opérant ensuite en Afghanistan et dans la vallée du Cachemire.

Selon l’Inde, le Pakistan utilise donc les groupes terroristes qu’il protège et finance pour déstabiliser la partie du Cachemire administrée par l’Inde et remettre en cause la souveraineté indienne dans la région. A ce titre, le groupe djihadiste Jaish-e-Mohammad est particulièrement actif. En septembre 2016 déjà, il a revendiqué l’assaut contre la caserne d’Uri, au cours duquel 18 militaires indiens perdirent la vie. Le même groupe est responsable de l’attentat du 14 février dernier.

Le Pakistan se défend de telles accusations. On doit d’ailleurs à la vérité de reconnaître que le Pakistan a entrepris, depuis l’arrivée au pouvoir de Nawaz Sharif, une lutte plus affirmée contre les groupes terroristes qui opèrent sur son territoire. Ici encore, le nouveau Premier Ministre pakistanais, Imran Khan, a déclaré : « Si vous avez des preuves fermes de l’implication de Pakistanais dans cet attentat, je peux vous assurer que j’ordonnerai une enquête contre eux. Car ces terroristes sont aussi les ennemis du Pakistan, ils agissent contre nos intérêts ».

Le groupe Jaish-e-Mohammad est effectivement interdit au Pakistan depuis 2002. Pourtant, le chef de ce groupe terroriste, Masood Azhar, y vit sans être inquiété par les autorités. Par ailleurs, sous la pression du Pakistan, la Chine a empêché l’inscription du chef djihadiste sur la liste noire des terroristes reconnus par l’ONU en 2017.

L’Inde, elle, a mis en place une législation d’exception pour lutter contre le terrorisme. A cet égard, l’Armed Forces (Special Powers) Act donne de larges pouvoirs aux forces armées pour neutraliser les terroristes mais également pour perquisitionner et détenir qui que ce soit dans la région. Les associations de défense des droits de l’homme ciblent cette législation comme étant responsable de viols des droits humains dans la vallée du Cachemire.

La population du Jammu et Cachemire, seul Etat indien majoritairement musulman, est donc prise en tenaille entre un gouvernement pakistanais qui finance des groupes terroristes qui meurtrissent régulièrement l’Etat, et l’armée indienne qui recourt à une législation d’exception, lui donnant une grande liberté d’action pour maintenir l’ordre.

LE GRAND JEU DES PUISSANCES MONDIALES EN ASIE

L’avenir du monde se joue dans cette région stratégique, entre trois États-puissances : l’Inde, la Chine et les Etats-Unis.

D’un côté, le Pakistan, doté de l’arme nucléaire, joue de sa relation stratégique avec l’Arabie Saoudite et la Chine pour garantir sa sécurité et son développement économique. De l’autre l’Inde, nation nucléaire par ailleurs, jouit de sa supériorité militaire, du soutien de plus en plus affirmé des Etats-Unis et de sa position centrale dans la région pour dominer son dangereux voisin et contenir l’avancée de la Chine dans son pré carré, l’océan indien.

Islamabad noue donc des liens forts avec la Chine, qui prévoit d’investir 46 milliards de dollars dans la construction d’un corridor économique partant du Xinjiang chinois et allant jusqu’au port Pakistanais de Gwadar, de façon à garantir un accès au golfe persique, à la mer d’Arabie et à l’océan indien.

Le corridor économique sino-pakistanais.  ©Javedpk05

Cela lui permettrait d’ouvrir une route commerciale en direction de l’Asie centrale, du Moyen-orient et de l’Europe, sans passer par l’unique voie d’accès – jusqu’à présent -, le détroit de Malacca, aux abords duquel l’Inde a renforcé son contingent militaire par le biais de son implantation sur les îles Andaman et Nicobar.  En outre, une bretelle du corridor devrait rejoindre l’Afghanistan, dont les ressources minières intéressent la Chine.

Les deux pays ont également signé des programmes de coopération militaire notamment dans le domaine nucléaire, mais également pour ce qui concerne les avions de combat.

L’Afghanistan est une pièce centrale des enjeux d’influence dans la région : il donne accès aux ressources minières de l’Asie centrale. C’est la raison pour laquelle la Chine aimerait étendre le corridor sino-pakistanais en direction de l’Afghanistan. Or, un tel mouvement suppose une normalisation des relations afghano-pakistanaises, empêchée par le fait que le Pakistan constitue une base de repli et d’entraînement pour les Talibans. Les négociations entre Pakistanais et Afghans ont échoué sur un point : le Pakistan refuse que les factions djihadistes qui refusent de négocier avec Kaboul soient neutralisées. L’Inde, alliée historique de l’Afghanistan, continue de soutenir Kaboul. Elle compte s’appuyer sur le partenariat stratégique qu’elle a avec l’Iran, qui lui assure une partie de son approvisionnement en gaz et pétrole, pour moderniser le port de Chabahar. Ce dernier lui permettrait d’accéder à l’Afghanistan sans passer par le Pakistan, d’avoir un accès direct en Asie centrale et, par là même, de désenclaver son allié afghan. Par ailleurs, l’Inde a financé le nouveau parlement afghan. Elle livre également des hélicoptères de combat à l’armée afghane, ce qui lui permet de lutter plus efficacement contre les Talibans.

Avec l’Arabie Saoudite, la relation bât de l’aile. Le Pakistan a du mal à se positionner vis-à-vis de la politique d’affrontement frontal que l’Arabie Saoudite a engagé à l’égard de l’Iran. D’un côté, le Pakistan doit beaucoup à son allié sunnite : l’Arabie Saoudite fournit de larges liquidités pour permettre au Pakistan de financer son développement économique et ses écoles coraniques, la minorité pakistanaise qui sert de main d’oeuvre bon marché dans les pays du Golfe assure des transferts financiers importants vers le Pakistan, tandis que l’ancien Premier Ministre Pakistanais, Nawaz Sharif, a été libéré des geôles du général Musharraf grâce à l’aide saoudienne.

Cependant, le Pakistan se refuse à s’engager, de trop près, dans la politique anti-iranienne de l’Arabie Saoudite. Elle a refusé son soutien aux Saoudiens dans leur guerre anti-chiite au Yémen et exprime des réserves vis-à-vis de la coalition formée par Mohammed Ben Salman unissant 34 pays sunnites “contre le terrorisme”. Sharif avait même envisagé la finalisation du gazoduc Pakistan-Iran, avant que le gouvernement américain ne fasse preuve d’une extrême fermeté vis-à-vis du régime des Mollahs et ne rétablisse les sanctions économiques.

Officiellement, cette réserve est liée à la volonté pakistanaise de ne pas diviser le monde musulman. Cependant, les fragilités intérieures de l’Etat pakistanais comptent, tout autant, dans cette position modérée.  En effet, les forces de sécurité pakistanaises ont fort à faire avec le groupe terroriste sunnite Lashkar-e-Jhangvi qui cible régulièrement la minorité chiite du pays.

De son côté, l’Inde cherche à se doter d’alliés et d’une puissance économique, géopolitique et militaire à même de contenir l’avancée de la Chine dans la région. En effet, la stratégie des nouvelles routes de la soie, mise en avant par la Chine, encourage l’Inde à s’affirmer comme une puissance régionale de premier plan. Les nouvelles routes de la soie, vaste projet d’établissement de routes commerciales alternatives, et contrôlées par la Chine, pour relier l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Europe et l’Asie du Sud-Est au géant asiatique passent par des territoires pakistanais revendiqués par l’Inde.

La stratégie du collier de perle, vaste réseau de bases militaires et de facilités portuaires mis en place par la Chine en Asie du Sud-Est et dans l’Océan Indien, inquiète également l’Inde. L’énumération des facilités portuaires et militaires chinoises peut paraître inquiétante : base navale de Yulin (île d’Hainan); bases aériennes dans l’archipel des Parecels et Spratleys, annexés de fait par la Chine; construction d’un gazoduc et d’un oléoduc pour alimenter la Chine en gaz et pétrole birman; implantation dans le port de Gwadar (Pakistan), concession centenaire sur le port d’Hambantota (Sri Lanka), implantations dans le port bangladeshi de Chittagong et dans le port birman de Kyauk Phyu, ouverture de la première base militaire chinoise à l’étranger, au niveau de port de Djibouti. L’objectif de la Chine est assez clair : contrôler la Mer de Chine méridionale par laquelle passe la majorité de son approvisionnement en hydrocarbure, isoler l’Inde dans l’océan Indien et maîtriser les routes maritimes de la Mer de Chine méridionale jusqu’au détroit de Bab-el-Mandeb.

La Chine pousse également son avantage dans l’Himalaya, où elle a des contentieux avec l’Inde. Par conséquent, l’Inde renforce sa présence dans l’Himalaya à travers une modernisation de ses infrastructures et la création d’une force d’intervention de montagne armée de 40 000 soldats.

De son côté, l’Inde a renforcé ses capacités navales et d’aviation de combat à travers la commande de 36 rafales à la France et de 6 sous-marins de classe Scorpène à Naval Group. Malgré les mises en garde américaines, elle a également commandé les systèmes de défense sol-air S 400 au gouvernement russe. Elle tente par ailleurs de renforcer ses facilités portuaires à travers des accords avec les Seychelles et l’île Maurice, qui offrent des ports d’attache pour l’Indian Navy. L’Inde a enfin noué un partenariat stratégique avec la France, puissance asiatique qui s’ignore. L’Inde a désormais accès aux bases navales françaises dans l’océan Indien. La France bénéficie, en effet, d’une capacité de déploiement importante dans l’espace indo-pacifique à travers ses bases militaires à Djibouti, aux Emirats Arabes Unis, à Mayotte, à la Réunion, en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie Française. 25% de sa ZEE se situe dans l’Océan Indien et 67% de sa ZEE est située dans l’Océan Pacifique.

En outre, l’Inde bénéficie du soutien de plus en plus appuyé des Etats-Unis. Elle participe, notamment, au dialogue quadrilatéral de sécurité, réunissant les Etats-Unis, l’Inde, le Japon et l’Australie, qui vient de commander 12 sous-marins de classe Barracuda à la France. Ces 4 nations souhaitent contenir l’avancée de la Chine en Mer de Chine méridionale et dans l’Océan Indien. Elles mettent en oeuvre des exercices militaires communs, tandis que l’OTAN met en place des opérations de promotion de la liberté de navigation. L’effet final recherché ? Le respect de la convention des Nations Unies sur le droit de la mer, régulièrement enfreinte par la Chine. Dans cette région, l’enjeu reste le contrôle des routes maritimes entre la Chine et ses alliés d’une part, et l’Inde, les Etats-Unis et leurs alliés d’autre part.

INDE – PAKISTAN : UNE COHABITATION IMPOSSIBLE ?

On ne peut considérer cette affrontement indo-pakistanais sans s’intéresser aux contextes politiques intérieurs de ces deux pays.

L’Inde, État laïc, est portée depuis quelques années par le souffle du nationalisme hindou. Le Premier Ministre Indien, Narendra Modi, en est l’expression.  Ce dernier est issu de la famille politique nationaliste hindoue, unie par l’idéologie Hindutva. Cette famille politique, à l’opposée des congressistes, considère que la Mata Bharat (Mère Inde) doit aboutir au Ram Rajya, société utopique hindoue, et voue aux gémonies les “anti-nationaux” qui considèrent que l’Inde est un creuset de civilisation, où l’Hindouisme a sa place au même titre que l’Islam. L’année 2019 est celle des élections générales pour l’Inde. Narendra Modi tente donc de s’affirmer comme un leader nationaliste, en opposition au Pakistan pour obtenir la faveur des électeurs indiens, comme en témoigne le soutien, presque unanime, qu’il a reçu après les frappes chirurgicales contre son voisin, matérialisé par le mot-dièse #IndiaStrikesBack.

De son côté, le gouvernement pakistanais est toujours prisonnier de l’influence des militaires et de l’idéologie constitutive de l’identité pakistanaise. La naissance du Pakistan provient de la volonté de la Ligue Musulmane de constituer un État musulman, par opposition au Parti du Congrès qui souhaitait une Inde rassemblée. La partition de l’Inde, en 1947, a donné lieu à la migration de 10 millions d’Indiens, les uns, musulmans, migrant vers le Pakistan, et les autres, hindous, se dirigeant vers l’Inde. Ces migrations ont donné lieu à de nombreuses émeutes communautaires et à des viols de masse.

Les militaires s’érigent en gardiens du temple. Jusqu’ici, ils refusent de céder quoi que ce soit sur la revendication d’un Cachemire pakistanais. Issu des milieux d’affaires, Nawaz Sharif avait tenté d’opérer un rapprochement, sans succès. Seule maigre consolation pour les partisans de la paix : l’accord de transport commercial entre l’Afghanistan et le Pakistan qui donne aux camions afghans le droit de rejoindre l’Inde, mais n’autorise pas le trajet retour, et, a fortiori, le trajet de camions indiens vers l’Afghanistan.

A l’heure où ces lignes sont écrites, la tension monte à la frontière indo-pakistanaise. La supériorité militaire indienne conduira probablement le Pakistan a éviter une guerre conventionnelle. Il n’en demeure pas moins que les deux pays sont embarqués dans des systèmes d’alliance et des intérêts géopolitiques radicalement opposés. A n’en pas douter, l’Asie constitue le champ où se jouera la bataille pour l’hégémonie mondiale.