À la recherche des profs perdus : la gauche néglige-t-elle l’école ?

© Camille Castant pour LVSL

Malgré les 12 millions d’élèves et les 866.000 enseignants que compte la France, la question de l’école reste peu abordée dans le débat public. Hormis les suppressions de classes qui mobilisent localement, l’éducation nationale ne revient sur le devant de la scène qu’à l’occasion des scandales dans l’enseignement privé (Stanislas, Betharram….) et d’épisodes de violence dans les écoles. La défense de l’école républicaine est pourtant un vieux combat de la gauche et les motifs d’inquiétude ne manquent pas : profs épuisés, classes surchargées, niveau des élèves alarmant… En publiant un livre sur le sujet, le nouveau président de Picardie Debout, mouvement de François Ruffin, entend remettre ce sujet au cœur du débat. Si son analyse est pertinente sur de nombreux points, ses propositions restent vagues et insuffisantes.

Pour son premier livre-enquête, À la recherche des profs perdus (éditions de l’Aube, 2025), Mathieu Bosque – président de Picardie Debout, mouvement de soutien à François Ruffin – livre le texte d’un élève moyen dont l’école ne l’a ni fait rêver, ni encouragé à s’élever. Ainsi, ce texte nous ressemble, à nous, cette majorité d’anciens élèves moyens de l’école française qui n’aimaient pas tant l’école que pour ses récréations ou pour le bruit strident de la sonnerie de 17 h. Cette enquête, écrite sur une idée de F. Ruffin, remonte l’histoire de l’école française jusqu’à aujourd’hui et en tire plusieurs constats alarmants. L’auteur y propose aussi un petit programme pour remettre l’école française sur les rails de la réussite, du sens du métier de professeur aux formations enseignées, en passant par le rôle du secteur privé et la reprise des programmes enseignés.

L’école, vieux combat républicain

Au 21e siècle, la plupart d’entre nous a évolué dans une société où l’existence de l’école allait de soi. Mathieu Bosque tient à revenir en arrière pour nous rappeler la fragilité de cette institution, de son accès très inégalitaire, particulièrement pour les jeunes filles, même après la révolution de 1789. Le pays ayant fait l’objet de nombreux tumultes intérieurs et de guerres, de changements de régimes et de gouvernements incertains, la question de l’école n’a jamais été prioritaire. Dès 1790, Condorcet propose de construire une école pour 400 habitants, au fonctionnement indépendant, dont l’État assurerait uniquement un rôle de contrôle. En 1793, Joseph Lakanal s’intéresse de plus près au recrutement des enseignants et pousse à la création de « l’école normale » afin de former des professeurs. La première de ces écoles ouvrira deux ans plus tard. Une autre évolution importante a lieu en 1861, sous le Second Empire, lorsque le ministre de l’instruction publique et des cultes, Gustave Rouland, demande directement aux instituteurs leurs besoins et apporte une réponse en augmentant les salaires et rendant obligatoire l’ouverture d’écoles à destination des filles.

Un tournant a lieu dans les années 1870 lorsque Jules Ferry et Léon Gambetta font de l’école une priorité, dans l’idée qu’il ne peut exister une République sans une école laïque, obligatoire et gratuite.

Malgré un rôle croissant de l’État, les projets apportés ponctuellement par quelques personnalités se heurtent à une forte résistance de l’Église qui a la mainmise sur l’éducation depuis l’Ancien régime. La concurrence entre laïques et religieux est forte et les divisions et les retours à des régimes comme l’Empire n’aident pas à l’émancipation du ministère. Un tournant a lieu dans les années 1870 lorsque Jules Ferry et Léon Gambetta font de l’école une priorité, dans l’idée qu’il ne peut exister une République sans une école laïque, obligatoire et gratuite. La République est alors mise au centre : elle donne un niveau d’éducation nécessaire aux élèves pour qu’ils la comprennent et l’aiment. La séparation de l’Église et de l’État en 1905 est un grand pas en avant dans la bataille pour l’éducation qui s’est appuyée sur les combats d’une longue série d’idées, de mesures et de personnalités.

Révolté par la loi de 1905, le clergé déclenche une guerre scolaire contre l’État qui durera jusqu’à la guerre de 14. Plus tard, c’est le régime de Vichy qui soutient l’enseignement religieux catholique. Depuis l’après-guerre à nos jours, une sorte de statu quo règne entre établissements publics et privés, ces derniers recevant une grande part de financement de l’État. Un soutien financier accompagné de bien peu de contrôles, alors que les dérives sont pourtant nombreuses, comme le rappellent régulièrement des scandales nationaux, comme celui du lycée Stanislas l’an dernier ou de Notre-Dame-de-Betharram plus récemment.

Si l’État a su reprendre en main le système scolaire et l’élargir à l’adolescence, puis à l’enseignement supérieur, ce secteur traverse de nombreuses crises. Le constat que fait Mathieu Bosque sur l’état actuel de l’école est accablant. Il s’appuie sur les résultats des dernières études PISA (2018 et 2022) qui démontrent que, malgré un maintien au-dessus de la moyenne, les inégalités dans l’école sont bien un élément déterminant du faible niveau des Français. Pour se rendre compte de la plongée des niveaux, il rappelle qu’un élève sur 5, soit 20 %, sort du collège sans avoir acquis les savoirs de base, c’est-à-dire lire un texte et le comprendre, se faire comprendre à l’écrit, réaliser des opérations simples comme lire un graphique ou vérifier une facture. Avoir 170.000 élèves à ce point en échec chaque année est une catastrophe. 

Autre symptôme de la crise de l’école : chaque année depuis 2017, en moyenne, 1000 postes mis au concours de professeur des écoles ne sont pas pourvus. En conséquence, les académies se trouvent contraintes d’embaucher des professeurs contractuels en masse et les envoient sur le terrain sans aucune formation, ou tout au mieux, des formations de quelques jours seulement. Des recrues, à la motivation plus ou moins forte, qui ont tendance à vite abandonner étant donné les conditions du métier.

Chaque année depuis 2017, en moyenne, 1000 postes mis au concours de professeur des écoles ne sont pas pourvus.

Contre les inégalités scolaires, réhabiliter le travail manuel

Certains, particulièrement à l’extrême droite, accusent la réforme du « collège unique » de François Haby en 1975 d’être à la source des inégalités entre les élèves, et souhaite tout simplement la supprimer. Afin d’éclairer le sujet, Mathieu Bosque s’entretient avec Marie Duru-Bellat, sociologue et professeur de sociologie à l’Institut d’études politiques de Paris. Celle-ci rappelle, qu’avant 1975, les établissements étaient différents selon les classes sociales, puisqu’un examen d’entrée en 6e triait les enfants riches et les pauvres. Ce tri s’effectuait au cœur de la société, dans le monde ouvrier ou paysan, où l’école n’était vue que comme un moyen d’être instruit avant de reprendre ensuite le métier de ses parents. La bourgeoisie avait alors accès aux filières longues et les autres classes sociales avaient accès à des études relativement courtes ou des filières techniques. 

Cette réforme vise donc un objectif majeur : que l’école ne se résume plus à la simple instruction des enfants, mais qu’elle serve également à émanciper les individus, pour en faire des citoyens et ainsi construire une République égalitaire, fraternelle et libre. Derrière une réforme des parcours scolaires, c’est donc une vaste bataille culturelle qui est engagée. Après la réforme Haby, les inégalités ne disparaissent pas, mais s’intègrent au collège. Comme le démontrent Bourdieu et Passeron, les inégalités se répètent à l’école telle qu’elles sont dans la société, à travers la reproduction sociale.

Après la réforme Haby, les inégalités ne disparaissent pas, mais s’intègrent au collège. Comme le démontrent Bourdieu et Passeron, les inégalités se répètent à l’école telle qu’elles sont dans la société, à travers la reproduction sociale.

Cette inégalité se traduit aussi par les méthodes d’apprentissages, le choix pédagogique ne convenant pas à tous les esprits. Le collège n’est pas bâti sur ce que les élèves savent faire, mais il est construit par le haut, en partant de ce qu’il faut savoir à tel ou tel âge. Car ce que demande l’école pour obtenir le diplôme du baccalauréat général, c’est un travail soutenu de réflexions abstraites. Le collège, dans sa forme de collège unique, est spécialement conçu pour amener les élèves vers ce bac général. Mais en 2024, seuls 43 % des élèves obtiennent le bac général, le reste se répartissant entre 16 % de bac technologique et 20 % de bac pro et les non-bacheliers (21 %). En d’autres termes, plus de la moitié des élèves ont passé 4 ans de scolarité – au collège – à apprendre des méthodes et des enseignements dont ils ne se sentent, au final, pas concernés.

En 2004, cette question revient sur le devant de la scène lorsque le gouvernement Raffarin réalise des coupes budgétaires dans la culture et la recherche. Chercheurs, enseignants et artistes dénoncent alors une « guerre à l’intelligence » dans une pétition. Mathieu Bosque rappelle la réponse de Raffarin : celui-ci rétorque en parlant « d’intelligence de la main » dans un éloge devant la convention de la Fédération française du bâtiment, ce qui séduit le monde du travail manuel. Cette déclaration du Premier ministre suscite un vaste débat à travers le paysage politique, dont il  ressort que la culture du travail manuel est complètement dévalorisée face à la culture de la pensée qui semble être la norme dans les discours dominant les médias et la politique. La place des matières manuelles au collège est très faible, seulement 30 % du temps d’apprentissage, et seulement des matières dites secondaires (musique, art plastique, technologie, sport), le plus gros du temps étant dédié aux matières de « l’intelligence du penser ».

De fait, bon nombre d’élèves ne se reconnaissent pas dans l’enseignement qui leur est proposé et lâchent rapidement prise, induisant la fuite de l’école d’un nombre trop important d’élèves. Ces représentations sont tellement intégrées aux inconscients que, même chez les parents, il n’est pas bien vu qu’un enfant ne réussisse pas dans le général. Pour faire évoluer cette situation, André Lagarrigue, physicien, dirige une commission ministérielle chargée de rénover l’enseignement des sciences physiques et de la technologie dans l’enseignement secondaire. Son rapport au ministère de l’éducation propose de remanier l’instruction des sciences expérimentales et techniques : à travers les modules proposés, les élèves pouvaient appréhender le travail industriel dans la conception, la réalisation et l’usage. Finalement, en raison des restrictions budgétaires et d’une faible volonté politique, les propositions n’ont pas été retenues dans les programmes scolaires. Les dirigeants d’alors n’ont pas vu l’intérêt d’enseigner à tous les élèves un apprentissage manuel. La technologie est ainsi enseignée comme un simple prétexte à l’apprentissage des lois de la physique.

Face au déterminisme social, des profs qui se sentent seuls

Comme l’ont montré de très nombreux travaux de sociologie, la préférence des enfants pour les connaissances intellectuelles ou le travail manuel s’explique largement par le milieu social dans lequel ils ont grandi. Celui-ci joue sur sa capacité à apprendre à déchiffrer, puis à lire. L’enfant doit grandir dans un environnement riche et divers qui lui permettra de capter, inconsciemment, des mots, des idées, des notions qu’il pourra comprendre une fois à l’école, quand il devra lire un texte pour la première fois. Mathieu Bosque rappelle à ce sujet les explications du linguiste Alain Bentolila : un enfant qui lit pour la première fois un mot va apprendre premièrement les lettres, puis les sons et le bruit de ce mot et va faire appel à son « dictionnaire des bruits » pour retrouver une référence à laquelle la raccrocher. 

Ce sujet est absolument déterminant dans le développement d’un enfant et va traduire la façon dont il apprend. Un enfant qui manque de références sera perdu lorsqu’il devra déchiffrer un texte, il s’ensuivra une frustration et un blocage, un rejet. Le rôle de l’État dans ce « dictionnaire intérieur » de l’enfant est d’offrir la possibilité d’un accès de qualité à la culture dans tout ce qu’elle a de divers et enrichissant pour les jeunes. Mais dans ce cas, la part des parents et de la famille est la plus déterminante.

Pour casser ce déterminisme social, le rôle des enseignants en est la clé. Le livre s’arrête donc, par endroit, dans des établissements à Marseille et en Île-de-France, pour leur laisser la parole. Ils y expriment une sorte d’usure morale, de désespoir face à la difficulté de maintenir des classes dans de bonnes conditions dans les quartiers dits défavorisés. Manque de moyens, bâti désuet, trafics autour des établissements y sont souvent leur quotidien. Plus globalement, ils expriment un véritable sentiment d’abandon. Certains professeurs quittent ainsi la profession après trente années de métier car ils se sentent seuls. L’administration ne crée aucun lien et partage peu d’informations en dehors des négociations avec les syndicats et des consignes souvent inapplicables sur le terrain. Les professeurs ont pris pour habitude de garder les choses pour eux, de ne rien dire. La « communauté enseignante » finit par être une coquille vide et même les professeurs les plus volontaires finissent par se fatiguer, faute de liens suffisamment forts avec leurs collègues.

Ces nouveaux profs de remplacement, contractuels, baladés d’un établissement à l’autre, ne voient pas leur avenir dans cette institution qui ne fait rien pour les retenir.

Nouveauté dans cette destruction du lien social : les professeurs « jobs-datés », promis à des formations de quelques jours pas toujours effectuées, qui remplacent peu à peu le modèle du professeur sortant de « l‘école normale » dans laquelle il apprend la pédagogie, la psychologie de l’enfant, la sociologie, dans lesquelles il se spécialise. Ces nouveaux profs de remplacement, contractuels, baladés d’un établissement à l’autre, ne voient pas leur avenir dans cette institution qui ne fait rien pour les retenir. À force, le métier d’enseignant, qui est une véritable vocation, perd son sens et ne tient qu’à la force de caractère de ceux qui veulent bien rester. 

Des propositions élaborées à la va-vite

Après ce constat assez négatif sur l’état de l’éducation nationale, Mathieu Bosque tente d’esquisser quelques solutions. Mise à part la très évidente proposition d’augmenter les moyens, il met en avant quelques propositions, sûrement à approfondir, et certainement pertinentes. Il suggère ainsi de s’intéresser à la pédagogie de l’entraide, ou les élèves seront encouragés à se tirer mutuellement vers le haut, au lieu d’être mis en concurrence. Cela passerait par la reprise par les élèves des leçons sous la conduite d’autres élèves. Cette méthode peut en même temps inciter l’appropriation du savoir par l’élève et créer du lien entre les élèves. Mathieu Bosque revient également sur l’ouverture à une éducation de « l’intelligence de la main », en reprenant par exemple les études déjà existantes d’André Lagarrigue. 

Il propose également de réduire les « tailles industrielles » des nouveaux établissements afin de garder la dimension humaine de l’école, rappelant que les très grandes structures ont un effet social négatif sur la construction de liens entre élèves et entre professionnels. Le fait que la France ait les classes les plus surchargées d’Europe contribue sans doute fortement au malaise et au décrochage de nombreux élèves. Dans des établissements plus petits, les élèves auraient des repères plus stables et les professeurs pourraient prendre plus de temps pour le suivi de leurs élèves. L’auteur mentionne aussi la dimension écologique, souhaitant une planification écologique de l’éducation en formant les esprits aux réflexions et aux métiers de demain. Cette proposition, bien qu’a priori intéressante n’est malheureusement pas plus profondément élaborée dans l’ouvrage.

Surtout, l’absence d’évocation de l’enseignement privé parmi les réformes à entreprendre questionne. Comment rééquilibrer les inégalités dans le système éducatif sans repenser la place du privé dans le paysage éducatif afin de mettre un terme aux largesses dont il bénéficie encore aujourd’hui ? Central dans la lutte contre les inégalités scolaires, ce thème n’est pourtant pas du tout mentionné dans cette enquête… Ce manque interroge sur la finalité du livre. S’il s’agissait de proposer une synthèse de l’histoire de l’école en France et de ses défis actuels, l’oubli serait regrettable, mais la copie générale de Mathieu Bosque reste assez complète. Cependant, puisque Bosque entend « donner un cap politique » à travers ce livre – en portant ces propositions avec Picardie Debout et sans doute le reste de la gauche – cette absence pose problème. Alors que l’école reste très peu abordée dans les débats politiques et que les enseignants, autrefois solidement ancrés à gauche, votent de plus en plus pour le RN dont le programme scolaire est profondément inégalitaire, l’oubli d’un point aussi crucial interroge. La question de l’école républicaine, longtemps centrale à gauche, mériterait pourtant une vraie attention et le contrôle, voire la suppression, de l’enseignement privé doit être mis en débat. Si un professeur devait donner son avis sur ce livre, son commentaire serait sans doute « peut mieux faire ».

Tri social des élèves et abandon des profs : le programme commun de Macron et du RN pour l’école

© Quentin Gibert pour LVSL

Alors que l’Education nationale s’effondre, le Rassemblement National promet un « redressement » de ce service public en reprenant les mêmes recettes que le camp présidentiel. Généralisation du tri social dès le plus jeune âge, obsession pour les sanctions, destruction du collège unique, enseignement privé florissant hors de tout contrôle… Les deux partis ont pratiquement un programme commun sur la question, dont l’enjeu des moyens accordés aux enseignants est quasi-absent. A l’inverse, le Front populaire entend lancer un choc de moyens pour l’éducation dès son arrivée au pouvoir, avec le double objectif d’une école vraiment gratuite et beaucoup plus égalitaire.

« Mère de nos batailles », l’école française devait constituer une « priorité absolue » du gouvernement de Gabriel Attal, selon les mots du Premier ministre lors de sa nomination à Matignon. Après le passage éclair d’Amélie Oudéa-Castéra à la tête du ministère, le bilan en la matière est si mauvais que le camp présidentiel se refuse à l’aborder durant la campagne. La perception des Français sur ce service public consubstantiel à l’idéal républicain est en effet très négative : à la rentrée 2023, à peine 33 % des Français considéraient que le collège fonctionne bien, 35 % pour le lycée et 60 % pour le primaire. Pas de quoi enthousiasmer les électeurs pour les prochaines législatives.

Une école de plus en plus dysfonctionnelle et inégalitaire

Contrairement aux propos lénifiants des macronistes sur le « manque de pédagogie » autour de réformes qui seraient incomprises, il ne s’agit pas juste d’un avis subjectif : de nombreux indicateurs prouvent que l’état de l’Education nationale s’est dégradé ces sept dernières années, notamment du fait des réformes conduite par Jean-Michel Blanquer (ministre de l’Education nationale de 2017 à 2022, ndlr). Tout d’abord, le bilan général du niveau des élèves français n’a pas augmenté. Selon la Depp (Direction de l’Évaluation de la Prospective et de la Performance, ndlr) le dédoublement des classes de CP et CE1 – qui figure également dans le programme du Rassemblement National -, n’a eu aucun effet sur les zones d’éducation prioritaire par rapport aux autres écoles hors éducation prioritaire. Sur les programmes de mathématiques, les élèves français décrochent : du CM2 à la 3ème, les résultats sont en baisse. 

En matière budgétaire, les dépenses du ministère sont certes en hausse, mais la dépense intérieure d’éducation restait en 2021 plus faible d’un point de PIB – soit 25 milliards d’euros – que pour la génération des années 1990. En outre, comme l’a illustré l’affaire Oudéa-Castéra, l’enseignement privé est particulièrement privilégié par rapport au public. Financé à 75 % par l’argent public, le privé est en outre peu contrôlé : un rapport de l’Assemblée nationale rappelle ainsi que les établissements privés sont en moyenne contrôlés tous les 1500 ans ! Comme dans bien d’autres domaines, la Macronie n’aura donc fait qu’accentuer les inégalités, alors même que l’école est un pilier central de la citoyenneté depuis les grandes lois de la Troisième République.

La mise en concurrence généralisée des élèves a d’ailleurs été une obsession des macronistes en matière éducative depuis 2017. La réforme du baccalauréat de Jean-Michel Blanquer, avec notamment la suppression des filières du bac général, a ainsi creusé les différences entre établissements. Combinée à l’instauration de Parcoursup, ces changements ont abouti à un véritable tri social des élèves en fonction du lycée où ils ont étudié. La même logique est en train d’être mise en œuvre au collège, avec l’obligation d’obtention du brevet pour accéder au lycée dès 2025. La mesure figure également dans le programme du Rassemblement national, qui prévoit en plus un examen pour l’entrée en sixième

Tri social généralisé

En triant les élèves tout au long de leur scolarité, la concurrence entre différents enseignements – général et technologique pour les meilleurs, professionnel ou apprentissage pour les moins bons – ne fera que s’accentuer. L’enseignement professionnel reste en effet une filière particulièrement dévalorisée aux moyens insuffisants. Alors même qu’il pourrait correspondre aux souhaits et aux besoins de nombreux élèves, il est pour l’instant une « voie de garage » vers laquelle sont envoyés par défaut les jeunes ayant les moins bons résultats. Une logique dans laquelle le Rassemblement National entend persister : reçu par le MEDEF avec Eric Ciotti, Jordan Bardella a ainsi indiqué vouloir « orienter plus tôt, plus vite les élèves vers des filières professionnelles » le 20 juin.

Renaissance et le Rassemblement National s’accordent également sur la volonté de mettre fin au collège unique. Hérité du ministre de l’Éducation nationale René Haby en 1975, ce modèle prévoit, dans un souci d’égalité des chances, un enseignement égal et homogène pour tous.

Renaissance et le Rassemblement National s’accordent également sur la volonté de mettre fin au collège unique. Hérité du ministre de l’Éducation nationale René Haby en 1975, ce modèle prévoit, dans un souci d’égalité des chances, un enseignement égal et homogène pour tous. Mais les programmes de la droite attachent une importance nette à la notion de mérite, ignorant sciemment que celui-ci est largement lié au milieu social d’origine. Roger Chudeau, le spécialiste éducation du RN et ancien conseiller de François Fillon, veut ainsi instaurer un « collège modulaire » et très fortement restreindre les dispositifs REP (réseaux d’éducation prioritaire, ndlr), qui accorde des moyens supplémentaires aux établissements situés dans des quartiers défavorisés. Du côté du parti présidentiel, le même objectif de séparation des élèves sera instauré à travers la création de groupes de niveau pour les élèves de 6ème et 5ème dès la rentrée 2024. Contre l’avis quasi-unanime des professeurs, des parents d’élèves et des chercheurs spécialistes de l’éducation, le gouvernement persiste. Faute de suffisamment de professeurs, les groupes seront trop chargés, les horaires prolongés, et la séparation des élèves accentuera les stigmatisations et les écarts de niveaux.

Cette stigmatisation des élèves les plus en difficulté irrigue d’ailleurs d’autres propositions de l’actuel gouvernement et de l’extrême-droite. Le RN propose ainsi la mise en place de sanctions financières contre les familles d’élèves trop absents – suspension des allocations familiales et des bourses scolaires – et des sanctions contre les encadrants des établissements qui ne ferait pas appliquer des « sanctions plancher » aux élèves perturbateurs. La majorité sortante a repris la même rhétorique depuis les émeutes de l’été 2023, en annonçant étudier des amendes pour manque d’assiduité – une mesure qui n’a aucun effet sur l’absentéisme lorsqu’elle fut appliquée entre 2011 et 2013 – et à travers la création de « stages de rupture » dans des internats pour les élèves « perturbateurs ». Dans un cas comme dans l’autre, l’effet de la classe sociale et des inégalités sur les comportements et résultats des élèves n’est jamais pris en compte.

Les enfants handicapés, dont le nombre a plus que triplé suite à la réforme instaurant « l’école inclusive » en 2005, sont eux aussi largement délaissés par le RN et Renaissance. Le premier n’aborde tout simplement pas leur situation dans son programme alors que plus de 400.000 jeunes sont concernés. Quant au parti présidentiel, il a continuellement rechigné à offrir de meilleures conditions de travail et rémunérations aux AESH qui aident ces élèves et s’est un temps déchargé sur les collectivités territoriales en ce qui concerne le paiement de leurs heures de travail sur la pause méridienne. Avec le RN comme avec Macron, les élèves en situation de handicap continueront donc de subir une éducation incomplète et de changer régulièrement d’AESH, tandis que ces derniers seront toujours déconsidérés.

Salaires et recrutements insuffisants

Ce refus d’accorder des moyens suffisants à l’éducation est d’ailleurs une politique globale partagée tant par l’extrême-droite que les macronistes. Lors de la campagne présidentielle 2022, le RN proposait d’augmenter les salaires des professeurs de 15% sur cinq ans, Macron l’a fait dans une moindre mesure, à travers une hausse de 10 % via différents leviers en 2023. Mais cette augmentation n’a pas couvert les pertes dues à l’inflation et au gel du point d’indice des années précédentes. Malgré ce léger rattrapage, le salaire des enseignants français reste ainsi inférieur à la moyenne de l’OCDE, particulièrement en milieu de carrière (15 % d’écart selon un rapport du Sénat). Par ailleurs, les effets de ces dernières augmentations n’ont pas eu le résultat recherché : le taux de démission des professeurs est toujours en hausse, particulièrement chez les enseignants stagiaires. Même si ce taux reste en dessous de 1%, il constitue un signal d’alarme sur la tendance. Autre alerte : le nombre de candidats aux concours de l’enseignement est en chute libre dans toutes les catégories : en quinze ans, leur nombre a baissé de plus de 30 % pour les concours du second degré (collège et lycée, ndlr) ! Des difficultés de recrutement qui ont abouti au recours aux job datings de dernière minute juste avant la rentrée.

Le manque d’enseignants ne semble pourtant inquiéter ni le RN, ni le camp présidentiel. Aucun des deux programmes ne propose en effet d’augmenter l’embauche des équipes d’encadrement des élèves. Pire : depuis les coupes budgétaires annoncées par surprise en février, le ministère de l’Éducation nationale prévoit de supprimer quelque 11.000 postes, dont 6.400 d’enseignants ! Outre les économies, le gouvernement s’appuie sur une baisse de la natalité depuis les années 2000 – qui fait mécaniquement baisser le nombre d’élèves – pour justifier sa décision. Alors que la France a déjà les classes les plus surchargées d’Europe (25,6 élèves par classe en moyenne dans le secondaire et 22,1 dans le primaire), il aurait pourtant été opportun de profiter des évolutions démographiques pour réduire le nombre d’élèves par classe afin d’assurer des meilleures conditions d’enseignement.

Le RN et Renaissance cherchent à augmenter la main d’œuvre éducative en baissant les niveaux d’expertise des professeurs.

Face aux difficultés grandissantes de recrutement, illustrées par le recours aux job datings juste avant la rentrée, Emmanuel Macron a annoncé une nouvelle réforme du recrutement des enseignants. Censée entrer en vigueur à partir de 2025, celle-ci prévoit d’abaisser le niveau de formation des professeurs de Bac+5 à Bac+3. Les nouvelles recrues poursuivront leur entrée dans le monde du professorat en devenant élèves fonctionnaires, pour deux ans, dans un « master professionnalisant ». Sous prétexte de pluridisciplinarité, les futures professeurs verraient leur spécialité disparaître au profit d’une formation généraliste au « cahier des charges » imposé, s’inquiète le syndicat Fnec FP FO. Cette nouvelle réforme ressemble également au programme de Marine Le Pen en 2022. Celui-ci prévoit notamment de supprimer les INSPE (Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation) pour former les professeurs directement « sur le tas » auprès de leurs « pairs expérimentés ». Les deux partis cherchent ainsi à augmenter la main d’œuvre éducative en baissant les niveaux d’expertise des professeurs, une sorte de taylorisation de l’Éducation nationale, au détriment des travailleurs et des élèves.

Pour le Front populaire, priorité à l’égalité et au choc de moyens

En opposition frontale au projet du RN et d’Emmanuel Macron, le Nouveau Front Populaire promet au contraire un renforcement significatif des moyens alloués à l’éducation et des mesures fortes pour renforcer l’égalité entre les élèves. L’abrogation des réformes d’Emmanuel Macron, largement partagées par le RN, sera la première priorité. Parcoursup et le « choc des savoirs » instaurant les groupes de niveaux seront ainsi supprimés. Un vaste choc de moyens est également prévu, comprenant des revalorisations de salaires, une titularisation des AESH, la création d’un service public d’accompagnement du handicap et des embauches. Différentes mesures qui doivent permettre d’améliorer les conditions d’enseignement et de baisser le nombre d’élèves par classe à 19, objectif que se donne l’alliance de gauche pour sa « grande loi éducation ».

Deux choix sont proposés aux électeurs. Celui du RN et de Renaissance, autour de la séparation des classes sociales et de la course au mérite dans un monde toujours plus inégalitaire, où le service public de l’éducation est délaissé au profit du privé. Et celui du Front Populaire, qui vise une plus grande égalité entre élèves et une liberté de choix de leur avenir quel que soit leur milieu social d’origine.

Au-delà de ces réformes, le Front Populaire attache aussi une grande importance à l’égalité des chances entre les élèves, en contrôlant plus fortement l’enseignement privé, dont les dotations seraient modulées en fonction du respect ou non d’objectifs de mixité sociale. Par ailleurs, il prévoit aussi de rendre l’école véritablement gratuite dès les 15 premiers jours au pouvoir s’il remporte les élections : cantine scolaire, fournitures, transports et activités périscolaires seraient entièrement pris en charge, afin de ne plus exclure les enfants dont les parents n’ont pas de moyens suffisants pour ces différentes dépenses. Ce faisant, il reprend ici la demande de très nombreux parents d’élèves et de syndicats, qui n’ont cessé d’alerter sur ces besoins d’urgence pour renforcer le service public. 

Bien que trois blocs se distinguent dans l’arène politique, seuls deux choix en matière d’éducation sont proposés aux électeurs : celui de l’extrême-droite et du camp présidentiel, ou celui du Front Populaire. Le premier est celui de la séparation des classes sociales et de la course au mérite dans un monde toujours plus inégalitaire, où le service public de l’éducation est délaissé au profit du privé. Le second est celui d’une plus grande égalité entre les élèves et d’une liberté de choix de leur avenir quel que soit leur milieu social d’origine. Finalement, ce clivage revient aussi à poser la question de la finalité de l’école : doit-elle avant tout former au monde de l’entreprise et servir la reproduction sociale ou doit-elle aussi viser l’ouverture d’esprit ? Ce débat est aussi vieux que le ministère lui-même et n’a jamais été véritablement tranché : de Condorcet et Victor Hugo à nos jours, l’instruction et l’éducation sont deux choses différentes. L’Éducation évoque le domaine des valeurs, tandis qu’instruire évoque la transmission des connaissances. Comme l’indiquait Jean-Paul Rabaut Saint-Etienne, député du Tiers-État en 1789 : « L’instruction publique éclaire et exerce les esprits, l’éducation forme les cœurs ».

Emmanuel Macron veut achever l’école de la République

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Décembre 2015 ©Jeremy Barande

Depuis deux semaines, on en sait un peu plus sur le programme d’Emmanuel Macron, notamment en matière d’éducation. Si, comme pour le reste de son programme, les idées viennent de partout, et surtout de nulle part, elles peuvent toutes être placées sous le même signe : un libéralisme destructeur qui viendrait achever l’œuvre de démantèlement de l’Ecole de la République entamé par les gouvernements précédents.

 

Recruter des enseignants tout en supprimant des postes : vers des conditions de travail dégradées

 

Les soutiens du gouvernement actuel, à l’heure du bilan, se plaisent à mettre en avant la création de 60 000 postes au sein de l’Education nationale. Si le chiffre est exact, ces créations de postes se sont révélées nettement insuffisantes, dans la mesure où elles ont à peine permis de limiter les dégâts causés par les suppressions de postes massives effectuées sous Sarkozy. Ces mesures au rabais sont pourtant encore trop ambitieuses pour Macron qui, en homme politique responsable, pense que la France saura se satisfaire de 4 à 5000 nouveaux postes d’enseignants.

Si cette mesure apparaît peu audacieuse et bien en deçà des embauches nécessaires à la revitalisation de l’Education nationale, il faut aussi souligner que les autres propositions de Macron l’annulent. En effet, il prévoit de supprimer 120 000 postes de fonctionnaires : le ministère de l’Education Nationale étant celui qui en emploie le plus, on peut prévoir qu’il y aura des suppressions de postes, notamment au sein du personnel administratif des établissements scolaires. Dès lors, les quelques créations de postes promises se retrouveront annulées par le fait que de nouvelles charges administratives vont devoir être accomplies par les enseignants, au détriment de leur travail devant les élèves. Il s’agit donc, pour Emmanuel Macron, de créer des postes d’enseignants au rabais, qui partageront leur temps de travail entre l’enseignement et des tâches de secrétariat qu’ils seront obligés d’accomplir faute de personnel disponible pour le faire à leur place.

Mais les conditions de travail des enseignants ne semblent de toute façon pas être l’une des priorités d’Emmanuel Macron. En effet, la seule proposition faite concernant la rémunération de ceux-ci est de tripler la prime que les enseignants touchent lorsqu’ils exercent dans un établissement classé en zone prioritaire : cette prime serait alors de 1000 à 3000€ annuels. Or, cette mesure pose deux problèmes. D’une part, ces primes ne rentrent pas en compte de le calcul de la retraite des enseignants. D’autre part, cela permet à Macron de ne pas parler du cœur du problème, à savoir la revalorisation des salaires de tous les enseignants qui sont nettement inférieurs à ceux de leurs collègues européens.

A rebours de ces propositions inefficaces, il faut donc poser réellement la question des salaires et mener une politique de recrutement ambitieuse afin de redonner à l’Ecole les moyens d’accomplir ses missions.

Le règne de l’utilitarisme

Mais Emmanuel Macron ne se contente pas d’avancer des propositions sur des questions aussi techniques que la rémunération des enseignants. Il prétend aussi développer une vision de long terme de ce que doit être l’Ecole, des évolutions qu’elle doit subir, notamment à propos de ce que l’on y enseigne. Comme pour le reste de son programme, les contradictions sont légion.

L’une de ses propositions phares est de rétablir un véritable enseignement des lettres classiques (latin et grec ancien). Il faut rappeler que cet enseignement essentiel qui, dans de nombreux établissements, a pu jouer un rôle éminemment émancipateur pour certains élèves, a été vidé de sa substance par Najat Vallaud-Belkacem. Elle y a substitué un enseignement de « Langues et Cultures de l’Antiquité » où l’on apprend ni les langues, ni les cultures de l’Antiquité. Si la proposition de Macron peut être accueillie favorablement de prime abord, rappelons qu’elle est en opposition totale avec le reste de son projet éducatif qui se caractérise par un utilitarisme débridé. En effet, comment trouver de nouveaux enseignants de lettres classiques quand cette filière d’étude est constamment dévalorisée ? Macron prône une autonomie accrue des universités or, c’est précisément cette autonomie qui amène progressivement à la destruction des filières jugées non-rentables, notamment en lettres et en sciences humaines. Les résultats sont déjà là : l’an dernier, moins de la moitié des postes d’enseignants de lettres classiques ouverts ont trouvé preneurs. La filière est en crise : Macron compte bien l’achever. Après tout, quelle importance à ses yeux ? Lui qui déclarait récemment qu’il n’y a pas de culture française doit avoir bien peu de considération pour la culture gréco-romaine.

Sa vision utilitariste de l’éducation se retrouve également dans son projet de réforme du baccalauréat, qu’il propose de « simplifier » comme on simplifie le code du travail, en le réduisant à quatre épreuves. Là encore, Macron part d’un constat que l’on peut partager : des options fantaisistes, notamment en matière sportive, se sont multipliées et ne présentent pas d’intérêt pédagogique particulier. Mais réduire le baccalauréat à quatre épreuves, c’est affirmer que seuls certains savoirs sont réellement nécessaires à la formation de futurs citoyens, au détriment notamment de la culture artistique et littéraire. Peut-être est-ce, ici encore, lié au fait que la culture française n’existerait pas…

Emmanuel Macron dans l’émission “Au tableau”. Capture d’écran

Expulser la République des écoles pour y faire entrer le marché

 

Le point le plus dangereux du projet éducatif de Macron est qu’il entend s’attaquer à la dimension républicaine de l’Ecole française, notamment en matière de recrutement des enseignants. Actuellement, ces derniers sont recrutés via des concours nationaux : après leur admission, les nouveaux enseignants peuvent être affectés dans tous les établissements du pays. C’est le principe même de l’Ecole républicaine : les enseignants sont tous recrutés de la même manière et ont vocation à exercer sur l’intégralité du territoire, là où l’on a besoin d’eux.

A rebours de cette logique, Macron entend libéraliser le recrutement des enseignants en s’en remettant aux chefs d’établissement, qui pourront choisir ceux qui deviendront, à terme, leurs employés. Or cette démarche est profondément injuste dans la mesure où elle va accentuer les inégalités en matière d’accès à l’éducation. Si les enseignants peuvent postuler où ils le souhaitent, les meilleurs d’entre eux n’auront aucun mal à être embauchés dans des établissements situés dans des quartiers favorisés. A l’inverse, les chefs d’établissements moins attractifs devront composer avec des enseignants parfois moins bons, là où les élèves ont au contraire besoin des professeurs les plus qualifiés.

Au-delà de ces conséquences très concrètes, c’est un vrai changement de paradigme : l’Etat se désengage du secteur éducatif et laisse les chefs d’établissement agir en gestionnaires et, in fine, en patrons, ce qu’ils n’ont pas vocation à être. A fortiori dans un contexte où des initiatives telles que Teach for France, une entreprise qui envoie des diplômés de grandes écoles non formés aux métiers de l’enseignement dans des établissements dits « difficiles, se développe et serait certainement soutenue par un Macron président.

Finalement, le programme d’Emmanuel Macron en terme d’éducation est assez emblématique de son projet global : se nourrissant du vide politique et intellectuel creusé par le désastreux quinquennat de François Hollande, il propose tout et son contraire afin de ratisser large. Mais à force de vouloir plaire à tout le monde, on finit par être peu crédible, incohérent, et dangereux.

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©Jeremy Barande

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