L’Ukraine, une République aux mains des oligarques

Kiev, capitale de l’Ukraine. © lifeinkyiv

L’existence d’une classe parasitaire d’oligarques exerçant un immense pouvoir politique et économique n’a rien de spécifique à l’Ukraine. Mais ce qui distingue ce pays d’autres États post-soviétiques, c’est que cette oligarchie a plutôt bien accepté le régime démocratique et l’organisation d’élections régulières, qui permettent de trancher les différentes entre les différentes factions de milliardaires, en éternelle recomposition. Pesant lourdement sur la vie politique via leur candidatures, leurs médias et leurs moyens financiers, les oligarques ukrainiens font ainsi des élections leur terrain de jeu. Élu en 2019 sur un programme anti-corruption vigoureux, Volodymyr Zelensky a pris des mesures importantes pour réduire leur influence, au risque d’une dérive autocratique (interdiction de médias, arrestations extra-judiciaires…). Mais pour le journaliste Sébastien Gobert, c’est surtout la guerre en cours qui semble affaiblir les oligarques, en détruisant leur patrimoine. Dans son ouvrage, L’Ukraine, la République et les oligarques (Tallandier, 2024), il analyse le pouvoir des oligarques ukrainiens, les recompositions de cette classe au fil des ans et les guerres qu’ils se livrent entre eux. Extraits.

Dans un salon de palais, trois hommes palabrent au-dessus de plateaux de fruits de mer, de coupes de caviar et de flûtes de champagne. La caméra multiplie les gros plans sur leurs montres de luxe, leurs costumes sur mesure et leurs chevalières en or, sans révéler les visages. L’ambiance est détendue. Toutefois, il ne s’agit pas d’une conversation frivole. Les trois partenaires discutent très sérieusement d’un ministre qui représente leurs intérêts énergétiques, de la pression à exercer sur un haut fonctionnaire pour obtenir un marché public, de la voiture à acheter pour le compte d’un magistrat afin qu’il ferme les yeux sur un détournement de fonds d’État, ou encore de l’influence qu’ils exercent sur le nouveau président. Le jus de fruits exotiques dégouline, le vin coule à flots, les plaisanteries triviales fusent. Les trois compères se délectent : l’Ukraine leur appartient. 

Ce fragment de la série télévisée ukrainienne Slouga Naroda (Le serviteur du peuple, en russe) de 2015 serait suffisant pour dépeindre la vision populaire de l’oligarchie : celle d’une caste de privilégiés qui se sont approprié les richesses du pays et ont capturé l’État pour leur propre bénéfice. Une Ukraine dont les citoyens spoliés n’ont pas voix au chapitre. L’un des épisodes de la première saison se déroule ainsi dans un pays déserté de ses habitants. La Commission européenne vient de lever l’obligation de visas pour pénétrer l’espace Schengen, provoquant un exode de masse. Dans son rêve, le président Vasyl Holoborodko se retrouve seul sur une terre exploitée jusqu’à la dernière ressource. Même les oligarques en sont partis. 

Il est aisé de calquer ces images de fiction sur les préjugés qui collent à l’Ukraine. Le pays le plus pauvre d’Europe en termes de PIB par habitant [1] , corrompu, à la solde de quelques clans mystérieux. Un pays auquel personne ne serait attaché. Vladimir Poutine n’a sans doute pas pensé différemment, fin février 2022, quand il a dépêché ses troupes pour « libérer » les populations locales du carcan artificiel d’une Ukraine qui n’avait, selon lui, aucune légitimité à exister. Il s’attendait vraisemblablement à ce que personne ne lève le petit doigt pour défendre cette « erreur » du XXe siècle.

Pourtant, la majorité des Ukrainiens est restée pour faire face à l’invasion. Dans cette séquence tout à fait ancrée dans la réalité, l’ancien acteur qui avait interprété Vasyl Holoborodko, Volodymyr Zelensky, ne s’est pas retrouvé seul. Élu président en 2019, il est devenu en 2022 le visage de la résistance de millions de personnes, mobilisées chacune à leur échelle contre le déferlement des colonnes de blindés. Même les oligarques, dans leur majorité, ne sont pas partis. Les motivations ont été différentes, mais les Ukrainiens se sont indéniablement rejoints dans un but commun : le maintien de leurs libertés et de leur indépendance, une constante depuis leur émancipation de l’URSS en 1991. 

Cette résistance que peu suspectaient en février 2022 fascine. Elle puise ses racines dans le rejet de l’autoritarisme destructeur du Kremlin mais aussi dans l’entretien d’une idée ukrainienne à travers les âges, dans la conscience d’une spécificité géographique, culturelle et linguistique qui différencie cette nation de ses voisines, en premier lieu de la Russie. S’y superpose l’attachement citoyen à l’architecture institutionnelle d’un État indépendant, qui s’est affirmé au cours des trois dernières décennies. Ce sentiment aujourd’hui partagé par une large majorité est le résultat d’âpres combats de plusieurs générations. Les Ukrainiens résistent contre la guerre que leur mène la Russie depuis 2014. Ils sont en conflit contre leur propre corruption depuis plus de trente ans. C’est dans la lutte qu’ils se sont formés ; c’est dans la lutte qu’ils entendent préserver leurs acquis et défendre leur droit à l’avenir.

Une oligarchie sans oligarques ? 

Au demeurant, écrire sur les oligarques d’Ukraine devrait être simple. Aucun des magnats du pays ne revendique ce titre. On peut le comprendre, le terme étant intimement lié à une catégorie de nouveaux riches née dans les fusillades et la criminalité des années 1990. Pourtant, ces oligarques, qui profitent d’interpénétrations entre les milieux économiques, politiques, judiciaires et médiatiques, existent bel et bien. Rinat Akhmetov, l’homme le plus riche du pays, a figuré un temps parmi les cent personnalités les plus riches du monde, selon le magazine Forbes. Estimé – au sommet de son expansion – entre 14 et 16 milliards de dollars, ce natif du Donbass n’a jamais rivalisé avec les fortunes à douze chiffres qu’alignent aujourd’hui Bernard Arnault, Elon Musk ou Jeff Bezos. Reste que lui et sa holding System Capital Management (SCM) pèsent, bon an, mal an, plus de 10 % du PIB ukrainien. 

L’oligarchie induit une perversion des institutions d’État au profit d’intérêts particuliers. Elle exerce une influence considérable sur la vie publique du pays, alimentant une atmosphère de mystère, voire de complot, autour de la prise de décision politique.

En 2021, le magazine Novoe Vremia (Nouvelle époque, en russe) évaluait le capital des cinquante personnalités les plus riches à 40,444 milliards de dollars, soit 20,2 % du PIB. Ces concentrations de patrimoine, que l’on retrouve dans de nombreux pays, revêtent une dimension cruciale pour l’Ukraine, longtemps bloquée dans sa transition entre le communisme et le capitalisme. Incontournables, les « nouveaux riches » post-soviétiques ont suscité autant de rejet que de fascination, jusqu’à devenir une catégorie d’étude à part. 

Si les magnats du pays correspondent de moins en moins à la vision caricaturale des épisodes de Slouga Naroda, ils entretiennent bel et bien une économie de rente qui a freiné l’innovation, entravé la modernisation et restreint l’exploitation du potentiel économique national. L’oligarchie induit une perversion des institutions d’État, quasi totale à certaines époques, au profit d’intérêts particuliers. Elle exerce une influence considérable sur la vie publique du pays, alimentant une atmosphère de mystère, voire de complot, autour de la prise de décision politique.

Dans le même temps, l’écosystème oligarchique ukrainien a perduré comme un environnement relativement ouvert, pluriel et particulièrement concurrentiel. « La plus grosse erreur des journalistes et des experts, c’est de mettre tous les oligarques dans un même sac. Nous sommes différents », avertissait le sulfureux Ihor Kolomoïskiy en décembre 2018. Depuis le début des années 2000, il est l’un des cinq plus importants milliardaires du pays. De fait, les magnats ukrainiens disposent d’une autonomie à faire pâlir de jalousie leurs homologues russes, domestiqués depuis le début des années 2000 par Vladimir Poutine. En Ukraine, la transposition des conflits économiques oligarchiques dans la sphère politico-médiatique a contribué à entretenir une culture de débat, une diversité et des alternances politiques remarquables dans le contexte post-soviétique.

Depuis 1991, le Bélarus n’a ainsi connu que deux chefs de l’État, et la Russie, deux et demi – le mandat de Dmitry Medvedev (2008-2012) n’ayant été qu’un paravent du pouvoir de Vladimir Poutine. Dans le même temps, six présidents [2], seize Premiers ministres et vingt et un gouvernements se sont transmis le pouvoir de manière pacifique en Ukraine, à l’exception de 2014. Le tout, malgré trois crises financières (1998, 2008 et 2014), deux révolutions (2004 et 2014), une guerre (à partir de 2014) et une pandémie (2020-2021). Ce que certains dénigrent comme une preuve d’instabilité chronique, les Ukrainiens le revendiquent comme un symptôme de leur allergie à l’autoritarisme. Les oligarques du pays, acteurs pour la plupart indépendants et influents, ont pesé de tout leur poids sur ces processus. Par leurs affrontements économiques et politiques et, souvent, par des moyens peu recommandables, ils ont contribué à empêcher la consolidation d’une verticale du pouvoir qui menacerait leurs intérêts et leurs influences.

La pérennisation d’une opportunité

C’est à partir de la seconde moitié des années 1990, encouragée par le deuxième président Leonid Koutchma, que l’oligarchie post-soviétique ukrainienne a structuré un système intégralement greffé aux institutions de la République. La figure du chef de l’État, qui a joui à certains moments de prérogatives similaires à son homologue français, est centrale : elle répartit les ressources, arbitre entre les groupes et punit, le cas échéant, les contestataires. Les oligarques exercent un contrôle du même type sur la puissance publique à travers leurs investissements politiques et médiatiques qui leur garantissent la maîtrise de leur rente, les moyens de lutter contre leurs adversaires et la possibilité de jouir de leurs biens mal acquis.

Si cette organisation ukrainienne est marquée par des recompositions incessantes et des alliances changeantes, elle s’est démarquée par sa capacité d’adaptation et sa durabilité. Les magnats de Kyiv se différencient donc des grandes fortunes occidentales. Si celles-ci cultivent évidemment des réseaux politiques et une influence médiatique, elles n’ont pas la mainmise sur l’appareil d’État dont peuvent bénéficier les riches Ukrainiens. Dans une logique de « néo-patrimonialisme » ou de « néo-féodalisme », ils parviennent à instrumentaliser l’espace public jusqu’à « remplacer les concepts (par exemple, les partis politiques), à niveler les valeurs (ukrainiennes ou européennes), ou encore à imiter des processus et des phénomènes entiers (par exemple, les réformes) », comme le dénonce la journaliste et militante des droits de l’homme Olha Rechetylova. « Et le plus important, c’est qu’ils obligent une grande partie de la société à vivre dans ces simulacres, à consacrer des efforts, de l’énergie et du temps à des imitations futiles – typiquement des réformes qui ne produisent aucun changement. »

« Les oligarques obligent une grande partie de la société à vivre dans des simulacres, à consacrer des efforts, de l’énergie et du temps à des imitations futiles – typiquement des réformes qui ne produisent aucun changement. »

Les transformations structurelles amorcées après Maïdan, la révolution de la Dignité de 2014, ont entamé cette emprise sur la vie publique. Sans remettre en cause les fondements de la République oligarchique, elles ont démontré que les Ukrainiens rejettent avec ferveur ce système et sont déterminés à le mettre à bas progressivement. Un itinéraire loin d’être simple ou linéaire. « Deux pas en avant, un pas en arrière » est une formule qui sied à merveille à l’Ukraine post-Maïdan. Mais petit à petit, à travers des élections de plus en plus équilibrées et transparentes, la mobilisation soutenue de la société civile, un solide mouvement de bénévolat ou encore une forte tradition de liberté d’expression, les changements se sont imprimés dans le temps.

En 2022, Kyiv était classée 116e sur 180 pays dans le Corruption Perceptions Index de l’ONG Transparency International, loin derrière la 21e position de Paris ou le 45e rang de Varsovie – la Pologne est souvent comparée à l’Ukraine pour des raisons historiques, géographiques, culturelles et économiques. Ce maigre score est à replacer dans une tendance de fond : en 2014, le pays n’était que 142e du classement. Il n’obtenait alors que 25 points du Corruption Perceptions Index, contre 33 en 2022. Les transformations sont, de fait, bien réelles. Nul doute que Vladimir Poutine a senti cet éloignement progressif de Kyiv du mode de fonctionnement russe et l’a utilisé pour justifier – en partie – son invasion du 24 février 2022.

A la croisée des chemins

En lieu et place de ramener l’Ukraine dans le giron de Moscou, le choc de la guerre a confirmé les Ukrainiens dans leur choix d’intégration euro-atlantique. Il a aussi considérablement affaibli l’oligarchie nationale. Selon les données croisées des magazines Forbes et Novoe Vremia, le PIB s’est contracté d’un tiers en 2022 ; les vingt premières fortunes du pays ont perdu un capital combiné de quelque 20 milliards de dollars, suite notamment à la destruction d’usines et de propriétés irremplaçables. Les milliardaires d’hier ne sont plus que multimillionnaires, affectant leur capacité à peser sur le devenir de la République. Une influence qui est, de toutes les manières, contrainte par l’implication inédite des Occidentaux à travers leur crucial soutien financier et le processus d’intégration européenne. Les oligarques doivent aussi faire face aux évolutions technologiques de l’économie, qui favorisent l’émergence de nouveaux acteurs. Enfin, étant majoritairement nés dans les années 1950-1960, ils se confrontent à leur propre mortalité.

La guerre a considérablement affaibli l’oligarchie nationale. Selon les données croisées de Forbes et Novoe Vremia, les vingt premières fortunes du pays ont perdu un capital combiné de 20 milliards de dollars, suite à la destruction d’usines et de propriétés irremplaçables.

D’aucuns annoncent donc la mort programmée de la République oligarchique. Ils en veulent pour preuve la relance des efforts anticorruption sous l’impulsion de Volodymyr Zelensky et l’arrestation, début septembre 2023, d’Ihor Kolomoïskiy. De fait, l’homme est le premier magnat ukrainien à être placé derrière les barreaux dans son propre pays. Quant à la chute de l’oligarchie en tant que système, rien ne serait moins simple. En trois décennies, les principaux groupes ont démontré leur résilience et leur flexibilité face aux bouleversements de l’Histoire.

Ils sont aussi passés maîtres dans le brouillage de pistes en faisant disparaître une grande partie de leur fortune dans des réseaux de sociétés offshores aux ramifications difficilement décelables. En ce sens, ils représentent un défi qui dépasse de loin la seule Ukraine. « Les investissements réalisés en Occident par les oligarques post-soviétiques entretiennent une nouvelle catégorie de personnes prêtes à leur trouver des châteaux à acheter, à les défendre dans les médias, à héberger leurs œuvres de charité dans les universités, etc. Le tout en fermant les yeux sur la provenance de leur argent », détaille ainsi Edward Lucas, expert britannique de l’ex-URSS. 

En France, la Côte d’Azur s’est ainsi transformée en terre d’accueil pour des dizaines d’hommes d’affaires, députés, magistrats et fonctionnaires qui ont fui l’Ukraine dès février 2022 pour mener une dolce vita financée par des fortunes à l’origine opaque. Décriés comme le « bataillon Monaco », ils ne semblent guère préoccupés par le sort de leur pays d’origine. La prestigieuse villa Les Cèdres, à Saint-Jean-Cap-Ferrat, une ancienne résidence du roi des Belges Léopold II, un temps estimée comme le bien immobilier le plus cher au monde, est la propriété de Rinat Akhmetov depuis 2019. En Ukraine, on ironise sur les recommandations américaines ou sur les critères d’adhésion à l’Union européenne qui préconisent la « dé-oligarchisation » du pays, alors que lesdits magnats en sont déjà partis pour s’installer en Occident.

Si l’Ukraine est indéniablement à la croisée des chemins, rien n’indique que sa République oligarchique soit condamnée. A minima, ses représentants devraient demeurer des individus fortunés avec lesquels il faudra compter dans les prochaines années. En forçant notre respect par sa résistance à une agression injustifiée, ce grand voisin de l’Est longtemps méconnu suscite une attention inédite. Son ambition de rejoindre la famille européenne à marche forcée nous impose de trouver des clés de lecture pour expliquer et comprendre ce qui a façonné ce pays.

Notes :

[1] Le PIB par habitant s’élevait à 4 835 dollars en 2021, dépassé par la Moldavie (5 230 dollars par habitant). À titre de comparaison, les Français disposaient en 2021 de 43 569 dollars par tête.

[2]Leonid Kravtchouk (1991-1994), Leonid Koutchma (1994-2005), Viktor Iouchtchenko (2005-2010), Viktor Ianoukovitch (2010-2014), Petro Porochenko (2014-2019) et Volodymyr Zelensky (2019-). On peut y ajouter un septième, avec la présidence par intérim d’Oleksandr Tourtchinov entre fin février et début juin 2014 – un intérim bref mais capital compte tenu du contexte difficile d’annexion de la Crimée et de début de la guerre du Donbass.

L’Ukraine, la République et les oligarques, Sébastien Gobert, Editions Tallandier, 2024.

Ukraine : élection d’un candidat « anti-système »… dans un cadre pro-occidental ?

Le président ukrainien Zelensky © sbs.com.au

L’Ukraine vient d’élire son nouveau président, Volodymyr Zelensky, qui incarne une volonté de changement dans le pays mais aussi beaucoup d’incertitudes. Zelensky, qui n’a aucune expérience politique, a évité durant sa campagne des promesses électorales qui pourraient mener au désenchantement politique ultérieur, promu des référendums sur des questions clefs – notamment l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne et à l’OTAN – et cherche à tout prix à se distinguer de la classe politique établie et fortunée, sauf sur les questions de politique étrangère. De quoi l’élection de ce candidat populiste – mais partisan d’un alignement géopolitique sur l’Occident – est-elle le nom ?


L’Ukraine subit plusieurs crises simultanées : la guerre reste endémique dans l’Est, le chômage élevé (9 %) et la corruption généralisée. Surtout, l’Ukraine reste un pays d’un grand intérêt stratégique et géopolitique, convoité par ses voisins et « partenaires ». La Russie, l’Allemagne ou encore la Pologne jettent leur dévolu sur ce pays que l’on qualifie de grenier de l’Europe en raison de sa capacité de production agricole parmi l’une des plus élevées au monde. État-tampon entre les pays-membres de l’OTAN et la Fédération de Russie, l’Ukraine se retrouve impliquée dans un affrontement géopolitique qui sur-détermine en grande partie les enjeux de politique intérieure.

L’Ukraine, histoire d’un mélange d’influences européennes et russes

L’histoire de l’Ukraine est intimement liée à celle de la Russie et de la Pologne. L’Ukraine, telle que nous la connaissons de nos jours, est un État reconstitué à partir de deux régions disparates : l’une située à l’Ouest, qui recoupe les anciennes provinces de Galicie et de Volinie, longtemps intégrées à l’empire lituanopolonais d’abord, et austro-hongrois ensuite. Régions qui sont également le berceau de l’église Uniate, ralliée à Rome et qui par conséquent, sont des régions à tradition occidentale et avec des populations qui, souvent, aspirent à être rattachées à la sphère d’influence européenne. De l’autre côté du pays, à l’Est, on trouve les régions habitées en grande partie par des populations d’origine russe, jusqu’en Crimée, qui constituait l’un des lieux de passage privilégiés de la famille impériale russe. Par conséquent, ces régions orientales de l’Ukraine sont davantage tournées vers la Russie. En définitive, l’Ukraine est scindée en trois : une Ukraine occidentale, fondamentalement européenne, une Ukraine orientale tout à fait pro-russe et, entre les deux, Dniepr, zone tampon et lieu de rencontre entre ces deux régions. Kiev, la capitale, se situe dans cette zone tierce.

L’Ukraine a obtenu son indépendance en 1991 (après une première tentative entre 1917-1920) alors que l’URSS était à l’époque quasiment moribonde. C’est lors du référendum organisé le 1er décembre 1991 que le pays est devenu indépendant. Les problèmes diplomatiques deviennent légion et des conflits d’intérêt vont opposer alors l’Ukraine à la Russie, notamment sur le contrôle de la flotte de la mer Noire et sur le statut de la Crimée. Cette région russe avait été cédée par Nikita Khrouchtchev, secrétaire général du Parti Communiste de l’Union Soviétique, qui croyait en un empire soviétique proéminent. À l’instar de ce qui est arrivé en Yougoslavie ce genre de cession est dénoncé quand un divorce se produit.

Plus qu’une histoire parallèle, l’Ukraine et la Russie ont une histoire commune, et il semble difficile de nier les liens qui unissent nombre d’Ukrainiens à leur voisin de l’Est. Outre les Ukrainiens russophones, on peut aussi mentionner les millions de citoyens russes qui vivent en Ukraine, hors de leurs frontières natales. Bien sûr, l’intérêt que porte la Russie à l’Ukraine s’explique aussi par les liens économiques, commerciaux et diplomatiques entre ces deux pays, souvent asymétriques ; des liens que contestent l’Union européenne et l’OTAN, souhaitant ramener l’Ukraine dans leur sphère d’influence et pratiquer une politique de containment de l’espace stratégique russe.

L’Ukraine, ballottée entre les jeux de pouvoir de la Russie et de l’OTAN

Avec la fin de l’Ukraine soviétique, de nombreux gouvernements se succèdent, tentant de répondre à la quête d’identité nationale et de stabilité politique de ses citoyens. S’ouvre alors une période au cours de laquelle l’Ukraine est ballottée entre la sphère d’influence russe et occidentale. Les tensions atteignent leur pic sous le mandat de Viktor Ianoukovitch (élu en 2010), avec qui l’Union européenne tente de signer un accord d’association, qu’il refuse suite aux pressions exercées par Vladimir Poutine – qui ambitionne un rapprochement avec les ex-républiques soviétiques.

C’est alors que naît, en plein coeur de la capitale ukrainienne, le mouvement de pression pro-européen « Maïdan ». Activement soutenu dès le départ par l’Union européenne et les États-Unis (des personnalités clefs de l’administration Obama se sont affichées avec les manifestants dès les premières semaines), il est structuré par des partis majoritairement conservateurs ; parmi eux, on compte les traditionnels partis libéraux pro-occidentaux, mais aussi les mouvements d’extrême-droite Svoboda (« Liberté » en Ukrainien, qui s’intitulait jusqu’en 2004 « Parti national-socialiste d’Ukraine ») et Pravyi Sektor (« Secteur droit », groupe para-militaire arborant une symbolique néo-fasciste). Le mouvement « Maïdan », qui débouche sur la destitution du président Viktor Ianoukovitch, a été utilisé par les gouvernements occidentaux pour ramener l’Ukraine dans leur sphère d’influence. À terme, ils escomptent une adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne et à l’OTAN, pour achever la dynamique d’alignement géopolitique sur l’Occident qui s’était amorcée, pour les ex-républiques soviétiques, en 1991. Des visées qui sont interprétées par le gouvernement russe comme une menace directement exercée contre sa souveraineté, et une atteinte à sa sphère d’influence sur une zone qu’il considère comme son protectorat naturel.

S’ensuit une crise diplomatique : la Crimée et Sébastopol sont redevenues des régions russes à la suite d’un référendum tenu en mars 2014. L’Union européenne, les États-Unis et le Japon n’ont pas reconnu l’entrée de la Crimée dans la Fédération de Russie et ont adopté des sanctions contre Moscou. Pendant ce temps, un conflit armé s’est ouvert dans le Donbass entre pro-russes et pro-occidentaux.

Ainsi, l’arrivée des gouvernements pro-occidentaux dans le pays et le début de cette crise ont largement contribué aux graves tensions actuelles entre la Russie et les Occidentaux, qui ont décrété des sanctions réciproques. Les accords de Minsk de début 2015, signés sous l’égide de Paris, Berlin et Moscou, ont permis de réduire l’intensité des combats, sans mettre fin au conflit ni apporter de solution politique. Cinq ans après Maïdan, après le début de la guerre dans le Donbass et la récupération de la Crimée par la Russie, et suivant la déclaration d’indépendance de Donetsk et de Lougansk à l’Est et les accords ratés de Minsk de 2014 et 2015, où en est le pays ?

Petro Porochenko a été le chef d’État en charge de cette nouvelle donne politique dans le pays. Le bilan de son mandat est plus que mitigé, ce qui s’est reflété dans le résultat électoral qu’il a obtenu aux dernières élections présidentielles réalisées du 21 avril dernier auxquelles il se présentait. Gangrenée par la corruption, l’Ukraine est sous perfusion financière depuis plusieurs années. Sa relation bloquée avec la Russie en raison du transit du pétrole à travers le pays et du refus d’honorer la dette que l’Ukraine avait envers la Russie en matière énergétique, ainsi que les lourdes dépenses militaires engagées pour poursuivre la guerre dans le Donbass, ont fortement pesé sur l’économie, qui s’est contractée de près de 17% entre 2014 et 2015 avant de retrouver une croissance modeste de 2,1% en 2017.

Au bord du gouffre financier, l’Ukraine a bénéficié en 2014 d’un plan d’aide occidental, mené par le Fonds monétaire international (FMI). Le gouvernement a réussi à négocier une restructuration partielle de sa dette et obtenu un plan d’aide de 17,5 milliards de dollars de la part du FMI. En contrepartie, les autorités se sont engagées à instaurer une politique de rigueur. Pour autant, le versement de tranches financières, dont la dernière d’un milliard de dollars débloquée en avril 2017, a été retardée en raison des difficultés de Kiev à mettre en œuvre les mesures réclamées par le FMI. Cette politique économique n’a pas été sans conséquences sur le plan social : la nourriture représente de loin le premier poste de dépense pour les ménages ukrainiens. Plus de la moitié de leurs revenus (50,9%) y sont en effet consacrés.

Il faut ajouter à cela le conflit gazier entre ces deux parties avec des contrats intermittents entre le géant russe Gazprom et le groupe ukrainien Naftogaz. La situation de l’Ukraine s’est aggravée lorsque les Russes et les Allemands, lassés des coupures réalisées par les ukrainiens sur les pipelines gaziers, ont décidé la construction d’un pipeline sous-marin passant par la mer Baltique pour aller jusqu’en Allemagne, le projet Nordstream 2. Ceci pourrait enclencher la fin de l’accord économique gazier si la Russie renonçait au transit du combustible bleu à travers le territoire ukrainien.

En raison de sa construction historique, politique et économique, l’Ukraine est un État en faillite et la gestion intéressée du dernier gouvernement n’a fait qu’aggraver la situation géopolitique du pays.

Porochenko, Timochenko et Zelenski, trois projets pour le pays

C’est dans cette ambiance de guerres inachevées, d’ingérence politique, de pressions européennes et russes, de crise politique et économique, de rejet des élites traditionnelles et corrompues, de méfiance envers les oligarchies et érosion des clivages habituels, que commence la campagne électorale des élections présidentielles ukrainiennes qui ont eu lieu il y a peine quinze jours. Ce processus électoral a opposé trois noms.

Ioulia Timochenko, candidate de l’Union panukrainienne Patrie, est arrivée au premier tour en troisième position avec 13,40% des voix. Elle avait auparavant été l’égérie de la révolution orange en 2004 et a accédé à la tête du gouvernement de Iouchtchenko en tant que Première ministre. Ce sera la première femme de l’histoire de la politique ukrainienne à occuper cette fonction. Elle sera deux fois candidate aux élections présidentielles de 2010 où elle devancera Iouchtchenko et deviendra également la première femme à accéder au second tour d’un scrutin présidentiel en Ukraine, puis celle de 2014. Elle a fait l’objet de plusieurs poursuites judiciaires. En 2011, elle a été condamnée à sept ans d’emprisonnement pour abus de pouvoir dans le cadre de contrats gaziers signés avec la Russie en 2009. Libérée lors de la révolution de 2014, elle se présente sans succès à l’élection présidentielle anticipée face à Petro Porochenko qui est élu. Redevenue députée, elle est longtemps donnée favorite de l’élection présidentielle de 2019. En abandonnant partiellement sa rhétorique controversée, elle affiche une image plus consensuelle. Elle mène essentiellement campagne sur la situation économique du pays et sur la question sociale, attaquant la politique d’austérité imposée par le FMI : elle a notamment promis de diviser par deux les prix du gaz, qui ont été nettement augmentés sous la présidence Porochenko, et d’augmenter le salaire minimum et les principales prestations sociales. En matière de politique étrangère, elle se montre plus russophile que le président sortant, bien qu’elle prône l’adhésion à l’Union européenne et à l’OTAN.

Petro Porochenko, candidat du parti Bloc Petro Porochenko Solidarité, a obtenu la deuxième position avec 24,45% des votes au deuxième tour. Chef l’État sortant, il a maintenu l’ancrage de l’Ukraine dans le partenariat occidental de l’Union en concluant une série d’accords sur la libéralisation des visas, les échanges économiques ou encore la coopération administrative. C’est sous son gouvernement que le pays a obtenu des plans de soutien financier de la part de l’Union européenne et du FMI. Il a cultivé les réseaux pro-ukrainiens aux États-Unis et obtenu la présence de conseillers militaires américains sur son sol. Il incarne l’opposition directe à Vladimir Poutine – il a lancé le cri de ralliement « Soit moi, soit Poutine » – et se présente comme le serviteur politique des intérêts européens. D’après la presse ukrainienne, il aurait déjà reçu des garanties d’immunité de la part de Washington. Tout le long de sa campagne électorale, celui-ci a joué sur la fibre nationaliste avec comme slogan patriotique « Langue, Armée, Foi ». Un choix dangereux en raison de la confrontation directe de cette proposition avec la minorité russe mais aussi avec d’autres minorités comme les Hongrois et les Roumains. Porochenko propose un renforcement des forces armées, une promotion de la langue ukrainienne et la séparation de l’Église orthodoxe ukrainienne de l’Église russe. C’est un discours qui fait appel aux sentiments d’appartenance. On peut trouver certaines ressemblances entre sa campagne et les gouvernements de droite américain, hongrois de Viktor Orbán ou polonais de Jaroslaw Kaczyński.

Volodymyr Zelenski sera le nouveau président de l’Ukraine puisqu’il a remporté les élections avec son parti Serviteur du peuple, du même nom que la série télévisée dans laquelle il participait en tant que comédien, avec 73,22% des voix. Il a gagné dans toutes les régions du pays, même à l’Ouest plus nationaliste, sauf à Lvov. Zelenski a été présenté dès le début de la campagne comme un outsider. C’est en effet un comédien de 41 ans sans aucune expérience politique, qui a proposé aux Ukrainiens de casser le système sans dévier du cap pro-occidental. Fils d’un professeur d’université et d’une ingénieure, il n’est pas un héros de la classe ouvrière, mais il n’est pas non plus un oligarque comme Porochenko qui a fait fortune en privatisant des usines de confiseries soviétiques dans les années 90. Il incarne le changement dans le pays, mais aussi beaucoup d’incertitudes politiques.

Zelensky évite les promesses électorales qui pourraient mener au désenchantement politique postérieur, promeut les référendums publics sur des questions clés, notamment les ambitions d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne et à l’OTAN, et cherche à tout prix à se distinguer de la classe politique aisée. Sommes-nous devant le nouveau candidat populiste de l’Est ? Zelensky a proposé aux citoyens ukrainiens de « relancer » les négociations avec l’Union européenne et la paix avec la Russie. Il essaiera à tout prix soit de conclure des accords personnellement avec Poutine, soit d’utiliser des méthodes politico-diplomatiques avec l’aide de l’Union européenne et des États-Unis. Il arrive au pouvoir entouré de nouveaux visages qui pourraient ne pas être les véritables décideurs. De manière inquiétante, il entretient des relations troubles avec le célèbre oligarque Ihor Kolomoiskyi- accusé d’avoir organisé la candidature de Zelenski, et qui a siphonné des milliards d’Ukraine vers des fonds offshores. Certains voient en lui le retour du rapprochement avec la Russie, d’autres parlent de cheval de Troie de l’Union européenne et des États-Unis.

Parmi les 39 candidats, seuls quatre étaient pro-russes. Le plus populaire d’entre eux, Iouri Boïko, a obtenu 11,67% au premier tour. Les pro-russes sont d’autant plus minoritaires que leurs électorats traditionnels sont coupés des élections : la Crimée n’a pas participé au scrutin et le Donbass a eu les plus grandes difficultés du monde à y prendre part. Au total, plus de cinq millions d’électeurs, soit environ 12% de la population, n’ont pas participé au scrutin.

Le pourcentage de participation politique lors de ces élections est donc de 62,07%. Malgré la polémique au sujet des citoyens pro-russes privés du vote, l’ensemble des élections semble s’être déroulé dans la normalité et les règles démocratiques. Plus de 2300 observateurs internationaux ont supervisé le déroulement du vote. Kiev a interdit aux observateurs russes de faire partie du dispositif de supervision. Les autorités pro-occidentales ont également fermé les bureaux de vote en Russie, une décision inédite qui a privé de scrutin au moins 2,5 millions de citoyens ukrainiens qui résident dans ce pays.

Par ailleurs, l’Ukraine détient le record du pays où les hommes politiques ont l’indice de popularité le plus bas au monde, seulement 9%. Cette élection est marquée par un reflux de l’influence russe et l’apparition de clivages politiques proches de ceux que connaissent d’autres pays européens, notamment le rejet des élites.

Quels sont les défis pour le nouveau président de l’Ukraine ?

Le nouveau président aura malgré tout un conflit politique, diplomatique, une guerre civile et un conflit international à résoudre. Il devra essayer de relancer la situation économique du pays alors que ses marges de manœuvre sont réduites.

En effet, si Volodymyr Zelensky disposera à la présidence de pouvoirs forts, notamment comme chef des armées et responsable de nominations clés, sa marge de manœuvre pour prendre des mesures concrètes sera très limitée faute de majorité parlementaire. Pour l’instant, les élections légisatives sont prévues pour le 27 octobre. Elles présagent l’ouverture d’une nouvelle phase de luttes politiques. Il lui sera difficile de préserver ses alliances politiques actuelles jusqu’aux élections législatives d’octobre. Chaque parti doit désormais se repositionner en fonction des résultats de la présidentielle. Plusieurs députés ont d’ores et déjà annoncé leur ralliement au vainqueur dans le but d’assurer leur carrière politique. Selon la Constitution ukrainienne, le Président dispose de prérogatives limitées.

Dans un premier temps, Volodymyr Zelensky devrait donc se heurter à un Parlement hostile, qui pourrait même l’empêcher de valider certaines nominations aux postes clés. Le jeune chef d’État se doit désormais de remplir les cases de son nouveau parti Le Serviteur du peuple pour présenter une liste aux législatives et pour prétendre gouverner pendant cinq ans.

Quels enseignements pour les prochaines années ?

Le second tour de ces élections était une sorte de référendum sur le bilan de Petro Porochenko, mais également sur l’ensemble du camp national-patriotique ukrainien. L’intelligentsia national-libérale et une grande partie de la société plus libérale et pro-occidentale se sont ralliés derrière Porochenko, attaquant Zelensky et ses électeurs en les qualifiant de pro-russes et d’antipatriotiques. Ils ont déclaré que sa victoire marquerait la fin de l’Ukraine. Les résultats ont démontré qu’ils ne représentaient qu’à peine un quart du pays.

Les électeurs de Zelenski ne ressemblent pas aux simplifications faites par l’opposition de Poroshenko ni par les médias occidentaux. On pourrait les décrire comme des citoyens lassés de la situation que subit leur pays. Ils sont probablement pro-européens mais pour des raisons plutôt pragmatiques. Les habitants de l’Ouest vivent mieux que ceux de l’Est. Ce n’est pas un choix de civilisation pour l’Europe et contre la Russie comme l’affirment certains intellectuels ukrainiens. La plupart de ces citoyens peuvent en général parler l’ukrainien, le russe ou un mélange des deux, et ils se moquent de faire de ceci un choix idéologique car ils ont une histoire commune. Ils sont fatigués de l’atmosphère conflictuelle, de la propagande patriotique et de la recherche constante d’agents russes sous le lit. Ils sont indifférents à la fois à l’Union soviétique et à la communautarisation fanatique des monuments et des noms de rues soviétiques. Ils préféreraient être autorisés à regarder les films soviétiques interdits, à lire des livres russes et à discuter sur les réseaux sociaux russes sans restriction. Ils ne se situent pas dans ce patriotisme prétentieux et ce nationalisme radical que vendent certains médias. Ils attendent du gouvernement une amélioration tangible du niveau de vie de la majorité.

Cinq ans après le soulèvement de Maïdan qui a secoué l’Ukraine, on constate aujourd’hui que l’establishment politique et intellectuel arrivé au pouvoir en 2014 s’est retrouvé dans le même état de faillite. La victoire de Zelensky montre donc que tout ce système se révèle être en partie un échec.

Qu’en sera-t-il pour l’Ukraine les quatre années qui suivent? La presse progressiste ukrainienne, paraphrasant Poutine lorsqu’il évoque l’URSS, écrivait il y a quelques semaines : si vous n’êtes pas heureux de la défaite de Porochenko, vous n’avez pas de cœur ; si vous croyez les promesses de Zelenskiy, vous n’avez pas de tête. À part certains entretiens et les déclarations faites après sa victoire, la position politique et idéologique de ce nouveau président reste inconnue. On ignore encore à quel point ses opinions personnelles vont compter et à quel point il sera indépendant en tant que président. Pour le moment, la plus grande qualité du nouveau président est qu’il ne s’appelle pas Porochenko.