Trump, un catcheur à la Maison Blanche

Capture YouTube

Dans un article paru en septembre 2015, le journaliste américain Judd Legum comparait Donald Trump, alors encore seulement candidat, à un catcheur, s’appuyant sur un texte de Roland Barthes. L’avenir lui a donné raison : Trump, sur le ring politique où, comme au catch, la vérité importe peu, est en effet devenu un champion incontesté. Rien d’étonnant alors à ce qu’on ait retrouvé « The Donald » littéralement sur le ring en 2007. Retour sur cet événement incongru, parsemé de corps huilés et de tondeuses électriques, qui en dit en vérité long sur Trump…

Battle of the Billionaires

Le catch est un sport-divertissement typiquement américain dont la particularité est de mettre en scène des combats dont l’issue est déjà prévue à l’avance par une équipe de scénaristes. Les affrontements sont donc autant de chorégraphies répétées en coulisses, et les moments dans le ring sont entrecoupés de joutes verbales. Aux États-Unis, la World Wrestling Entertainment (WWE) est la compagnie indétrônable du genre, à raison de plusieurs shows par semaine, fonctionnant comme une série, ou plutôt comme une télé-réalité. Pas surprenant alors que Donald Trump, à la tête pendant une décennie de l’ignoble et amoral The Apprentice (qui consistait grosso modo à voir le futur Président renvoyer des employés), soit passé par le catch.

En avril 2007, se tenait à Detroit Wrestlemania, l’équivalent du Super Bowl pour le catch. Un stade de base-ball réquisitionné, 80 000 spectateurs. Ce soir-là, parmi les autres combats, Donald Trump participe à la Battle of the Billionaires (ça ne s’invente pas) contre Vince McMahon, le patron de la WWE. L’enjeu : savoir qui a la plus grosse (capacité financière). Le combat se joue par poulains interposés, le gagnant aura le droit de raser complètement l’autre milliardaire à la tondeuse. Spoiler : Trump ne perd pas, personne ne touche à ses cheveux, ne rêvez pas.

Trump gagnant le droit de raser son adversaire
Trump gagnant le droit de raser son adversaire, une stipulation qui manquait très certainement à la campagne Capture Youtube

Mais qui représente donc nos milliardaires ? Au catch, les combats sont souvent l’occasion de mettre en scène et de purger les passions du public américain. Aussi, les « bad guys » représentent-ils souvent les « ennemis » de l’Amérique : pendant la Guerre Froide, les méchants étaient ainsi tantôt Russes tantôt Iraniens (il y eût même des méchants catcheurs français après le refus de la France de suivre les USA dans leur croisade irakienne, ce qui avait enclenché une sérieuse campagne de « french-shaming » ). On aurait pu se délecter d’une ironie rétroactive si l’adversaire du poulain de Trump avait été Mexicain ce soir-là, mais non : dans le coin de Vince McMahon, on retrouvait Umaga, « sauvage des îles Samoa » (non, le catch ne véhicule pas du tout de clichés racistes, pensez donc…). Trump hérite lui de Bobby Lashley, censé être un ex-soldat bodybuildé. America first.

Trump et son poulain, Bobby Lashley
Trump et son poulain, Bobby Lashley Capture YouTube

La suite coule de source : l’Américain bat l’Étranger, les cheveux de Trump sont saufs et on assiste à une scène extrêmement gênante de « tonte » de Vince McMahon (la vidéo est en fin d’article). A la fin de toute cette mascarade, Donald Trump accepte néanmoins de se prendre une prise, pour de faux évidemment, par le très populaire Steve Austin, qui arbitrait le match.

Voilà, le 45ème Président des USA, mesdames et messieurs, le premier a avoir été faussement fracassé devant 80 000 personnes. Tout ça, bien entendu, participe d’une gigantesque opération de communication de la marque Trump. La Battle of the Billionaires est surtout une preuve de plus de la connivence du « Président du peuple » avec l’élite économique états-unienne. Vince McMahon est en réalité un grand ami, et Trump a d’ailleurs nommé Linda McMahon, épouse de, à l’agence de soutien aux Petites et Moyennes Entreprises (PME) en décembre dernier. Entre temps, Trump est apparu plusieurs fois lors des shows de la WWE, au point de se faire introduire dans le « WWE Hall of Fame » en 2013, normalement réservé aux athlètes.

« Wrestling » Trump ou l’action frénétique

Mais Trump est, justement, un catcheur. Et il a mené sa campagne comme une émission de la WWE, un Wrestlemania politique permanent. Il a désigné ses adversaires avec la même simplicité et le même manichéisme qu’on utilise pour créer un profil de « méchant » au catch. Le Mexicain, le Chinois, le Musulman, le Journaliste. Une étiquette simple pour des idées simplistes. Mme Clinton est même devenue, le temps de quelques meetings, « Crooked Hillary » (Hillary la véreuse, littéralement), comme on affuble de surnoms les stars du catch. Il a exploité à fond sa « gimmick » (rôle) de golden boy proche du peuple et patriote, une recette qui ne pouvait que réussir.

Plus encore, il a appliqué l’essence même du catch à sa campagne : l’action frénétique, pour maintenir l’excitation et la passion. Citant Mythologies (1957) de R. Barthes, Legum écrit « un fan de catch est moins intéressé par ce qui arrive que par le fait que quelque chose arrive. Trump l’a bien compris. ». Trump a été omniprésent au point que l’information battait au rythme qu’il lui dictait. Il intervenait partout, « par téléphone quand il ne peut pas être devant la caméra et lorsqu’il n’est pas à la télé ». Comme au catch, qu’importe que tout soit faux (bienvenue dans l’ère des « faits alternatifs »), tant que le spectacle est garanti, que la foule est divertie, que les punchlines sont acérées.

Le catch est un spectacle, la campagne américaine l’est devenue (Obama ayant d’ailleurs pavé la voie, marketant son nom et sa marque « Yes We Can », associant des stars comme Beyoncé à son image de candidat). Trump est l’enfant de ce spectacle et sa victoire est en ce sens la suite logique de l’évolution de la vie électorale occidentale.

Maintenant, The Donald, catcheur milliardaire de son état, est à la Maison Blanche. Il entre dans une nouvelle dynamique, celle du pouvoir, le vrai, celui qui implique, au-delà des mensonges, des prises de responsabilités et des conséquences concrètes, immédiatement vérifiables. Mais, par la nature même de sa campagne, Trump s’est rendu addict, plus que jamais, au régime des passions. Alors qu’il est le Président le plus impopulaire jamais arrivé dans le Bureau ovale, que des émeutes inédites ont entaché son investiture, Trump doit pouvoir contenter sa base de supporteurs, au risque de se retrouver détesté par tous. Or, comment ne pas décevoir un électorat qui s’est habitué au show permanent ? La réalité du pouvoir devrait l’empêcher de tenir un rythme aussi effréné, et tôt ou tard, lorsqu’il n’aura plus le temps d’agiter les bras sur toutes les télés et les réseaux sociaux, l’exigence de vérité reviendra. Quand le show de catch se termine, les spectateurs sortent de la frénésie induite par le divertissement, se rappellent que tout était faux.

Les premiers jours de Donald Trump Président semblent montrer qu’il prend le pari de maintenir son rythme de campagne. Retrait de la version espagnole du site de la Maison Blanche, suppression des références au réchauffement climatique et aux LGBT sur ce même site, décret interdisant le financement d’ONG internationales pro-avortement, retrait du traité trans-pacifique (TPP), relance du projet de pipeline au Dakota (dont nous vous parlions ici). Trump n’a pas chaumé, et est resté omniprésent dans les médias. Mais jusqu’à quand tiendra-t-il sur le ring ?

Crédits photos :

  • http://www.wwe.com/videos/playlists/donald-trump-greatest-wwe-moments
  • http://www.directmatin.fr/buzz/2017-01-20/video-quand-donald-trump-sillustrait-sur-un-ring-de-catch-725097
  • http://lasueur.com/donald-trump
  • http://blogs.denverpost.com/nerd/2015/06/16/
  • https://www.vice.com/fr/article/analyse-photo-investiture-donald-trump

Politique de François Truffaut

François Truffaut manifestant devant le siège de la Cinémathèque le 30 mai 1968 pour le maintien d’Henri Langlois à sa direction.

Dans l’ensemble des cinéastes français du second XXème siècle, François Truffaut s’est imposé, de son vivant mais surtout après sa mort en 1984, comme un des mythes les plus vifs, à la fois en France et à l’étranger. Solidement lié au mouvement dit de la Nouvelle Vague et aux Cahiers du Cinéma, au sein desquels il a exercé le métier de critique de cinéma, Truffaut a évolué parmi ces cinéastes incarnant un moment charnière dans l’histoire du septième art français – Godard, Rohmer, Chabrol, Varda pour citer les plus emblématiques, nourrissant un imaginaire contemporain qui l’associe à un cinéma “intello”, élitiste, s’adressant au monde des idées -, ce cinéma dont il s’est pourtant toujours défendu de toute appartenance. Comment peut-on dès lors cerner la politique du cinéma de Truffaut ?

 

Les sentiments plutôt que les idées

Je m’intéresse aux relations plus qu’aux idées”, déclare Truffaut quand on l’interroge sur son rapport à l’art engagé. Il n’aura de cesse durant toute sa carrière de s’éloigner le plus possible de la figure de l’intellectuel – et de surcroît de celle de l’intellectuel engagé, dévorante dans la société française d’après-guerre. Celui qui ne cache pas son admiration pour Sartre dessine pourtant une ligne de démarcation très claire entre le domaine de l’intellect (“Je ne suis pas assez intelligent”, affirme-t-il encore au micro de Jacques Chancel en 1971) et celui, qu’il juge plus intuitif – mais pas moins complexe – des relations humaines et des sentiments. Choix d’artiste ; choix d’homme aussi : jamais François Truffaut ne s’est encarté dans un parti ou n’a même montré une quelconque proximité avec une famille politique – hormis peut-être dans la mobilisation de certaines références (Sartre, toujours). Il n’est ni un militant, ni un compagnon de route, même s’il s’est engagé pour certaines causes dans son parcours personnel et professionnel. Truffaut et son œuvre sont-ils dès lors apolitiques ?

Indéniablement, Truffaut est un conteur, un maître du récit, un cinéaste au service des histoires et des personnages qui les font vivre. Le père du concept de “politique des auteurs” s’astreint à un but très simple pour définir sa propre politique : raconter une histoire avec un début, des péripéties, une tension dramatique, et une fin, sans asservir cette histoire à la transmission d’un message ou d’une morale. Toutefois, la volonté de dépeindre la complexité des relations entre hommes et femmes, parents et enfants, au sein d’une société donnée est une constante dans l’œuvre du cinéaste. Toujours, ses films mettent en évidence des rapports de forces dans les relations amoureuses (Jules et Jim, Domicile Conjugal, La Sirène du Mississippi) ou familiales – ou plus encore intergénérationnelles (Les 400 coups, L’Argent de Poche). En filmant ses personnages, c’est sur la société entière que Truffaut pose son regard ; et c’est à chacune de ses composantes qu’il donne un moyen d’expression, dans un style dont la limpidité et la justesse tranchent avec le caractère indigeste d’un Rohmer par exemple. Sans lui attribuer l’étiquette de sociologue qu’il rejetterait probablement, permettons-nous d’avancer qu’il est un grand cinéaste social.

Dans Les Quatre Cents Coups, Truffaut brosse le portrait d'une famille où l'enfance est mal-aimée et incomprise.
Dans Les Quatre Cents Coups (1959), Truffaut brosse le portrait d’une famille des années 1950 où l’enfance est mal-aimée et incomprise. Capture Les Quatre Cents Coups

Un portraitiste à l’appétit démocratique

Le philosophe Jacques Rancière a remarquablement théorisé dans son ouvrage Politique de la littérature (2007) la puissance politique qu’une œuvre d’art – littéraire dans le cas de l’ouvrage – peut véhiculer intrinsèquement, en s’affranchissant d’un quelconque engagement de l’auteur ou du message politique qu’on attribue à l’œuvre en elle-même. Il montre à quel point Flaubert, Tolstoï, ou encore Brecht ont révolutionné en leur temps la politique de la littérature – en donnant à tous les sujets et objets possibles une capacité d’expression, en abolissant des hiérarchies de genre, en effaçant la frontière entre le vil et le noble dans l’art, ou encore en donnant la parole aux masses plutôt qu’aux “grands hommes”.

Si Truffaut n’a jamais exprimé une quelconque prétention de cet ordre (“Je n’ai jamais pensé révolutionner le cinéma”, déclare-t-il), l’analyse de Rancière peut éclairer la politique truffaldienne en opérant un transfert de la littérature au cinéma. Chez Truffaut, les protagonistes proviennent de toutes les catégories de population (ce sont tour à tour des enfants, des femmes, des hommes, des artistes, des employés, des médecins, des professeurs…), des objets banals et quotidiens peuvent occasionner des scènes mémorables ; nul n’est jugé trop bas ou trop haut placé pour que gravite autour de lui ou d’elle une histoire : “Il faut faire les petites choses comme si elles étaient grandes”, retiendra-t-on de L’Histoire d’Adèle H.. Mais c’est dans sa manière de filmer l’autre – et surtout, celui ou celle qui peut-être considéré(e) comme faible – que l’appétit démocratique et la sensibilité sociale de Truffaut s’expriment le plus clairement.

Ainsi, l’enfance, thème cher au cinéaste, a rarement trouvé meilleur porte-drapeau au cinéma. Que ce soit dans Les 400 coups, L’Argent de poche ou encore L’Enfant sauvage, on est frappé par ce regard porteur d’égalité que pose Truffaut sur ses sujets ; comme s’il avait passé ces tournages agenouillé pour (re)voir le monde à travers les yeux de l’enfance, en voulant se prémunir de tout jugement ou biais adulte. C’est tout de même sa vision de ce moment de la vie qui est exposée : un moment à la fois sublime et fragile, où l’appétit de liberté et de vie côtoient le besoin d’amour et de tendresse, où l’on “se cogne à tout, on se cogne à la vie” en étant finalement plus solide qu’on peut le croire (L’Argent de Poche, 1976). L’enfance, Truffaut ne s’en désintéresse jamais ; elle devient pour lui plus qu’un thème propre à son œuvre, à sa politique, une véritable cause qu’il ne peut s’empêcher de défendre en tant qu’homme (il s’engage à la fin des années 1960 contre l’enfance maltraitée, devient bienfaiteur de SOS Villages d’enfants).

La politique par l’auteur plutôt que le militantisme

Rattrapé par le militantisme, Truffaut, lui qui s’est un jour situé comme appartenant à “l’extrême-centre” du cinéma français ? Le cinéaste n’est pas resté inactif lors de certains combats. En mai 1968, alors que la France s’embrase, il participe aux actions qui mènent à l’annulation du Festival de Cannes pour manifester sa solidarité avec les étudiants et ouvriers grévistes. Parallèlement, il s’engage pleinement dans un bras de fer avec le Ministre de la Culture André Malraux qui tente de mettre fin aux fonctions du fondateur et directeur de la Cinémathèque française Henri Langlois. Aux côtés de ses camarades fréquemment surnommés les “Jeunes Turcs de la Nouvelle Vague”, et au milieu du tournage du troisième volet de la saga Doinel, Baisers Volés, Truffaut monte aux premières lignes du combat qui aboutit à la reconduite de Langlois. Néanmoins, il reste plutôt à l’écart des soubresauts politiques et de la rue en 1968 : François Truffaut n’est définitivement pas un militant, mais l’on retrouve dans ses engagements spontanés – et pas moins féroces – l’indéniable défense de certaines causes : l’enfance donc, le cinéma comme liberté et pouvoir de l’auteur, mais aussi, encore une fois, la démocratie comme garantie de la liberté d’expression de chacun. Ainsi, il se bat en 1970 aux côtés de Sartre et Beauvoir pour la parution de La Cause du Peuple – pas nécessairement pour son adhésion à la cause prolétarienne, qu’il met assez peu en avant en dépit d’une trajectoire politique allant incontestablement vers la gauche tout au long de sa vie, mais davantage par défense de la liberté d’expression. 

 

François Truffaut manifestant devant le siège de la Cinémathèque le 30 mai 1968 pour le maintien d'Henri Langlois à sa direction.
François Truffaut manifestant devant le siège de la Cinémathèque le 30 mai 1968 pour le maintien d’Henri Langlois à sa direction.

Mais le coeur du sujet demeure la politique truffaldienne, sa politique d’auteur, autrement plus puissante que l’engagement du cinéaste. L’appétit démocratique de Truffaut mentionné précédemment se manifeste également par le renversement de certaines hiérarchies, le bouleversement d’un certain nombre de rapports de forces. Lorsqu’on lui demande d’expliquer le relatif échec du film La Sirène du Mississippi (1969), mettant en scène une histoire d’amour tourmentée entre Catherine Deneuve et Jean-Paul Belmondo, Truffaut identifie une cause centrale : c’est le non-respect de la hiérarchie de genre dans le couple, l’acte subversif qui consiste à faire de la femme non pas l’être qui subit, mais celle qui peut mener, manipuler, avoir l’ascendant, qui a dérangé dans une société française qui se remettait à peine de 1968 (“J’avais une histoire d’amour inversée. Je traitais Jean-Paul Belmondo comme une jeune fille vierge et Catherine Deneuve comme un aventurier. Je crois que cette inversion de sexes a choqué” expliquera-t-il a posteriori). La subversion, c’est aussi, en 1975, choisir de faire un film sur lequel plane constamment l’ombre du mythe Victor Hugo, mais sans jamais le faire apparaître et en focalisant l’attention sur Adèle, la jeune femme atteinte de folie obsessionnelle qui se cache derrière son père, et l’histoire tragique de sa sœur Léopoldine. Encore une fois, Truffaut donne la parole, se glisse dans la peau d’un personnage qui pourrait à bien des égards être considéré comme secondaire, dénué d’intérêt, trop faible : on retrouve cette politique flaubertienne mise en lumière par Rancière.

Jean-Paul Belmondo n'est pas au bout de ses peines. (La Sirène du Mississippi, 1969)
Jean-Paul Belmondo n’est pas au bout de ses peines. (Belmondo et Deneuve dans La Sirène du Mississippi, 1969) Capture : La Sirène du Mississippi

Truffaut, témoin “malgré lui” du XXème siècle et cinéaste populaire

Il y a donc presque constamment, chez Truffaut, l’idée de dépeindre la vie et la société telles qu’elles sont, en gommant au maximum les hiérarchisations que peuvent imposer certains genres cinématographiques. Il affirme ainsi avoir toujours chevillée au corps la nécessité dans ses films d’une “vérification par la vie”, ce qui induit une justesse rarement inégalée dans le traitement des rapports sociaux, humains. Lorsqu’on pointe le caractère parfois presque sociologique de son œuvre et qu’on lui demande s’il se considère comme un témoin du XXème siècle, Truffaut répond qu’il l’est “sans vouloir l’être, malgré [lui]”, ce qui pourrait bien résumer sa position face à l’engagement : un aspect de sa vie qui ne s’est jamais véritablement concrétisé dans le combat politique, mais bien dans sa propre politique d’auteur, dans le choix des thèmes qui sont autant de causes, dans l’égalité de traitement des objets et des sujets.

Dans La Nuit Américaine, Truffaut nous plonge dans les coulisses d'un tournage de cinéma dans les moindres détails.
Mise en abîme dans La Nuit Américaine (1973) :  Truffaut nous plonge dans les coulisses d’un tournage de cinéma dans les moindres détails. Capture : La nuit américaine

 

Dans la fabrication même du film, Truffaut ne se départit pas de sa conscience sociale : “Faire un film est acte social” déclare-t-il à Jacques Chancel toujours. Le tournage comme lieu de brassage des classes sociales par la rencontre du très large panel des métiers du cinéma – auteurs, maquilleurs, techniciens, scripts, producteurs, etc. – est un moment de création collectif et émancipateur auquel il rend hommage dans La Nuit Américaine (1973) où tous, du producteur à la stagiaire script, ont leur mot à dire. C’est dans cet amour absolu du cinéma, qui le pousse à faire tomber des barrières hiérarchiques, à nourrir un processus de création mais aussi de diffusion le plus démocratique possible, dans la croyance ferme que chaque sujet mérite d’être filmé et visionné par chacun que Truffaut est éminemment politique : du véritable cinéma populaire, au sens le plus noble du terme.

 

Crédits photos :

http://cinema.arte.tv/fr/article/francois-truffaut-en-4-minutes

http://www.telerama.fr/cinema/jean-pierre-leaud-francois-truffaud-l-histoire-d-une-longue-complicite,58761.php

http://ec-druye.tice.ac-orleans-tours.fr/eva/spip.php?article243

http://www.telerama.fr/cinema/truffaut-etait-il-petit-bourgeois,118584.php

http://www.unifrance.org/film/47/la-sirene-du-mississipi

http://www.notrecinema.com/communaute/v1_detail_film.php3?lefilm=16265

 

Allemagne : Qui a peur de l’AfD ?

©Olaf Kosinsky/Skillshare.eu Licence : Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Germany

En cette période assez particulière marquée par des bouleversements politiques majeurs tels que la victoire du Brexit au Royaume-Uni, l’élection de Trump aux USA ou encore l’expulsion, puis la réintégration (ouf !) de Pierre Larrouturou de Nouvelle Donne, nos voisins d’outre-Rhin semblent faire figure d’exception. Et pourtant, l’AfD émerge.

La vertueuse stabilité à l’allemande semble avoir pris corps en la personne de Angela Merkel, désormais considérée par certains comme le dernier rempart de la démocratie libérale, qui brigue un quatrième mandat de chancelière. Si son parti, la CDU (Union chrétienne-démocrate), remporte de nouveau les élections fédérales qui auront lieu en Septembre 2017, Merkel aura exercé cette fonction durant 16 ans ! Mitterand peut aller se rhabiller. On peut supposer que la CDU n’aura pas trop de mal à conserver son leadership l’an prochain. Son principal concurrent, le SPD (parti social-démocrate), peut difficilement se présenter comme une alternative à Merkel étant donné que le parti a choisi en 2013 de gouverner en coalition avec elle. Les Grünen (parti écologiste) et Die Linke (“la gauche”) ont certes réussi à s’installer sur la scène politique du pays, mais peinent à dépasser la barre des 10% lors des élections fédérales. On évoque parfois la possibilité d’une coalition “rouge-rouge-verte” rassemblant les Grünen, Die Linke et le SPD, mais cette issue reste très incertaine. Tout semblait donc au beau fixe pour les conservateurs, jusqu’à ce que l’AfD vienne chambouler cet équilibre…

Un nouveau parti à droite

On pourrait croire en lisant la dernière phrase que l’Agence Française de Développement a décidé d’ouvrir une succursale en Allemagne. Il n’en est rien. L’AfD dont nous parlons ici est Alternative für Deutschland (“Alternative pour l’Allemagne”), un parti créé il y a trois ans, qui, depuis, semble avoir conquis une fraction de l’électorat allemand. Revenons donc sur l’histoire de cette “alternative”. En février 2013, d’anciens membres de la CDU décident de fonder un nouveau parti, avec comme ligne directrice la sortie de la zone Euro. L’idée est simple : l’Euro ne fait qu’accentuer les inégalités entre les pays européens et l’Allemagne se retrouve à payer pour ces feignasses d’Europe du Sud. Parmi les fondateurs, on trouve Bernd Lucke, professeur de macroéconomie, ou encore le juriste Alexander Gauland. Ils seront rejoints par d’autres personnalités telles que Hans-Olaf Henkel, le Pierre Gattaz allemand. Pas très subversif pour un parti qui se présente comme une alternative. Il est vrai que l’AfD avait à ses débuts à peu près la même ligne économique que la CDU ou le FDP (parti libéral dont le nom abrégé fait beaucoup marrer les français en général). Mais le parti se distingue sur un point : les fondateurs de l’AfD ont l’idée géniale de se proclamer “ni de gauche, ni de droite”. Preuve que nos politiciens français (Le Pen, Macron…) n’ont pas le monopole de l’enfumage, Alternative für Deutschland fait office de précurseur en la matière. Et c’est comme ça que Lucke et sa bande font progressivement entrer le loup dans la bergerie.

Entre temps le parti participe aux élections fédérales en Septembre 2013, mais ne parvient pas à dépasser les 5% nécessaires pour pouvoir former un groupe parlementaire au Bundestag. Si le parti obtient à peu près le même score dans la majorité des Länder, on distingue tout de même une légère préférence pour le parti en ex-Allemagne de l’Est, en particulier en Saxe où l’AfD rassemble 6,8% des votes. Mais comment se fait-il que l’on classe désormais l’AfD dans la même catégorie que le Front National quand celle-ci ne devait être qu’un parti libéral vaguement eurosceptique ? En choisissant d’étiqueter son parti “anti-establishment”, Bernd Lucke a pris le risque de laisser entrer des personnalités pas très fan du Multikulti à l’allemande, qui considère que quand même, c’était vachement mieux quand il y avait pas tous ces kébabs dans les rues. Et ce sont ces personnes qui vont progressivement prendre contrôle du parti. Lucke quitte finalement le parti en Juillet 2015, suivi par d’autres personnalités, après sa défaite face à Frauke Petry qui devient leader de l’AfD, signant ainsi la victoire de la ligne conservatrice.

Les ambiguïtés du vote AfD

Comment expliquer désormais le succès relatif de Alternative für Deutschland ? Il faut tout d’abord aborder le cas de PEGIDA. Les “patriotes européens contre l’islamisation de l’occident” (avouez que ça claque comme nom) portent un mouvement fondé en 2014 à Dresde, où plusieurs manifestations furent organisées avec pour mot d’ordre la lutte contre l’immigration et l’Islam.

PEGIDA ayant fait des émules dans d’autres villes allemandes, on peut donc considérer que l’adhésion de certains citoyens allemand au discours de l’AfD s’inscrit dans cette mouvance anti-immigration. Ce sentiment de rejet des migrants a été renforcé dans une certaine mesure par la politique d’Angela Merkel, qui, en alliant accueil des réfugiés et politique budgétaire restrictive, a donné du grain à moudre aux discours xénophobes de l’AfD et de PEGIDA. Le parti a en effet continué son ascension au cours de l’année 2016., en se hissant par exemple à la deuxième place lors des élections régionales en Sachsen-Anhalt avec 24,3% et dans le Mecklenburg-Vorpommern avec 20,6%. On remarque que les Länder où le parti fait ses meilleurs score sont curieusement ceux ayant accueilli le moins de migrants. En revanche ce sont ceux où la population souffre le plus du chômage et de la pauvreté. La réalité de l’Allemagne, c’est que 25 ans après la réunification, les inégalités persistent entre l’Est et l’Ouest. Si nos médias ont souvent tendance à faire de l’Allemagne un Eldorado économique, ils oublient souvent ces régions où la désindustrialisation et l’exode des jeunes ont plombé l’économie et où les gouvernements, trop attachés au schwarze Null (0% de déficit public), ont été incapables de lutter contre la dégradation des conditions de vie. Cependant l’AfD a également réalisé un tour de force en s’imposant dans des Länder plus riches comme le Baden-Württemberg avec 15,1% des votes. Il devient alors difficile de déterminer si le parti se nourrit du rejet de l’immigration ou des partis traditionnels et de leurs politiques, probablement un peu des deux.

Ce qui est clair, c’est que Alternative für Deutschland est en passe de s’installer durablement dans le paysage politique allemand et que les élections fédérales ayant lieu l’année prochaine constitueront un bouleversement dans l’histoire politique de l’Allemagne après 1945. Pour la première fois les Allemands ont la possibilité de voter pour un parti à droite de la CDU, reste à savoir ce qu’ils en feront.

Pour aller plus loin (et pour réviser son allemand) :

Crédit photo : ©Olaf Kosinsky/Skillshare.eu
Licence : Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Germany

Le MRC va participer à la primaire du Parti Socialiste

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Logo_MRC.jpg#filelinks
@tomp38

Réuni dimanche 4 décembre, le conseil national du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), parti politique fondé en 2003 par Jean-Pierre Chevènement, a renoncé à présenter une candidature directe à l’élection présidentielle. Par 30 voix contre 10, auxquelles il faut ajouter 3 abstentions, l’instance du parti a choisi de passer par la primaire de la « Belle Alliance Populaire » (le Parti Socialiste et ses alliés), qui se tiendra en janvier, selon un membre de ce conseil. Le parti y présentera Bastien Faudot, conseiller départemental du territoire de Belfort, et conseiller municipal d’opposition à Belfort. Aucun accord relatif aux élections législatives n’aurait été conclu pour le moment, selon cette même source.

Ce vote a provoqué une crise interne au parti: la vice-présidente Adeline Crépin a démissionné, tout comme le secrétaire national Paul Zurkinden. Évoquant principalement des motifs personnels, Adeline Crépin explique dans un message de démission : « Je reste convaincue du bien fondé de notre présence à l’élection présidentielle au travers de la candidature de Bastien. Je ne reviendrai pas sur la décision du Conseil national de rejoindre la primaire de la Gauche et sur ma position. »

Depuis février 2016, le MRC était pourtant en campagne présidentielle, autour de Bastien Faudot. Alors que le parti a été quitté par son fondateur en juin 2015, il avait fait du renouvellement de la vie politique un de ses mots d’ordre, critiquant notamment Jean-Luc Mélenchon, présent sur un créneau politique proche, pour son passé de sénateur socialiste. Bastien Faudot, bien qu’élu au niveau départemental grâce au soutien du PS, n’en a jamais été membre. Ignoré des médias, la campagne du candidat n’a jamais vraiment décollé.

Cette démarche va permettre de faire entendre une voie souverainiste au sein du débat entre les candidats de la primaire socialiste. Cette position, assumée par le MRC, qui se revendique comme « La gauche qui aime la France », était jusqu’alors absente chez les candidats déclarés. Arnaud Montebourg, perçu comme le candidat le plus souverainiste, souhaite pourtant un « gouvernement économique de la zone euro », et n’envisage pas la sortie de l’Union européenne, même en cas d’échec de la renégociation des traités européens qu’ils souhaite entreprendre. Le MRC serait dans la perspective d’un ralliement à Arnaud Montebourg au second tour.

Une démarche contestable

Cependant, on peut s’interroger sur l’intérêt réel de ce choix pour le MRC et ses idées, étant donné la défaite quasi-certaine qui attend son candidat. Au vu de l’absence d’exposition médiatique de Batien Faudot, ses chances apparaissent minimes, à 7 semaines du premier tour de la primaire. De plus, il faut rappeler que les candidats à cette élection sont censés soutenir le bilan du Président François Hollande. Cette « Belle alliance populaire » semble par ailleurs mal porter son nom : lors de son lancement ce week-end, seules 2 000 personnes étaient présentes, contre 10 000 annoncées. Il faut rappeler l’impopularité record du Président de la République, dont le bilan ne serait soutenu que par 4 % des français selon la dernière enquête d’Ipsos. Or, étant donné la volonté de rupture du MRC avec la politique menée par le précédent gouvernement, cette démarche apparaît difficilement compréhensible.

Les propositions défendues jusqu’à présent par Bastien Faudot apparaissent bien éloignées de celle du gouvernement : rendre sa souveraineté au peuple français, défendre la laïcité, lutter contre les inégalités notamment. Un rapprochement avec Jean-Luc Mélenchon, qui met en avant des propositions similaires à celles du MRC dans plusieurs domaines n’aurait-il pas été plus pertinent ?

Crédits photos : ©Tomp38, https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Logo_MRC.jpg?uselang=fr

Avec Henri de la Croix de Castries, Fillon joue l’aristocrate

©MEDEF

Sorti vainqueur de la Primaire de la droite et du centre, François Fillon est désormais lancé vers l’élection présidentielle 2017, après 5 longues années de social-libéralisme qui n’auront satisfait personne. Autour de lui se forme une équipe de choc, dont fait partie Henri de la Croix de Castries, l’ex-PDG d’AXA.

Avec un programme ultra-libéral économiquement et très traditionaliste sur le plan des valeurs, M. Fillon ne fait pas dans la dentelle. Pour sa – probable – future présidence, le Sarthois s’entoure des cadors de ces deux différentes mouvances. En balance pour le poste de premier ministre sont cités Bruno Retailleau, Président de la région Pays de Loire et fervent défenseur de la Manif pour Tous, et Henri de la Croix de Castries, récemment démissionnaire de son poste de PDG d’AXA. Moins connu mais à l’origine du programme économique du candidat Fillon, ce dernier mérite que l’on s’attarde un peu sur son CV.

D’ascendance sadique

Issu de la très haute aristocratie catholique française, Henri de la Croix de Castries [prononcer Castres] est un descendant direct du Marquis de Sade. Cet écrivain du XVIIIe, connu pour ses textes érotiques et violents, était haï dans la haute société et a passé 27 années en prison. Son oeuvre, illégale jusqu’en 1957, lui aura valu de rentrer dans le langage commun avec un mot que tout le monde connaît : le sadisme. Pas très Manif pour Tous  🙂

Noble depuis 700 ans, la famille de la Croix de Castries aurait participé aux Croisades. Henri, fils de militaire, petit-fils du ministre de la Défense Pierre de Chevigné, a épousé Anne Millin de Grandmaison, sa cousine, comme lui descendante de René de la Croix de Castries, “Duc de Castries”, dont il a repris le titre.

Pour lire un portrait moins “à charge” d’Henri de la Croix de Castries, c’est ici

La voie royale

Henri de Castries a suivi le parcours de jeunesse absolument parfait pour un membre de l’élite française : enfance dans le XVIe arrondissement, scoutisme, Lycée Stanislas (6e arr.), HEC (diplômé en 1976), ENA (promotion Voltaire avec Ségolène Royal, Dominique de Villepin et François Hollande, qui sera son camarade de chambrée plus tard à l’armée).

Le blues du businessman

Henri de Castries, 62 ans, a réussi une carrière de tout premier plan dans le monde de l’entreprise et a refusé en 2007 de devenir le ministre de l’économie de Nicolas Sarkozy. Il peut en effet paraître dérisoire de vouloir se lancer en politique quand on excelle à ce point dans les affaires. Il semblerait que François Fillon l’ait convaincu. Son pedigree vaut le coup d’oeil :

  • Après 9 ans à l’inspection des Finances, il intègre AXA, deuxième assureur mondial. Il gravit les échelons jusqu’à être nommé président du directoire en 2000, puis PDG en 2010. Poste qu’il a quitté le 1er septembre 2016.
  • Administrateur chez Nestlé, 30e entreprise mondiale en termes de chiffre d’affaires
  • Administrateur chez Hong Kong & Shangai Banking Corporation (HSBC), 6e entreprise mondiale, et classée parmi les “banques systémiques”, too big to fail

Think tank, fondations et Bilderberg

Au-delà de son patrimoine familial et financier, Henri de Castries est un homme de réseaux et d’influence. De par ses positions, il a su mener une campagne de levée de fonds extrêmement efficace pour François Fillon, d’environ 3 millions d’euros à ce jour. Il est également membre de plusieurs des cercles parmi les plus prestigieux de France et du monde :

  • Président de l’Institut Montaigne. Un think tank créé en 2000, qui regroupe des cadres d’entreprises, de hauts-fonctionnaires, des universitaires et des représentants de la société civile qui débattent sur les enjeux de politique publique à long terme.
  • Ancien administrateur du Louvre. Un poste symbolique mais qui en dit long sur les cadeaux, titres et fonctions que l’on peut obtenir dans l’entre-soi du gotha.
  • Enfin, et c’est là que les complotistes et anti-complotistes de tous bords vont s’écharper, Henri de Castries est le Président du Bilderberg depuis 2012, ce groupe d’influence totalement opaque qui réunit chaque année environ 150 des actuels et futurs décideurs du monde. Le Bilderberg tient son nom de l’hôtel des Pays-Bas dans lequel a eu lieu sa première réunion en 1954 et, pour le décrire, le magazine Challenges utilise ces termes : “Depuis que, dans les années 70, les médias ont découvert l’existence de ces conférences d’une super-élite, dont on ne savait qui étaient les membres ni ce qu’ils faisaient, les spéculations n’ont cessé sur ce cénacle, soupçonné d’être une sorte de directoire occulte de maîtres du monde qui gouvernerait la planète à huis-clos, hors de toute légitimité démocratique”. Pour ma part, je ne crois pas aux “maîtres du monde qui se réunissent en secret”. Je parlerais plutôt du “lobbying de l’entre-soi”.

De la Croix de Castries, de surcroît de la caste

Extrêmement fortuné (même s’il est difficile de trouver des infos fiables pour obtenir un chiffre global sur ce point), Henri de Castries a longtemps fait partie du Top 10 des patrons français les mieux rémunérés de l’Hexagone. Rien que chez AXA, il possède 1,5 millions d’actions (valeur : 29,7M) et 3,1 millions d’options (difficilement estimables). Il devrait toucher 12,5 millions de prime de départ puis 1 million par an de “retraite chapeau”.  Un patrimoine qui lui permet de faire partie des mécènes du scoutisme de France, ainsi que d’être l’heureux propriétaire du château de Gâtine, en Anjou. A côté de lui, François Fillon et son manoir font pâle figure.

L’affaire PanEuroLife, un non-lieu et des questions

Avec son prédécesseur chez AXA et père spirituel Claude Bébéar, ainsi que 40 autres prévenus, il passe la décennie 2000-2010 mis en examen, avec l’épée de Damoclès de la justice au-dessus de la tête. En cause, l’affaire dite “PanEuroLife”. Une société d’assurance-vie soupçonnée d’avoir été au centre d’un vaste réseau d’évasion fiscale et de blanchiment de la France vers le Luxembourg. Malgré tous les éléments à charge, le parquet et le juge d’instruction René Grouman ont décidé de plaider le non-lieu général. Dont acte.

Un autre monde

Cet article peut sembler totalement orienté, visant à décrédibiliser un homme formidable. Je le conçois. Ce n’est pas le cas. Il s’agit juste de présenter des faits qui dressent le portrait d’un homme sans aucun doute très compétent mais totalement coupé du monde réel. Quand on passe sa vie dans le luxe, les avions et les salons, et que l’on propose à l’opposé toujours plus d’austérité aux petites gens, c’est un moindre mal.

Matthieu Le Crom

 La page facebook de l’auteur : Perspicace

Crédits photos : Cette image, postée sur Flickr a été ajouté sur Wikimedia utilisant https://commons.wikimedia.org/wiki/User:Flickr_upload_bot le 7 septembre 2009, par Zil. Elle est libre de droit selon les conditions de la licence : https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0/. Tous les crédits et droits réservés sont attribués à MEDEF.